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Bébé secoué : la défense rejette les aveux de son client


Thierry reconnaît avoir secoué sa fille de cinq semaines, mais ne parvient pas à expliquer son geste.

Le prévenu a reconnu son geste, le mime même à la barre, mais sa propre défense met en doute ses aveux. Une stratégie surprenante dans cette affaire de bébé secoué.

Thierry n’arrive pas à se départir de l’idée que son épouse a une aventure avec un autre. À tel point qu’à la naissance de leur deuxième enfant, il doute de sa paternité, explique l’expert psychiatre. Son épouse a beau le rassurer, il doute toujours. De son couple, de son amour, de son physique… Rien ne va plus. Quand le nourrisson pleure lorsqu’il est dans ses bras mais pas dans ceux de son épouse, il doute encore davantage. Le 31 décembre 2019, la petite fille de cinq semaines pleure encore. Il ne parvient pas à la calmer et la secoue. Les deux mains sous les aisselles, quatre doigts pour retenir la nuque. Deux ou trois fois.

L’homme de 37 ans avoue son geste à un médecin qui a pris sa fille en charge aux urgences de la Kannerklinik après l’apparition des premiers symptômes de ce qui apparaît être le syndrome du bébé secoué. Un geste qu’il ne s’explique pas et dont il connaissait les conséquences. Depuis, Thierry culpabilise. Il comparaissait hier matin face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Le 2 janvier 2020, le couple arrive aux urgences avec le nourrisson qui vomit sans arrêt. Le lendemain, le service de protection de la jeunesse de la police judiciaire est informé. Le père de famille a reconnu les faits à plusieurs reprises. Le rapport d’expertise légale vient appuyer ces aveux. Toutes les blessures – des hématomes sous-duraux, entre autres – et les anomalies du système respiratoire et sanguin ont amené l’experte à la conclusion que le bébé avait été secoué. Cependant, il lui est difficile de dater précisément les faits.

Des diagnostics différentiels existent, comme une malformation du cerveau ou des blessures à la naissance, mais la légiste les écarte dans le cas présent. «Il est impossible que cela n’ait pas été repéré lors des contrôles prénataux et postnataux. Je ne peux cependant pas l’exclure, même si les possibilités sont infimes», note l’experte qui écarte une chute ou un accident comme origine des blessures internes de l’enfant. Reste la possibilité d’une maladie du métabolisme qui peut entraîner les mêmes symptômes.

Actuellement, les capacités neurologiques de la petite fille sont bonnes, ce qui n’est pas le cas de ses capacités cognitives, selon le parquetier. L’experte indique qu’il n’est pas impossible que son état s’améliore au fil du temps, mais elle préfère se montrer réservée ne sachant pas si les blessures ont laissé des lésions ou non dans le cerveau de l’enfant.

Une situation ubuesque

Bien que son client soit en aveux des faits, Me Choucroun a demandé la nullité de cette expertise légale sous prétexte qu’elle n’a pas été réalisée par un neuropsychiatre et a requis une nouvelle expertise en début d’audience. Ce qui lui a été refusé par le parquet et le tribunal, qui ont estimé que les délais pour faire ce genre de requête étaient dépassés. «Pourquoi n’avez-vous pas demandé la nomination d’un contre-expert ou d’un co-expert durant l’instruction de l’affaire?», lui a demandé la présidente. S’est ensuivie une passe d’armes de plus d’une demi-heure entre les deux femmes.

Me Choucroun a fait citer un docteur en physique quantique français comme témoin à la barre. «Comme le prévenu, mon épouse et moi-même avons été soupçonnés d’avoir secoué notre bébé», explique-t-il. «Quelle est la pertinence de ce témoignage? Thierry a avoué les faits à plusieurs reprises», interroge la présidente. «Ce qui est considéré comme un aveu n’en est peut-être pas un», réplique l’avocate qui avance que dans un état de stress intense, «on est prêt à avouer n’importe quoi». Dans le box des prévenus, Thierry se lève et mime son geste.

Malgré cela, l’avocate de la défense et son témoin ne se rendent pas. «Il a fait des recherches sur le syndrome du bébé secoué dans le cadre d’une association», précise Me Choucroun. «Je veux montrer que les experts judiciaires peuvent se tromper», explique quant à lui le témoin. «Vous n’êtes pas expert en la matière», a constaté la juge, agacée, avant de mettre brutalement fin à l’interrogatoire du témoin. Me Choucroun s’accroche et insinue que les aveux ont été arrachés à son client mis sous pression par les policiers. «La plus grande source d’émotion et de stress pour lui a été d’avouer les faits à sa compagne», avance l’enquêtrice du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire, qui jure ne pas avoir mis la pression au prévenu ni l’avoir gardé au commissariat pendant une durée exagérément longue.

Le procès a dû être interrompu faute de temps et reprendra jeudi prochain.

3 plusieurs commentaires

  1. Coatalem Gaëlle

    Peut on connaître la suite du procès, le verdict???

  2. L’avocat doit défendre son client mais il ne faut pas qu’il crée des diversions sur le travail de la justice dans le but de faire traîner les procédures

  3. Tous les moyens sont bons pour semer un doute qui en fait semble ne pas exister.
    Des témoins qui ne sont pas experts et qui n’ont aucun lien avec l’affaire, mais qui viennent prêcher leur version sans en fait rien savoir.
    Une défense qui dit autre chose que le propre client. .
    Si ce n’est pas le saint esprit qui a maltraité cet enfant…. Il reste qui?