Le portier niederkornois Sébastien Flauss gagne des points pour son équipe et tranquillise sa défense. Bingo pour le Progrès ?
Sa carrière luxembourgeoise, il l’avait entamée par une belle boulette en Irlande, contre les Shamrock Rover (3-0), qui avait précipité la chute des Niederkornois et leur élimination. Depuis, le natif de Forbach s’est plutôt très bien repris. Il dirige la meilleure défense de l’élite et plane sur le classement des meilleurs gardiens du pays.
Si le Progrès est aujourd’hui 5e de Division nationale plutôt que 7e ou 8e, c’est un peu à Sébastien Flauss qu’il le doit. Alors oui, on n’est pas du tout dans le même rapport «buts marqués – points pris», dont peuvent se prévaloir certains avant-centres du pays, mais à son échelle, le portier, recruté cet été à Neunkirchen, a déjà fait le job. Tout compte fait, il a déjà gagné deux points à lui seul sur les huit premières journées. En restant vigilant sur les deux énormes occasions de la Jeunesse dans le duel ultrafermé de la 1re journée (0-0). En faisant échec à l’attaque du Fola samedi soir (1-1) avec deux parades de grande classe. Et encore, on ne lui compte pas deux points pour ses arrêts décisifs face à Rumelange, qui n’était pas si loin de mériter le nul le 20 septembre (2-0).
Flauss, c’est donc peut-être LA très bonne pioche du marché. Pour le Progrès, bien sûr, mais peut-être aussi pour la Division nationale. On parle beaucoup moins de lui que de ceux qui nous ont marqués depuis début août, les Dikaba (F91), Pinna (Hamm), Menessou et N’Diaye (Jeunesse), mais il fait au moins autant de bien à son club, qui souhaitait se doter d’un vrai patron au poste. «Il bosse comme un fou et il aime ça, nous a dit Olivier Ciancanelli, son coach. C’est un généreux dans l’effort.» Mais pour mieux mesurer les bienfaits de cette arrivée, nous sommes allés demander son avis éclairé à l’homme qui s’en occupe quotidiennement, Felipe Machado, coach des gardiens du Progrès.
Sa boulette irlandaise : «Ce n’est pas sa faute, l’élimination»
«Il l’a tout de suite encaissée, cette boulette. Lui qui a une aisance sur les prises de balle a voulu capter le ballon sous un temps très maussade (NDLR : il pleuvait dru et il y avait beaucoup de vent. Le joueur avait avoué la veille que ce dernier paramètre le dérangeait particulièrement) et elle lui file sous les mains. Je lui ai redit que l’élimination n’était pas de sa faute. Ça l’a un peu travaillé au début, mais bon…»
Son mental : «Il est un peu comme Joubert»
«C’est quelqu’un d’assez décontracté. Il a une aisance que je n’ai jamais vue. Il est sûr de lui et de sa force. Je pense qu’il est un peu comme Joubert. Calme, même quand son équipe souffre.»
Son jeu au pied : «Le coach a horreur de ça!»
«Il essaye de jouer un maximum au pied à l’entraînement. Il aime ça, il ose beaucoup, même sous pression. Il ne va jamais balancer tout de suite. Ou alors il va faire semblant pour chercher une solution sur un côté une fois que l’attaquant a mordu à sa feinte. On le voit d’ailleurs souvent solliciter le jeu très haut sur le terrain. Moi, au début, ça me faisait peur, mais maintenant ça va. C’est à moi de calmer « Oli » quand il le fait. Parce que le coach a horreur de ça!»
Sa technique de main : «Elle est fantastique»
«Elle est fantastique. Même quand il s’agit d’un ballon compliqué, il essaie de la prendre et de ne surtout pas la relâcher.»
Ses consignes : «Il sait diriger sans faire un roman»
«Il parle peu, juste et c’est toujours correct. Il sait diriger sans faire un roman. En Allemagne, avec un jeu très direct, il avait l’habitude de jouer plus haut et d’orienter beaucoup sur le terrain. Du coup, chez nous, quand il parle, les joueurs savent qu’il faut lâcher le ballon.»
Son école : «Plutôt allemande»
«Il a grandi en France, mais beaucoup joué en Allemagne. Je dirais que son jeu, c’est plutôt l’école allemande. Il joue haut, est doué au pied et dans le jeu aérien. D’ailleurs, quand il crie pour y aller, même Bouzid s’écarte. Il n’a pas l’air costaud comme ça mais quand il y va, tout le monde s’écarte. On peut être certain qu’il va l’avoir et du coup, il vaut mieux déjà se positionner pour offrir une solution de relance.»
Ses un contre un : «Ça aussi, c’est très allemand»
«Il essaye toujours de rester debout le plus longtemps possible. Désormais, c’est très important, parce que tout le monde sait faire le petit crochet qu’il faut pour amener le gardien à terre. Et il arrive à rester systématiquement le plus près possible du joueur pour lui chiper le ballon. Ça aussi, c’est très allemand comme façon de faire.»
Ses points faibles : «Il peut devenir le meilleur»
«Difficile à dire. Il a très peu de lacunes. Je dirais qu’il doit progresser sur le fait de moins s’énerver pour un ballon raté, même à l’entraînement. Mais je pense qu’il peut devenir le meilleur gardien de but du Luxembourg cette saison.»
Julien Mollereau