Sur sa chaîne YouTube «Lëtzebuergesch mam Leslie», Leslie Schmit propose des cours gratuits de luxembourgeois en français et en anglais, à écouter chez soi ou en voiture.
Tous ceux qui ont un jour tapé «apprendre le luxembourgeois» dans la barre de recherche de YouTube sont tombés sur la chaîne de Leslie Schmit, «Lëtzebuerg mam Leslie». Dans ses vidéos d’une dizaine de minutes maximum, ponctuées de petites animations, la Luxembourgeoise de 32 ans propose gratuitement à tout un chacun d’apprendre les bases de la langue luxembourgeoise. Mais depuis un peu plus d’un an, la chaîne était en suspens. Une pause pour se mettre à jour aujourd’hui terminée : Leslie reprend du service, avec de nouvelles capsules et encore bien d’autres à venir.
C’est pendant la pandémie que cette passionnée des langues – elle parle le luxembourgeois, le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol, possède des notions en japonais, en italien et en portugais, et compte se lancer dans l’apprentissage du féroïen! – a eu l’idée de faire des vidéos. D’abord pour pouvoir continuer à enseigner pendant le confinement à des élèves à qui elle faisait cours, avant de constater un manque de cours en ligne accessibles à tous. «Je voulais aider le plus grand nombre», confie Leslie.
« Une communauté très bienveillante »
Avant de poster sa première vidéo, elle avoue avoir été envahie par le trac. «Je ne voulais pas la publier! Je n’aime pas me mettre sur le devant de la scène.» Aujourd’hui encore, elle dit ne pas être très à l’aise devant la caméra et ne se montrer que le minimum. Par chance, elle n’est guère confrontée aux haters, ces spectateurs qui laissent des commentaires haineux. «À part de temps en temps des remarques déplacées de la part de certains hommes, j’ai une communauté très bienveillante, ce qui m’encourage à continuer. Il faut dire que le sujet de ma chaîne ne prête pas à polémique non plus.»
Très vite, le nombre de vues décolle. Mais au bout d’un an, face à l’ampleur que prend sa chaîne YouTube, Leslie décide de se mettre en retrait afin d’asseoir ses connaissances en matière de luxembourgeois et de méthodes didactiques et s’inscrit en master à l’université. «J’ai appris le luxembourgeois à l’école et c’est aussi ma langue maternelle, mais je n’en avais pas une connaissance approfondie. Quand on me posait des questions, parfois je ne savais pas répondre. Quand on est sur internet, les gens nous prennent pour des experts. Ce n’est pas le cas! D’ailleurs, malgré mes études, je ne suis toujours pas une experte comme peut l’être un linguiste avec 40 ans d’expérience!», reconnaît avec humilité la jeune femme. «Mais au moins, maintenant, je peux répondre aux questions que l’on me pose ou je dispose des ressources pour le faire.»
Apprendre le luxembourgeois à travers des petits reportages
De retour plus motivée que jamais et des idées plein la tête, elle propose désormais des vidéos «Spécial voiture», ainsi que des versions audio sur Spotify. Une idée inspirée par les commentaires des personnes qui la suivent sur YouTube. «Certains m’ont écrit pour me dire qu’ils écoutaient mes vidéos pendant leurs trajets en voiture. Moi-même, j’écoutais en boucle des phrases de japonais dans les bouchons, que j’ai fini par retenir à force de les entendre! Au lieu de perdre son temps, c’est l’occasion de faire des exercices d’écoute ou de prononciation. J’ai donc adapté le format.»
La plupart de ses spectateurs sont bien sûr des francophones, âgés de «20, 30, 40 ans. Pas vraiment les plus jeunes donc, mais des gens qui travaillent. Il y a également des réfugiés», commente Leslie, qui publie aussi désormais des vidéos destinées à un public anglophone.
Chaque vidéo lui demande au moins trois ou quatre heures de travail. Une activité chronophage qui, indique-t-elle, n’est pas rémunérée : malgré ses quelque 11 000 abonnés et 500 000 vues, la youtubeuse n’a pas encore monétisé ses vidéos. «J’ai reçu un mail de YouTube m’informant que je pouvais le faire. Mais je ne me voyais pas avoir des pubs dans des capsules de grammaire de quelques minutes, qui viennent interrompre le spectateur dans son apprentissage. Bien que la plateforme en ait parfois ajouté d’elle-même! Pas question non plus de fermer tout le contenu et de le rendre payant. Je suis consciente que les gens qui suivent ces vidéos n’ont pas forcément les moyens de se payer des cours et ma priorité est d’aider.
«J’envisagerais peut-être la monétisation par YouTube pour un de mes futurs projets, ce qui me permettrait de faire tourner la chaîne», précise-t-elle. Dans un futur proche, elle devrait en effet proposer des petits reportages à travers le pays, dans un luxembourgeois accessible. «Ce sera un peu comme un vlog. Cela me permettra de me faire plaisir et de faire de belles images comme j’aime», annonce Leslie, également photographe à ses heures perdues.
Mais avant, Leslie doit terminer son master et soutenir son mémoire, cet été. Et une fois son master en poche ? Sera-t-elle enseignante pour l’État? Professeure de cours particuliers ? Youtubeuse ? Doctorante ? Rien n’est encore arrêté, sinon le désir de toujours suivre ses envies avec pour ligne directrice : aider les autres. «Impossible pour moi de faire un travail où j’attends impatiemment le moment de rentrer chez moi. Je veux savoir pourquoi je me lève, faire quelque chose qui me fait plaisir et me permet de me sentir utile.»
YouTube et Spotify : Lëtzebuergesch mam Leslie
Instagram : @letzmamleslie