BARRAGES Le Fola vient de vivre un match fulgurant d’émotions, face à Canach (4-3 ap). Retour sur un trop-plein de sentiments avec les quatre buteurs. Dont celui de la 96e minute, Momo Camara.
Premier but (1-1, 44e)
Jules Diallo : «Alors oui, j’ai pleuré!»
«Je suis au travail, là. J’avais pris un jour de congé, mais comme ce matin, je n’arrivais pas à dormir, que je ne pensais qu’au match, je suis quand même venu. Et là… et bien, je regarde le résumé. Ça me fait du bien. Je regarde le 3-3 encore et encore. C’est la sixième fois! Franchement, cette victoire, c’est mieux qu’un titre. Le jour du titre, en 2021, je n’avais pas pleuré. Il y avait beaucoup trop d’émotions. Avec tous ces rebondissements, c’était digne d’un film hollywoodien. Des trucs, dans le foot, j’en ai vécu beaucoup avec ce club : Ararat (NDLR : en Coupe d’Europe, le Fola menait 3-1 en entrant dans les arrêts de jeu avant de prendre deux pénalties et de s’incliner en prolongations), mais aussi le F91 la saison passée (NDLR : en Coupe, avec une défaite 4-5 dans un chassé-croisé d’anthologie) et ça ne tombait jamais de mon côté! Alors oui, j’ai pleuré, surtout en voyant mon pote Julien Klein, qui est malade, nous rejoindre pour faire la fête, mais je ne veux pas passer pour une petite nature. C’est un gars qui a une grande place dans le vestiaire. Le simple fait de le voir, avant la prolongation, nous a donné la confiance parce que qu’on voulait le faire pour le club et pour lui.»
Deuxième but (2-1, 53e)
Issam El Alami : «C’est LÀ que tu dois la mettre»
«Ce match, c’était du stress, beaucoup de stress, du bon stress, la boule au ventre. Vous me dîtes que mon but est le plus beau des quatre? Mais non, la tête, cette tête en lucarne, sur laquelle Momo se jette et casse les filets, il est cent fois plus beau que le mien! Moi, à ce moment-là, j’étais sorti et… Non, attendez, j’étais encore sur le terrain en fait. Je ne me rappelle même pas. En fait, c’est pour le quatrième que j’étais sur le banc et que je pensais que j’allais faire une crise cardiaque. Non, pour le but de Momo, j’étais encore sur le terrain et d’ailleurs, je lui ai dit quand il est passé : « si tu dois en mettre une, c’est maintenant. C’est LÀ que tu dois la mettre« .»
Je comprends ceux qui disent que c’est plus fort qu’un titre parce que ça, c’était une question de survie. Et moi qui ai été gêné par plusieurs blessures ces deux dernières années, avec des gens qui ont été si patients, je voulais rendre ça par un but, même après mon gros raté une minute plus tôt (NDLR : seul à un mètre du but, il avait trouvé la barre). J’étais choqué, mais je me devais de rester calme. Quand je pense que juste avant ma prise de balle, sur le but, Jeridi me dit de lui laisser le ballon…»
J’étais sur le banc. Je pensais que j’allais faire une crise cardiaque
Troisième but (3-3, 90+6)
Momo Camara : «Pour toujours dans mon coeur»
«C’est moi qui suis au marquage sur le troisième but de Canach, à la 93e minute. Avant le match, le coach m’avait dit qu’il y a en face un mec de deux mètres (NDLR : Cheikh Tidiane Samb) et que je dois le prendre. Et on prend le but dans les arrêts de jeu. Et là, je me dis « c’est moi, c’est ma faute, je vais les faire descendre« . Eux, ils défendaient en zone sur phases arrêtées, mais de fait, le grand de 2 m, je le retrouvais toujours en face de moi. Or là, à la 96e minute, Manu (NDLR : Cabral, le gardien) monte et je lui demande de me laisser un espace libre que j’ai repéré devant moi. Il me dit « d’accord« … et là, c’est un moment incroyable parce qu’on voit bien qu’en plus de nous offrir une demi-heure de plus, pour eux, en face, c’est un coup de massue.
Quand je pense que l’année dernière, je jouais déjà un barrage avec Merl et le coach d’en face (NDLR : Franck Rinaldo, avec qui il avait battu le CS Oberkorn, 1-3)… Stefano Bensi m’a dit aux vestiaires que ce match-ci, je le garderai pour toujours dans mon cœur et dans ma tête. Et qu’il serait aussi pour toujours dans la tête des fans. Je crois qu’il a raison.»
Quatrième but (4-3, 119e)
Kevin Quinol : «Vous avez pris 10 centimètres»
«On a eu le temps de se dire que c’était fini, qu’on allait tomber. Oh pas longtemps, à peine deux minutes, mais moi, à 3-2, je n’y croyais pas. Je me disais que c’était impossible, que ce qui était en train de se passer ne pouvait pas être vrai. Mais on a directement balancé devant et ils n’ont plus vraiment eu le temps de s’en sortir. Et sur le coup-franc de la 96e minute, je suis juste derrière Momo. Mais pourtant, je suis le dernier à aller le féliciter parce que je cours vers le but, pour aller chercher le ballon et le ramener dans le rond central, en espérant qu’on ait encore le temps de mettre un quatrième. Et puis je me rends compte que ce ne sera pas possible et je suis le dernier, finalement, à aller le féliciter.
Mais après ça, je ne voulais pas aller aux pénalties. Je ne voulais pas tirer. Je ne les rate pas à l’entraînement et j’aurais sûrement fait partie des cinq, mais non, j’avais trop peur. Je me disais qu’il fallait marquer et, là, sur ce ballon en profondeur, je tacle. Je vois qu’elle va dedans, mais qu’elle ralentit. C’est pour ça que je me relève vite : pour aller la pousser au fond si jamais ça ne suffit pas. Mais si, ça suffit!
Pour beaucoup de jeunes du club, ce match, ça va être le début de quelque chose. Le coach l’a dit aux vestiaires : « vous avez vieilli de dix ans ce soir, vous avez pris 10 centimètres.« »