Averti pour la 5e fois lors de la 14e journée, Jeff Strasser avait-il le droit d’être sur le banc niederkornois lors de la 16e? Humilié ce jour-là, le F91 en doute, pas le Progrès.
Il y avait tant à dire sur ce F91-Progrès (1-4, 16e journée) qu’on en a oublié de mentionner l’échauffourée ayant suivi le tacle non maîtrisé de Mehdi Kirch sur Bilal Hend, synonyme de deuxième carton jaune pour le capitaine dudelangeois et de fin de match en infériorité numérique pour le F91.
Durant quelques instants, les Niederkornois n’étaient plus 11, mais 12 contre 10 sur la pelouse du stade Jos-Nosbaum, où Jeff Strasser avait fait irruption pour éloigner ses ouailles de la mêlée. L’intention était louable, mais une partie du banc dudelangeois s’était légèrement étonnée de cette intrusion auprès du corps arbitral.
Le règlement profite à Strasser, pas à Mayron
Tout à fait anecdotique pour les uns, la scène peut prendre une tournure symbolique pour les autres, 12 jours plus tard : comme relevé hier par nos confrères de Mental!, l’entraîneur du Progrès aurait pu être suspendu pour la reprise de la BGL Ligue. Pu, car il avait écopé, le dimanche 4 décembre à Differdange (2-3, 14e j.), de son 5e carton jaune cette saison.
Ce qui, traditionnellement, est sanctionné d’un match de suspension au Grand-Duché, sentence confirmée d’ailleurs par le BIO (Bulletin d’information officiel) du jeudi 8 décembre. Les sanctions n’entrant en vigueur que le lundi suivant la réunion du Tribunal Fédéral, qui édite ce BIO, Jeff Strasser était donc suspendu pour la première journée suivant le lundi 12 décembre… date du début de la longue trêve hivernale. En principe, le technicien devait donc purger son match lors de la 16e journée.
C’était sans compter sur ce point de règlement qui permet aux entraîneurs de l’élite de purger leur suspension lors d’un match de la réserve (comme les joueurs), voire, et ils sont les seuls dans ce cas, des juniors (U19). Ce qui peut leur éviter de vivre un match de DN en tribunes, pour peu qu’une rencontre de la B ou des U19 «tombe» entre l’entrée en vigueur de la suspension et le match suivant des A.
Or c’est exactement ce qui s’est produit : si la réserve niederkornoise n’a pas joué de match officiel entre le 12 décembre et le 12 février, ce qui n’a pas permis à Mayron De Almeida (lui aussi averti pour la 5e fois, le 11 décembre contre Mondorf, et suspendu à compter du 19 décembre) de purger sa peine avant le choc contre le F91, les juniors du Progrès avaient un huitième de finale de Coupe du Prince à… Dudelange, le 17 décembre. Tout bénéf’ pour Jeff Strasser.
Le F91 a 30 jours pour faire appel
Aussi, lorsqu’on l’interpelle sur «l’affaire», Thomas Gilgemann rétorque : «Quelle affaire ?» Pour le président niederkornois, «il y a zéro affaire», juste un règlement auquel son club s’est conformé. Non sans avoir, comme à chaque hésitation vis-à-vis du règlement, «pris (ses) précautions avant», via un mail au secrétariat administratif de la FLF, dont la réponse positive constituait «un document écrit qui attestait que Jeff pouvait entraîner contre Dudelange».
Sans affirmer fermement le contraire, son homologue dudelangeois Gerry Schintgen apparaît plus circonspect. Informé en début de semaine de ce petit imbroglio, le président du F91, qui dispose de 30 jours à compter du match pour déposer une réclamation, en est au stade de la réflexion : «Nous sommes en train, avec notre juriste, de regarder en interne, de nous informer, de relire un peu les statuts, car ils ne sont pas clairs. À ce stade, nous n’avons pris aucune décision.»
Pour le boss dudelangeois, deux points rendent, au minimum, ce dossier «bizarre». «Premièrement, énumère-t-il, il n’est pas entraîneur junior et deuxièmement, c’est une autre compétition.» «Bon ou pas bon, le règlement est en vigueur et on l’applique, ni plus ni moins, réplique Thomas Gilgemann. Il n’y a aucune affaire, je dors tranquille. Et sur le terrain, on a gagné 4-1.» Et ça, personne n’y trouvera quoi que ce soit à redire.