Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
BGL LIGUE (18e JOURNÉE) Le président de Wiltz, Michael Schenk, grince des dents avec le passage annoncé à 18 joueurs (et 5 changements) sur la feuille de match. Et il se sent bien seul.
Pas opposé par principe au futur passage à 18 joueurs sur la feuille de match, flanqué d’une augmentation à cinq du nombre de changements sur un match, le président wiltzois a l’impression que le football luxembourgeois rate une occasion magnifique de revoir complètement son modèle de formation. Il a l’impression de prêcher dans le désert?
«Ce n’est pas grave : je n’ai pas peur de donner mon opinion et de me faire entendre.» Son reproche : certains veulent juste plus d’options pour faire des différences pendant les matches, sans penser du tout qu’ils pourraient se saisir de cette réforme à venir pour donner un coup de boost à la formation dans TOUS les clubs.
La plupart des dirigeants de club de la LFL disaient récemment qu’il y avait unanimité pour les changements annoncés dans nos colonnes, en début de semaine. Mais apparemment…
Michael Schenk : Mais je suis seul… Assez seul… Lorsqu’on était à la FLF pour la réunion parlant de ce sujet, j’avais parfaitement conscience que tous les coaches du pays étaient pour cette flexibilité. Et moi-même, je ne suis pas contre. Mais je me pose la question : niveau football, cela nous sert à quoi? Alors la question que j’ai posée était la suivante : ne faudrait-il pas inclure au moins deux joueurs formés au club dans cette liste des 18? Que serait un joueur formé au club? Cela reste à définir? Parce que moi, j’aimerais qu’on récompense la formation, que nos jeunes aient une carotte, pour l’identification.
Vous seriez pour remplacer le concept du sélectionnable, qui a perdu un peu de son sens depuis que plus de 80 % des internationaux évoluent à l’étranger, pour celui de joueur formé au club?
Voilà, oui. Pour qu’il y ait, aussi, une forme d’équité. Mais j’imagine qu’on n’arriverait jamais à un tel système parce que, justement, trop de clubs ont intérêt à ce que cela n’arrive pas. Ceux qui n’investissent pas dans leur formation. Alors qu’en Belgique, si je suis bien renseigné, il faut des joueurs formés au club sur la feuille de match. Et je prends un exemple. Un gamin qui vit à Bastogne, mais joue chez moi pendant des années, il me semble qu’il a beaucoup plus d’accointances avec le FC Wiltz qu’une première licence que je serais allé chercher à Esch. C’est le message que je veux passer : pour moi, il serait intéressant de changer le système, pas seulement cette règle.
Aligner nos jeunes? Moi-même, je ne le ferai pas si ce n’est pas obligatoire!
Mais vous pensez que l’opposition sera trop forte?
Je pense surtout que certains, par souci d’aller très vite dans cette réforme, ne veulent surtout pas se compliquer la vie avec de nouvelles choses. La réflexion, quand j’ai ouvert la bouche lors de cette réunion, a été « Oh non, on ne va pas encore réglementer, il y a déjà assez de lois comme ça ». Alors que, pourtant, si j’en entendais un seul nous dire qu’il est contre la formation, tout le monde saurait que sa réflexion ne tient pas la route et qu’il ne travaille pas pour le football luxembourgeois, mais contre. La FLF devrait être d’accord, en plus! Sinon, pas besoin de continuer à former les coaches des jeunes!
Pourtant, cette réforme passera en l’état, sans la réflexion que vous appelez de vos vœux.
Je pense que oui, cela va arriver.
Vous pourriez vous imaginer aller trouver votre coach, David Vandenbroeck, et lui dire : « Bon, tu as droit à 18 joueurs, mais, s’il te plaît, tu en prends deux formés au club »?
On pourrait le dire, mais je ne le ferais pas. Je ne peux pas forcer mon coach à prendre des joueurs. Concevoir le cadre, en début de saison, avec plein de jeunes, oui, mais pas le forcer avant un match. Et d’ailleurs, je ne suis même pas sûr que nous aurions nous-mêmes ce qu’il faut sous la main, à l’heure actuelle. On a une équipe réserve remplie de jeunes du club qui commence même à sortir des victoires contre des équipes de Division 1 en amical.
Mais de là à dire que ça suffit pour la DN. Seulement, c’est pour ça que je veux lancer le débat : parce que si on ne nous incite pas, personne ne le fera! Moi-même, je ne le ferai pas si ce n’est pas obligatoire. On ne va pas mettre des jeunes pour leur faire plaisir. Mais c’est une réflexion de base que je veux absolument lancer. Je veux penser à nos jeunes, quitte à remplacer le système des premières licences par celui des joueurs formés au club.
