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[Littérature] «Tsunami» : dans la tête du président


Marc Dugain a écrit un texte qui résonne avec la situation sociale que connaît le pays depuis le début de l’année. (Photo : Samuel Kirszenbaum)

Avec Tsunami, Marc Dugain propose, en près de 260 pages, une plongée vertigineuse dans la tête d’un président de la République jeune et milliardaire.

Un aveu : «Je n’ai aucune idée de la destinée de ce texte. Je dirais qu’il appartient plus au domaine de la chronique qu’à celui des mémoires». Puis, un peu plus loin, une confession : «Ce livre existe pour retrouver l’homme que ma fonction ne me permet plus d’être, afin que je puisse me confronter à une forme de vérité, sans les accommodements auxquels on cède si facilement. Je sais parfaitement mentir, mais je ne veux pas le faire ici parce que je veux pouvoir continuer à me laisser aller aux exigences de ma charge, qui m’oblige à composer avec la vérité».

Le personnage qui parle et écrit ainsi est jeune, la quarantaine, milliardaire et président de la République en France. Au fil des pages, pour dire et écrire, il utilise le «je». À la page 80, on apprend qu’il se prénomme Alexandre. Ce sera d’ailleurs la seule fois…

Il est le personnage principal et central de Tsunami, le nouveau et réjouissant roman de Marc Dugain, 65 ans, scénariste de BD, réalisateur de films et arrivé en littérature en 1999 avec un livre multiprimé, La Chambre des officiers.

«Il n’y a rien de prémonitoire dans mon livre»

«On a un président qui parle, à la première personne, de sa vie avec beaucoup de sincérité — ce qui est assez rare pour un président!», confie Marc Dugain. Le récit de trois semaines de la vie du chef suprême de la France. Rien de moins, en près de 260 pages, qu’une plongée vertigineuse dans la tête d’un président.

Et aussi un texte qui résonne avec la situation sociale que connaît le pays depuis le début de l’année, avec ces journées de mobilisation contre la réforme du système des retraites : «Il n’y a rien de prémonitoire dans mon livre, assure toutefois l’auteur. Je l’ai écrit voilà un an!».

«Son» président à lui a fait fortune, avec un ami, en créant une société qu’il a revendue à prix d’or à des Américains. Sa conseillère en communication, au hasard d’une conversation, lui suggère, lui qui n’a jusqu’alors eu aucun mandat électoral, d’envisager de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Par la société qu’il a vendue, il a l’expertise des personnes âgées et il peut séduire les jeunes pour qui le numérique n’a aucun secret.

À vrai dire, la politique, on devine vite que ce n’était pas trop son affaire… Il est marié, et avec sa femme, ils envisagent un enfant – c’est compliqué… Et puis, il se retrouve au palais de l’Élysée. Élu. Ça tient du miracle, de la magie, peut-être aussi du mirage.

Il a un grand projet, «sociétal» comme on dit aujourd’hui. Mais des affaires tordues surgissent. Sa conseillère en communication, Marion, a engagé pendant la campagne une jeune fille, Adèle, à la présentation impeccable. Détail : celle-ci est la dealeuse de Marion. Elle devient celle du président.

À chaque seconde, la possibilité d’un chaos

Un jour, retour d’Amsterdam où Adèle est allée «faire son marché», elle est contrôlée sur le quai de la gare par la douane. Ce qui peut se transformer en scandale va-t-il éclabousser le président? Une autre affaire menace : le couple présidentiel a recours à la GPA (gestation pour autrui) pour assouvir son désir d’enfant.

Dans ce palais byzantin qu’est l’Élysée, le président de Marc Dugain est confronté à chaque seconde à la possibilité d’un chaos. Bien intentionné, il souhaite aux Français(es) une vie plus douce.

Soucieux de l’environnement, persuadé que la solution n’est pas avec les entreprises qui pratiquent le «green washing», il envisage une loi sur l’indice carbone, avec taxations à l’appui (bonus fiscal pour celles et ceux qui respectent la règle). Ce projet déclenche la grogne, mais il maintient sa volonté de réformer un système politique et une société qui courent à leur perte. Il doit aussi composer avec cette broyeuse qu’est l’action de gouverner.

Malgré les apparences, il est seul, désespérément seul. Il ne peut que constater, face au tsunami qu’est l’exercice du pouvoir, que «tout ce qui ne marche pas dans ce pays remonte jusqu’à moi!». Aura-t-il alors les moyens pour endiguer ces vagues incessantes et folles?