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Davantage de places dans les trains frontaliers


Plus de 120 000 Français travaillent au Luxembourg, un chiffre en constante augmentation. (photo Julien Garroy)

Mobilité, fiscalité, formations, sécurité : la coopération transfrontalière «avance» dans de nombreux domaines, assure l’ambassadrice de France au Luxembourg.

Il y a tout juste un mois s’est tenue à Thionville la 7e réunion de la Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise pour le renforcement de la coopération transfrontalière (CIG). Cette instance créée en 2010 a pour but d’«assurer la bonne coordination des politiques publiques» des deux pays afin de faciliter le quotidien des frontaliers. Début 2023, ce sont en effet plus de 120 000 résidents français qui travaillaient au Luxembourg, un chiffre en constante augmentation qui challenge les autorités franco-luxembourgeoises.

Sans surprise, la mobilité transfrontalière a donc été au centre des discussions de cette nouvelle réunion, avec un accent tout particulier sur les transports collectifs et durables. Le ferroviaire bénéficie à cet égard d’un allongement d’investissement, lequel s’élèvera désormais à 440 millions d’euros, financé à parité entre la France et le Luxembourg, afin d’augmenter la capacité des trains.

Une affaire en bonne voie, selon le compte rendu du CIG : les travaux d’allongement des quais côté français (qui devraient être terminés à la fin de l’année) et l’installation de nouvelles rames vont permettre dans un premier temps de passer de 8 000 à 14 000 places assises par jour et par sens lors des périodes de pointe.

«D’ici 2030, grâce, entre autres, aux aménagements en faveur du fret, on pourra atteindre 22 000 places assises», a annoncé l’ambassadrice de France au Luxembourg, Claire Lignières-Counathe, au cours d’un déjeuner avec la presse destiné à faire le point sur la réunion du CIG.

«Nous avons également évoqué au cours de cette réunion des projets de voies de bus à haut niveau de service (BHNS) transfrontalières, par exemple entre Hettange-Grande et Frisange. L’idée est d’emprunter les départementales», a ajouté Claire Lignières-Counathe, qui espère aussi que le covoiturage se développe davantage, voire les transports organisés par les entreprises elles-mêmes, qui se chargent de récupérer leurs employés pour les amener directement sur leur lieu de travail. Afin d’inciter les automobilistes à délaisser leur véhicule, deux parkings-relais, («payants», a confirmé l’ambassadrice) verront en tout cas le jour en 2024 et 2025, en gares de Longwy et Thionville. Ils viennent s’ajouter à celui de Thionville-Metzange, inauguré en juillet dernier.

Quelques gouttes d’eau dans la mer ? «C’est vrai que si le flux du nombre de travailleurs frontaliers continue d’augmenter, cela risque d’être insuffisant. Tout n’est pas rose, mais on essaie de prendre en main les sujets. On avance», s’est défendue Claire Lignières-Counathe.

Le télétravail à 34 jours acté

Autre dossier sur la table de ce 7e rendez-vous : le télétravail, dont le seuil de tolérance fiscal a été relevé de 29 à 34 jours. Un cadeau de la France, a laissé entendre l’ambassadrice, puisque le manque à gagner en termes de recettes potentielles pour ces cinq jours supplémentaires de télétravail est estimé à 44 millions d’euros. «Il ne s’agit pas d’un seuil infranchissable, mais celui à partir duquel une autre règle s’applique», a précisé Claire Lignières-Counathe. Pas question d’augmenter le télétravail «sans fin», a-t-elle cependant insisté, sans quoi, «la convention fiscale, qui est un principe de l’OCDE, perd son sens». Les employeurs luxembourgeois seront donc tenus d’informer le fisc français du nombre de jours télétravaillés pas leurs employés français.

Par ailleurs, des groupes de travail ont été mis sur pied à l’issue de la réunion du CIG, l’un pour l’environnement, qui aura pour mission de réfléchir aux sujets liés aux dépôts de déchets des deux côtés de la frontière; l’autre pour faciliter l’accès aux soins de proximité. Un observatoire de données de santé, de surveillance et d’alerte dans les bassins de vie frontaliers de la région Grand Est et du Luxembourg sera d’ailleurs mis en place à l’avenir pour mieux anticiper les épidémies et les questions liées à l’offre de santé de chaque versant de la frontière, «pour éviter les doublons de spécialistes notamment», a indiqué Claire Lignières-Counathe.

Enfin, l’ambassadrice s’est félicitée de l’avancement de la coopération franco-luxembourgeoise en matière de sécurité, notamment en vue des Jeux olympiques, «des délégations étant susceptibles de venir par avion au Luxembourg, et des lieux d’entraînement étant situés près de la frontière». Des contrôles conjoints et des patrouilles mixtes (françaises et luxembourgeoises) vont donc prochainement être mises en place dans les gares et les trains, ainsi que sur les routes et autoroutes transfrontalières, pour «une action plus efficace». Le cadre juridique de la coopération policière et douanière sera également renforcé.

La prochaine commission intergouvernementale se tiendra au Luxembourg en 2024.