Le commerce international, considéré comme un facteur de croissance économique, reste désespérément morose, en raison de la situation dans les pays émergents et de la chute des prix dans les matières premières, selon les dernières estimations de l’OMC.
L’Organisation mondiale du commerce, qui publie deux fois par an ses prévisions sur l’évolution du commerce mondial, a une nouvelle fois mercredi révisé à la baisse ses chiffres attendus pour 2015. Désormais, l’OMC ne s’attend plus qu’à une croissance du commerce mondial de 2,8% en 2015, un chiffre bien inférieur aux 4% prévus en avril dernier, et aux 5,3% avancés en avril 2014.
Ces estimations sont publiées, alors que s’ouvre ce mercredi à Atlanta (USA) sans doute le dernier round pour boucler l’accord de libre-échange trans-pacifique (TPP), après des années de discussions. Il s’agit de mettre en place une zone de libre-échange représentant 40% du PIB, ce qui devrait booster le commerce.
«L’image reste très sinistre», a déclaré Philippe Waechter, directeur de la recherche économique à la banque Natixis.
Au ralentissement économique dans les pays en développement et en Asie, et à la chute des prix des produits de base, il faut ajouter le fait qu’il manque toujours «une locomotive» dans le monde qui puisse tirer la croissance, a-t-il ajouté en substance.
Mercredi, les économistes de l’OMC ont pointé du doigt trois facteurs essentiels expliquant cette morosité : «un ralentissement économique plus fort que prévu dans les pays en développement et les pays émergents, des risques de déstabilisation des marchés financiers suite à une éventuelle hausse des taux d’intérêt de la Reserve Federale et des coûts imprévus liés à la crise des migrants en Europe».
Pour l’année 2015, l’OMC table cependant sur une bonne performance de la région Amérique du Nord, qui devrait voir ses exportations en hausse de 4,4%. Concernant l’Europe, l’OMC table sur une hausse de 2,8%, derrière l’Asie (3,1%).
Du côté des importations, l’OMC prévoit des hausses de 2,9% (pays développés) et 1,8% (pays en développement). L’an dernier, le commerce mondial avait augmenté de 2,8%. Cette performance était en net recul par rapport aux années d’avant la crise de 2008, où le commerce augmentait en moyenne de 6% chaque année.
Les économistes de l’OMC ont surtout dû revoir leurs prévisions à la baisse en Asie. La croissance des exportations pour 2015 est évaluée à 3,1%, contre 5% prévu en avril. Les risques sont clairement baissiers, affirme l’OMC. Une reprise plus faible des importations des pays émergents pourrait coûter encore 0,5% de croissance du commerce mondial cette année.
Au cours du premier semestre de l’année 2015, la croissance du commerce mondial n’a progressé que de 2,3%. Si les prévisions de l’OMC se confirment, 2015 sera la quatrième année consécutive dans laquelle la croissance des échanges ne dépassera pas les 3%, pratiquement au même niveau que la croissance du PNB.
Dans les années 90 et au début des années 2000, le commerce mondial évoluait deux fois plus vite que la croissance du PNB.
Ouvrant le Forum public de l’OMC, prévu jusqu’à vendredi à Genève, son directeur général Roberto Azevedo a exhorté les gouvernements «à placer le commerce mondial sur une trajectoire plus robuste en prenant une série d’initiatives». Il leur a demandé en particulier d’adopter des décisions concrètes à la conférence ministérielle de Nairobi, qui aura lieu en décembre prochain.
AFP/M.R.