La sélection nationale féminine est désormais entraînée par un UEFA Pro. Dan Santos vient de fêter son diplôme.
Christian Streich a promis de passer à Luxembourg pour que Dan Santos lui fasse visiter la ville. Le coach du 4e de Bundesliga a développé une forme d’amitié pour le sélectionneur national dames, qu’il a invité à manger à la fin de sa semaine d’observation en marge du match d’Europa League contre l’Olympiakos, en octobre 2022.
L’ancien coach de Beggen et Hamm n’est pas revenu d’Allemagne qu’avec des connaissances un peu plus approfondies sur son «métier» (il travaille toujours à la Spidolswaescherei). Dans le cadre du passage de son diplôme UEFA Pro, il a apprécié la «simplicité utilisée par Streich pour faire passer un message dans son vestiaire et conserver une structure familiale. Il a même refusé un jour de recruter un attaquant parce qu’il s’était mal comporté avec le public lors d’un match.»
Ainsi, depuis une semaine, le Luxembourg compte un «UEFA Pro» de plus. Depuis le décès tragique de Dan Theis, ils n’étaient plus que cinq à le posséder au pays : Luc Holtz, Jeff Strasser, Claude Origer, Jacques Muller et Alvaro Cruz. Pour une fois, ce sont les féminines qui vont en profiter.
On passe de 35 000 à 8 000 euros la formation
Douze ans que Dan Santos prépare ça. Il s’est élancé en 2011 dans le diplôme UEFA C alors qu’il était manager à Belvaux. Mais ne pensait pas pouvoir aller beaucoup plus haut que le A. Les limitations étaient trop nombreuses, outre celle, absolue, sectaire, résultant du fait que ce diplôme est réservé aux anciens pros et strictement à ceux-là. Trop chère, la France, où la formation coûte 35 000 euros. L’Allemagne? Guère mieux : 30 000 euros. Le Portugal? Des règles trop strictes. La seule option : la Belgique. Et c’est à l’issue d’un symposium animé par un formateur assez connu du milieu, Kris Vanderhaegen, que la solution est apparue d’un coup de baguette magique.
L’URBSFA, lors de chaque session, accepte vingt postulants «locaux», mais aussi deux «étrangers». Vanderhaegen, qui a aimé Dan Santos, avait déjà réservé une place à l’Autrichien René Marić, ex-adjoint de Marco Rose, notamment, à Mönchengladbach, Dortmund et Leeds. Il lui en restait une. Il l’a proposée à Dan Santos, qui a profité de cette aubaine miraculeuse, qui n’était qu’à… 8 000 euros. Pris en charge par la FLF, qui prend soin de la formation de ses entraîneurs, même si Santos, qui a décidé seul, s’est acquitté des frais de déplacement et de logement. «Mais sans la générosité de Paul Philipp, j’aurais dû ouvrir mon livret d’épargne!»
Il nous a expliqué les différences dans les méthodes de travail entre des entraîneurs comme Guardiola, Mancini ou Pellegrini
C’était parti pour deux ans d’allers-retours vers Tubize, le centre d’entraînement des Diables Rouges, où il a croisé Axel Witsel, qui venait passer dire bonjour à d’anciens coéquipiers, dont le plus célèbre d’entre eux, la tête de pont de cette promotion qui compte aussi Bertrand Crasson ou le coach de l’Union Saint-Gilloise, Karel Geraerts («Il m’a dit qu’Anthony Moris, c’était comme un onzième joueur tant il est bon au pied. Ils sont tellement contents de l’avoir») : Vincent Kompany, ancien patron de Manchester City et aujourd’hui sur le point de faire monter Burnley en Premier League.
Roberto Martinez attendait ses conclusions pour le Mondial
«Vincent Kompany nous a expliqué les différences dans les méthodes de travail entre des entraîneurs comme Guardiola, Mancini ou Pellegrini. Là, on est dans le top. Après, ils ne réinventent pas le football et ce qu’on fait ici, au pays, est très cohérent. Et il nous a aussi expliqué, ce qui, à son sens, fait la différence entre un bon joueur de Premier League et un très bon joueur. Comment lui, par exemple, dans un un contre deux, était capable de s’en sortir parce qu’il connaissait parfaitement chaque joueur qui menait ces attaques. Comment aussi, De Bruyne attend toujours le dernier mouvement du défenseur et est capable de changer l’orientation de son pied pour donner la passe qui ne peut pas être contrée… Qu’est-ce qu’il est gentil, humain…»
Après 300 heures de formation, des stages, des dossiers à monter (il a dû analyser les futurs adversaires potentiels de la Belgique si elle avait atteint la phase à élimination directe du Mondial-2022 et Roberto Martinez se serait potentiellement en partie appuyé sur ses conclusions si les Diables Rouges étaient allés plus loin au Qatar), Dan Santos a reçu son diplôme la semaine dernière, quelques jours seulement après Luxembourg – Portugal.
«J’en suis très fier. Je vais amener les filles manger quelque chose.» Puis il devra faire les efforts pour obtenir les 15 points nécessaires et collectables au fil des trois prochaines années, lors de semaines de formation, pour valider la reconduction de son précieux sésame. Histoire de laisser le Grand-Duché à six entraîneurs parmi les mieux formés du monde.