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L’énergie de dire non

Enfin!», diront les écologistes allemands. Les trois derniers réacteurs nucléaires du pays vont s’éteindre pour de bon, samedi. Le déclenchement de la guerre en Ukraine avait prolongé leur vie de quelques mois. Mais les autorités de Berlin ont tenu la promesse d’Angela Merkel faite après la catastrophe de Fukushima. Certains crieront à l’hypocrisie en évoquant les mines de charbon à ciel ouvert qui nourrissent toujours d’immenses centrales polluantes pour alimenter le pays en électricité. Mais ces vestiges du XXe siècle disparaîtront aussi d’ici 2030. Une nouvelle ère est en train de s’ouvrir.

Le gouvernement du Grand-Duché ne pourra qu’applaudir cette décision allemande, lui qui se bat pour se débarrasser, non loin de ses frontières, des réacteurs vieillissants qui tendent, parfois, les relations avec la Belgique et la France. Pourtant, le combat s’annonce long (voire désespéré), pour que nos deux voisins abandonnent l’énergie nucléaire. En Belgique, les réacteurs de Doel 4 et de Tihange 3 ont été mis en service en 1985 et devaient être désactivés en 2025. Il n’en sera rien. Leur exploitation doit être prolongée peut-être jusqu’à la fin de l’année 2037. À Cattenom, en France, les quatre réacteurs ont été mis en service entre 1986 et 1992. Ils pourront produire de l’électricité au-delà de leur 40e anniversaire (après travaux), c’est déjà une quasi-certitude. Non, le Grand-Duché n’en a pas fini de poser ce problème sur la table lors de rencontres avec les représentants de nos voisins.

La transition énergétique se fera en ordre dispersé en Europe. C’est ainsi. Mais le combat continue. Car la France souhaite construire, en complément des centrales existantes, des réacteurs EPR de nouvelle génération, les EPR 2. L’objectif : améliorer l’indépendance énergétique du pays, mais aussi revendre l’énergie produite aux voisins. Ainsi, selon l’Institut luxembourgeois de régulation, le mix électrique vendu par les fournisseurs au Grand-Duché était composé à 7 % d’énergie nucléaire en 2021 (alimentant notamment l’industrie). À nous, aussi, de faire l’effort pour gommer le nucléaire définitivement de notre paysage.