Les marchés mondiaux sont à la peine vendredi, surtout en Europe où les places boursières chutent de 2%, face au retour des craintes sur la santé financière des banques européennes, dont les actions subissent de lourdes pertes.
Le repli des principaux indices européens s’est accentué depuis l’ouverture : Paris cédait 2,26%, Londres 1,86%, Francfort 2,36% et Milan 2,54% vers 13 h.
Le secteur bancaire de l’indice élargi Stoxx Europe 600 chutait pour sa part de 4,81%, après une nette augmentation du coût de l’assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes. Deutsche Bank figurait parmi les plus touchées, avec une chute de 13,53%. Commerzbank perdait aussi 8,54% à Francfort.
L’outil de couverture de la dette de Deutsche Bank indique désormais une probabilité de défaut de la première banque allemande de 27,4% dans les cinq prochaines années. Cette probabilité est de 19,3% pour Commerzbank, selon l’agence d’informations financières Bloomberg.
Le coût de l’assurance en cas de défaut de paiement de la dette a augmenté pour la plupart des banques européennes, mais moins que pour Deutsche Bank. Si bien que pour Barclays et Société Générale, la probabilité de défaut se situe autour de 13%, selon ces outils.
À Paris, l’action Société Générale cédait 6,83%, la plus forte baisse de l’indice CAC 40, BNP Paribas perdait aussi 6,67%. À Londres, Barclays perdait 6,62% et HSBC 4,23%. Banco Sabadell chutait de 7,11% à Madrid, ING de 5,05% à Amsterdam et Nordea de 8,6% à Copenhague.
À Zurich, Credit Suisse chutait de 6,79% et UBS de 6,31%. D’après Bloomberg, elles sont visées par une enquête de la justice américaine et soupçonnées d’avoir aidé des oligarques russes à contourner les sanctions occidentales. Contactés, Credit Suisse n’a pas souhaité commenter l’information et UBS n’a pas répondu.
Wall Street devrait aussi ouvrir en repli, mais de façon plus modeste que les places européennes. Les contrats à terme des trois principaux indices de la Bourse de New York perdaient entre 0,6% et 1% vers 12 h 55.
« Qui sera le prochain »
« La peur d’une contagion » dans le secteur bancaire « n’a pas encore disparu », note Neil Wilson, analyste de Finalto, qui souligne le fort repli des actions des banques européennes vendredi, ce qui « pèse sur le sentiment général » du marché. « Comme je l’ai dit à plusieurs reprises au cours des deux dernières semaines, la crise ne s’arrêtera que lorsque les investisseurs cesseront de se demander qui sera le prochain », assène l’expert. « Et il semble que nous n’en soyons pas encore là. »
Signe de la nervosité des investisseurs, les obligations des États européens, des actifs jugés peu risqués, étaient très prisées. Le taux de la dette allemande à dix ans, qui varie en sens inverse du prix de l’obligation, chutait à 2,02% vers 12 h 50, contre 2,19% à la clôture de jeudi.
Les valeurs refuge comme le dollar, le yen et l’or étaient également recherchées. En revanche, l’euro chutait de 0,86% face au dollar, à 1,0738 dollar pour un euro.
« Il est clair qu’après un bref répit en début de semaine, nous sommes loin d’être sortis d’affaire », prévient Fiona Cincotta, analyste de City Index. « Alors que les taux d’intérêt continuent d’augmenter, les craintes concernant le secteur bancaire risquent de s’accroître ».
Les banques centrales des États-Unis, d’Angleterre, de Suisse et de Norvège ont en effet annoncé une nouvelle hausse de leurs taux directeurs, leur principal outil de lutte contre l’inflation. Cela « augmente la pression » sur les banques, selon Jochen Stanzl, analyste de CMC Markets.
Les prix du pétrole chutent aussi, ce qui est souvent signe que les investisseurs craignent une récession économique. Le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai perdait 4% à 72,87 dollars, tandis que le baril de WTI américain à même échéance reculait de 3,96% à 67,19 dollars vers 12 h 50.