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[C’était mieux avant] Raul Gabellini : «Jamais je n’oublierai la fête après le titre gagné à Berchem»


"Les matches, je les vivais vraiment de l'intérieur. Pour moi, c'était très difficile." (Photo : verena pr.)

L’ancien préparateur physique du Handball Käerjeng ouvre sa boîte à souvenirs : de l’Um Dribbel jusqu’en Serbie, en passant par Lisbonne.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée « C’était mieux avant »

Quelle équipe vous a le plus impressionné ?

Raul Gabellini : Au niveau européen, ce qui m’a le plus marqué, c’étaient les déplacements en Serbie, à Niš (en 2018), et aussi l’équipe du Benfica Lisbonne quand on est allés jouer chez eux (en 2016), surtout pour les infrastructures que le club possédait. La salle, c’était un truc de fou! Ce n’est pas loin du stade de foot (NDLR : Estádio da Luz), mais en plus ça fait partie du groupe, un peu comme au Real Madrid avec le basket et le football, donc c’est tout un ensemble. En Serbie, c’étaient peut-être les gens qui m’impressionnaient, je ne sais pas trop. J’aurais aimé aller une fois en Grèce pour voir ce que c’était là-bas, parce qu’apparemment les supporters, c’est le top, mais on en n’a pas eu l’occasion. Et, au Luxembourg, on craignait toujours d’aller jouer à Esch, c’était l’équipe à battre.

Un joueur que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez revoir ?

Honnêtement, tous ! Je suis toujours très attaché au Handball Käerjeng, parce que les gars étaient vraiment tous très gentils et aucun n’avait la grosse tête. Celui que j’aimerais vite revoir, c’est l’ancien gardien et capitaine Chris Auger qui, depuis, est passé de Käerjeng aux Red Boys. J’avais beaucoup d’affinités avec lui, parce que c’est un très grand perfectionniste et c’est quelqu’un qui veut toujours une explication à tout. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui.

Ses faits d’armes

Pendant des années, Raul Gabellini a préparé les organismes des joueurs bascharageois à répéter les efforts, parfois à un rythme effréné, comme ce fut le cas en 2019 lorsque les protégés de l’ex-entraîneur Dejan Gajic avaient enchaîné 35 heures de bus pour un aller-retour en Suède afin de jouer la Coupe d’Europe contre Alingsas, et quatre matches en neuf jours par la suite. Avec Käerjeng, il a notamment remporté la Coupe de Luxembourg en 2016 et le championnat national deux ans plus tard, en 2018.

Le plus fou ?

J’en ai quatre en tête (il rit). Je les appelais les charlots. Un jour, on est allés voir un match des Red Boys à Differdange et j’ai crié dans leur direction : « Eh, les charlots! », et les quatre se sont retournés (il rit). Ce sont Pierre Veidig, Sébastien Edgar, Yacine Rahim et Miroslav Rac. Ce sont mes quatre charlots que j’adore!

Celui qui ronchonnait toujours à l’idée de faire la préparation physique ?

Quand on parle de préparation physique, automatiquement, on pense à efforts et transpiration. Aucun joueur que je connais n’aime cela ! Je peux juste vous dire que le seul qui se donnait toujours à fond, c’était le plus vieux et c’était le premier à se lancer à chaque fois, c’était Vladi (NDLR : Vladimir Temelkov). Lui, il a toujours mon respect, mais sinon tout le monde faisait ce qu’on disait de faire. Je ne vais pas commencer à pointer du doigt qui que ce soit. Ils ont tous bien travaillé quand j’étais là-bas.

Tous les matches perdus, ça a toujours été la même souffrance

La plus belle victoire ?

Je ne sais plus contre qui c’était, je pense que c’était contre les Serbes de Vojvodina (en 2016). En tout cas, c’était Riccardo Trillini qui était l’entraîneur. On avait la balle, on menait et il a commencé à crier : « Allez, attaquez, attaquez! ». Nous, on lui a répondu : « Mais pourquoi est-ce qu’on doit attaquer? On a la balle, on a l’avantage et on est qualifiés pour le second tour… » Lui, il était tellement pris dans son match qu’il avait complètement oublié qu’on était déjà qualifié (il rit). Celle-là, c’était une victoire top! Et puis, aussi, quand on a gagné le titre à Berchem (en 2018). On a fait la fête, je ne sais plus jusqu’à quelle heure, mais jamais je n’oublierai cette fête-là (il rit). C’était génial!

Et à l’inverse, la plus grosse déception ?

Les matches, je les vivais vraiment de l’intérieur. Pour moi, c’était très difficile. À l’époque, je restais sur le banc et c’était difficile d’entendre le public qui criait pour les autres. Ce n’était pas évident. Tous les matches perdus, ça a toujours été la même souffrance. Les joueurs le vivaient sûrement différemment, vu que, eux, ils étaient dans le handball depuis beaucoup plus longtemps. Moi, chaque défaite m’attristait aussi pour les joueurs, parce qu’ils se donnaient à fond.

En Serbie, on s’était arrêté à 3 h du matin avec le coach Dejan Gajic pour manger un hamburger. Le meilleur de toute ma vie!

Le déplacement qui vous a le plus marqué ?

Celui en Serbie, à Niš, quand, à 3 h du matin, on s’était arrêté avec le coach Dejan Gajic pour manger un hamburger. Je crois que c’était le plus gros hamburger que j’ai jamais mangé de toute ma vie, et même le meilleur! Encore aujourd’hui, quand j’y repense, j’ai envie d’y retourner pour en manger un (il rit).

Votre plus grand fou rire ?

Avec Chris Auger, je crois que c’était en Coupe d’Europe (NDLR : face à Vojvodina). Il était énervé parce que nos gars ne marquaient pas. À un moment, il se dirige vers moi et me dit « Oh la vache, maintenant, je prends le ballon, je monte et je marque! ». Moi, je lui ai répondu d’arrêter de parler et de le faire. Il a pris la balle, il est monté et il l’a fait : il a marqué! Et là, on s’est vraiment fendu la gueule. Je me suis dit qu’il était vraiment barjot, celui-là (il rit).

Aujourd’hui

Raul Gabellini a plusieurs cordes à son arc. Récemment, il a ouvert sa structure, Health & Balance RG. Le principe? Se rendre au domicile de monsieur et madame Tout-le-monde pour les aider à perdre du poids. Il est également consultant fitness et propose des entraînements EMS (stimulation électrique du muscle). En parallèle, il travaille avec l’ancien préparateur mental de l’équipe de France de volley Christophe Lehoux. Ensemble, les deux amis organisent des séminaires en coaching mental au Grand-Duché et à l’étranger. Il est aussi le préparateur physique du Sparta Bertrange depuis cette saison.

Quelque chose qui vous a particulièrement marqué au cours de vos années à Käerjeng ?

Ce n’est pas uniquement à Bascharage, mais partout! Au basket au Sparta, au volley aussi à Bertrange, et ainsi de suite. Ce qui me marque encore aujourd’hui, c’est la volonté de tous les bénévoles qui sont présents en semaine et le week-end pour faire avancer leur club. C’est ça qui m’a le plus touché : je m’en rends compte de plus en plus! Et de temps en temps, ce petit truc est oublié dans l’esprit des joueurs. C’est vraiment cette envie de faire avancer les choses pour leur club : je trouve ça très touchant. C’est aussi grâce à ces personnes-là que le sport peut avancer au Grand-Duché. D’ailleurs, il n’y a pas que dans ces trois clubs, c’est partout au Luxembourg!