À tout juste 24 ans, ce jeune chocolatier vient de s’installer au Luxembourg et veut faire découvrir toutes les subtilités du chocolat à travers une série d’ateliers participatifs. Nous y étions !
C’est dans le pop-up store d’Esch-sur-Alzette que nous avons rendez-vous ce samedi après-midi (le 1er avril dernier) avec Gabriel Mjahed pour «parler chocolat». Difficile de manquer son stand dès l’entrée dans les locaux : des dizaines de lapins et de poules en chocolat attirent immédiatement le regard.
Le jeune Français de 24 ans vient tout juste de s’installer au Luxembourg, à Pétange plus précisément, pour se lancer à son compte, après de rapides passages chez Oberweiss et Genaveh, qui l’ont conforté dans son idée : créer sa propre entreprise. Il faut dire que Gabriel a de l’expérience, malgré son jeune âge : c’est lors d’un CAP pâtisserie qu’il se prend de passion pour le chocolat et décide de poursuivre dans cette voie, lui le «garçon turbulent» qui ne se voyait pas faire d’études.
Des ateliers jusqu’à fin mai
Formé auprès des plus grands maîtres chocolatiers français (Henri Le Roux, Nicolas Cloiseau ou encore Olivier Bajard), il ne compte alors plus ses heures de travail et voyage à l’autre bout du monde pour approfondir ses recherches. Un parcours qui l’a mené jusqu’au Luxembourg, où il s’est installé il y a quelque temps. «Il y a une place à prendre ici, en tant que chocolatier, notamment pour des créations originales», souligne-t-il (voir l’encadré ci-dessous).
Pour se faire connaître et partager sa passion, Gabriel a décidé d’animer des ateliers chocolat, à Esch-sur-Alzette, jusqu’à la fin du mois de mai. À l’approche de Pâques, nous ne pouvions pas manquer cette occasion. Au programme : découverte de l’histoire du cacao, création de tablettes à emporter chez soi et dégustation.
Nous prenons place aux côtés de trois autres aficionados, salivant d’avance devant tous ces chocolats divers et variés. Très vite, nous comprenons que Gabriel sait de quoi il parle. Le jeune homme détaille, photos à l’appui et yeux qui pétillent, son voyage de près de six mois au Mexique pour apprendre à reconnaître les différents types de fèves de cacao, développer davantage de notes aromatiques, créer sa propre recette… «Je veux vraiment que les gens ouvrent les yeux sur ce monde qu’on ne connaît pas vraiment», explique-t-il en faisant goûter quelques fèves à ses invités.
Les voyages font partie intégrante de son métier, détaille-t-il. Au-delà de ses formations, Gabriel explique ainsi vouloir poursuivre sa découverte du chocolat aux quatre coins du monde : il s’envolera pour l’Équateur au mois de juin, afin d’y découvrir encore de nouvelles saveurs. Le jeune homme précise également qu’il ne travaille qu’avec de petits producteurs locaux, qui n’exploitent pas leur personnel et respectent ses valeurs.
«Mon laboratoire à Pétange est trop petit pour l’instant, donc je crée mon chocolat dans d’autres pays et le fais importer ici. J’essaie de ne proposer que des produits de pays que j’ai sillonnés moi-même», souligne-t-il. Mexique, Madagascar, Guadeloupe ou encore Martinique, Gabriel apporte un petit vent d’exotisme au Grand-Duché, qu’il nous partage avec envie.
Une «route sensorielle»
Après cette première partie «évasion», place à la pratique : il est temps pour nous de confectionner nos propres tablettes de chocolat. Mais quel est le secret alors, d’un bon chocolatier ? «La patience», nous glisse en riant Gabriel, ajoutant : «Je ne le suis pas du tout d’ailleurs !» Car le secret pour faire un bon chocolat réside avant tout dans le maintien de la «courbe des températures». Un savoir-faire similaire aux «techniques du bâtiment», nous explique le chocolatier, qui consiste à faire descendre la température de son chocolat (mais pas trop non plus !) pour ensuite le mouler correctement.
Autour de la table, chacun s’attèle à tour de rôle, jusqu’à faire descendre la température du chocolat à 31 °C. «Tout se fait manuellement, c’est très important», souligne Gabriel en donnant quelques conseils techniques. Une fois ce stade terminé, place au moulage à l’aide d’une poche à douilles, au garnissage avec différents toppings (cacahuètes, marshmallows, etc.) et le tout part au frigo pour figer. Un vrai jeu d’enfants !
En attendant nos tablettes maison, place à la dégustation. Peut-on vraiment «déguster» des chocolats, nous direz-vous ? Eh bien, la réponse est oui. «Chaque chocolatier dispose de sa propre « route sensorielle » et de sa roue des saveurs», détaille Gabriel. Aspect du chocolat, odeur, craquement et goût en bouche, tout est divisé afin d’approfondir au maximum les notes aromatiques du produit. Comme un cours d’œnologie en somme, mais… pour le chocolat.
Là encore, le chocolatier français veut surprendre et propose cinq produits très différents les uns des autres. Nous nous prêtons rapidement au jeu et tentons de retrouver les saveurs disséminées dans les tablettes. Fruits rouges, pêche, voire fumé, le palais se laisse emporter aux quatre coins du globe. Une belle façon de redécouvrir le chocolat. De toute manière, vous l’aurez compris, avec Gabriel, il ne se mange pas, il se déguste ! Nous y penserons en savourant nos tablettes «faites maison» ce week-end.
Des «créations uniques»
Pour se démarquer, Gabriel Mjahed souhaite proposer des produits originaux, presque sur mesure, à ses clients. Une offre qu’il juge encore «inédite» au Luxembourg. «J’ai une cliente qui m’a commandé une montgolfière par exemple. C’est ce genre de projets que je veux développer ici, au Grand-Duché. Des créations uniques.»
Si, pour l’heure, il ne dispose pas de surface physique pour vendre ses produits, Gabriel propose ses chocolats et ses ateliers sur son site internet (chocolaterie-rg.lu) et diffuse également des contenus sur les réseaux sociaux. Il espère toutefois agrandir son laboratoire et ouvrir une boutique du côté de Differdange… Affaire à suivre.