Révélation wiltzoise de la phase aller, l’attaquant belge n’a marqué que deux penalties depuis la reprise. Mais il reste prépondérant.
Si la persévérance devait avoir un visage, alors ce pourrait être celui d’El Hassane M’Barki, qui a offert sur penalty la victoire à Mondercange contre Hostert le week-end dernier, 20 minutes après en avoir manqué un face à Sebastian Grub. Mais si la persévérance devait avoir un visage ET des cheveux longs, alors l’attaquant wiltzois Benjamin Romeyns ferait une égérie crédible.
Lui aussi a loupé un péno, le 19 mars lors de la victoire nordiste au Racing (0-1, 21e j.), alors que le score était de 0-0. Mais lui aussi s’est aussitôt remis en selle ou presque, ouvrant d’emblée le score dans cet exercice lors de la journée suivante contre Strassen, le 29 mars, et montrant ainsi la voie du succès à ses équipiers (2-1, 22e j.).
Si son coach et compatriote David Vandebroeck a apprécié sa prise de «responsabilités», lui y a vu quelque chose de très naturel : «Quand tu es attaquant, tu te dis qu’un penalty, c’est beaucoup de chances de faire des stats, or les stats, après la victoire, c’est le plus important». Dans ce registre, ce but n’avait rien de superflu, pour un garçon qui a facturé 8 buts lors de la première partie de saison, mais n’a inscrit que son deuxième but de la phase retour.
Les buts, c’est comme le ketchup
Son second penalty de la phase retour, en l’occurrence : dans le jeu, Romeyns n’a pas planté en 2023, matches de préparation compris. Ce n’est pas faute d’en avoir eu l’opportunité : hormis contre Strassen où il a été remplacé à 7 minutes du terme, le Belge a disputé tous les matches en intégralité depuis la reprise de février. Le signe que son influence dans le jeu wiltzois ne se limite pas qu’à ses buts.
«Il travaille beaucoup, court beaucoup pour l’équipe et fait partie intégrante du système mis en place, confirme David Vandenbroeck, satisfait par ailleurs de constater que d’autres peuvent prendre le relais face au but. Il sort toujours complètement rincé de ses matches, je suis d’ailleurs curieux de connaître ses données kilométriques. On aimerait le voir marquer plus, mais il fait le job qu’il doit faire.»
Son job? «Le travail de pressing, les courses qu’il fait pour libérer des espaces pour ses partenaires, traduit le technicien. Il est important aussi sur les coups de pieds arrêtés défensifs, où il figure parmi nos trois meilleurs joueurs de tête au marquage. Tant qu’il se bat, empêche les défenseurs de relancer, nous aide défensivement, je suis content.»
Autrement dit, pas de pression : Vandenbroeck et Romeyns ont beau ne pas connaître cette expression popularisée par Cristiano Ronaldo qui veut que «les buts, c’est comme le ketchup, quand ils arrivent, ils viennent tous en même temps», l’un comme l’autre la valident totalement.
«Le jour où il va avoir le déclic, il va les empiler», veut croire le premier. «Si un but revient dans le jeu, la machine sera relancée», paraphrase le second, dont son entraîneur tient à rappeler qu’il n’a que 21 ans (22 en mai). Et qu’il est donc perfectible.
Prolongation en vue, monde pro en tête
Ce d’autant que le Carolo, formé au Sporting Charleroi, ne connaît à Wiltz que sa première saison comme titulaire après avoir essentiellement joué les jokers à La Louvière, où il était «souvent remplaçant» et «(grattait) 20-25 minutes par match» (29 apparitions, 8 buts) à La Louvière, le tout en D2 ACFF (D2 amateur, soit l’équivalent de la 4e division belge), un championnat auquel la BGL Ligue, qui l’a «agréablement surpris», est «largement supérieure».
Comment expliquer une telle adaptation à l’élite du foot grand-ducal? «Je suis arrivé dans une équipe dont la moitié des joueurs ont changé, il y avait beaucoup de nouveaux donc l’acclimatation s’est vite faite, avance ce fan de Premier League et de Manchester City. Le club m’avait aussi dit que c’était un championnat taillé pour mes qualités. Et puis, je marche à la confiance : dès mon deuxième match, contre Rosport, j’ai marqué une frappe du gauche de 25 mètres, j’étais lancé.»
En dehors d’un petit coup de mou de quelques semaines à l’automne, réglé par un doublé en sortie de banc face au Fola (5-1, 11e j.) qui a lancé une fin de phase aller canon pour lui (4 buts et 2 passes décisives lors des 5 dernières journées), le n° 88 wiltzois ne s’est plus arrêté, depuis. Jusqu’où ira-t-il? À court terme, la question est tranchée : à Wiltz, où il a «tout ce qu’il faut» et s’apprête à prolonger.
À moyen terme, celui qui exerce la profession d’assistant social à Martelange, au Luxembourg belge, ne se fixe aucune limite. «Ma situation ne me déplaît pas, convient-il, mais aller dans le monde pro, ça me ferait encore plus plaisir.» S’il pense d’abord collectif, relégant sa «disette» personnelle derrière le fait que «l’équipe tourne mieux que dans la première phase», Romeyns le sait : le meilleur moyen d’y parvenir reste de faire des stats. Et quel meilleur moment pour les gonfler que ce derby du nord contre Etzella?