Accueil | Economie | Les enseignements du Statec sur la conjoncture économique

Les enseignements du Statec sur la conjoncture économique


«Malgré la forte pression inflationniste, il semble que la demande des ménages ait bien résisté, sans doute aidée par la bonne tenue du marché du travail», souligne le rapport mensuel du Statec. (Photo : archives lq)

Le rapport mensuel du Statec fait état d’une certaine résistance de l’activité face aux conséquences de la crise énergétique et délivre plusieurs éléments sur la conjoncture économique, tant au Luxembourg que dans l’Union européenne.

La fin de 2022 et le début de 2023 sont marqués par une certaine éclaircie de l’environnement conjoncturel. Alors qu’une récession était attendue pour la zone euro au croisement de ces deux années, les résultats du PIB du quatrième trimestre, qui a progressé de 0.1 % sur un trimestre en zone euro, sont venus agrémenter l’actualité économique. Certes, plusieurs Etats membres de l’UE, parmi les plus importants en termes de poids économique, ont enregistré un recul de l’activité, à l’instar de l’Allemagne ou encore l’Italie.

Néanmoins, l’expansion s’est poursuivie pour la plupart, à l’image des résultats de la France (+0.1 % sur un trimestre), de l’Espagne (+0.2 %) ou des Pays-Bas (+0.6 %). «Malgré la forte pression inflationniste, il semble que la demande des ménages ait bien résisté, sans doute aidée par la bonne tenue du marché du travail», souligne le rapport mensuel sur l’état de la conjoncture luxembourgeoise du Statec. 

Les craintes liées à l’approvisionnement en énergie, en particulier de gaz dans le contexte de la guerre en Ukraine, se sont par ailleurs nettement dissipées grâce aux températures clémentes en Europe et à la baisse volontaire de la consommation des ménages et des entreprises. Enfin, la fin de la politique zéro-Covid en Chine a entraîné une amélioration des perspectives économiques. Comment se place le Luxembourg par rapport à l’activité européenne ? Son économie se renforce-t-elle par rapport à l’Europe ? Quelles tendances traversent-elles ? Tour d’horizon des signaux favorables et défavorables de l’économie luxembourgeoise en comparaison à l’Union européenne. 

Le moral des entreprises en hausse

« La confiance des entreprises du Luxembourg semble avoir touché un point bas en septembre 2022 et tend à se redresser légèrement depuis», annonce d’emblée le Statec. L’indicateur pour calculer ce fait se base sur plusieurs questions des enquêtes de conjoncture mensuelles menées auprès des acteurs luxembourgeois de l’industrie, de la construction et du commerce de détail. Pour ce dernier secteur, la confiance a tout de même rebondi au Luxembourg «sous l’effet d’opinions bien plus favorables concernant les ventes récentes et à venir».  

Le redressement observé au Grand-Duché demeure bien moins prononcé que celui enregistré au niveau des entreprises de la zone euro. Cette remontée de moral plus timide découle principalement des résultats des services non financiers et de la construction, avec une dégradation des commandes et des perspectives d’emploi bien plus marquée au Luxembourg depuis le début de 2022. 

Moins d’autorisations de bâtir 

Le Luxembourg figure parmi les pays où le recul des autorisations de bâtir est le plus marqué en 2022 avec, sur la base des trois premiers trimestres, une baisse d’environ 30 % par rapport à l’année précédente. Le phénomène est également perceptible dans les pays du Benelux, avec des diminutions autour de 15  %. « Les autorisations de bâtir reculent à travers l’Union européenne avec seulement un tiers des pays européens affichant une variation annuelle positive au 3e trimestre 2022», ajoute le Statec.  

Selon plusieurs hypothèses, la hausse du coût des prestations de construction a joué sur la baisse sur les projets d’investissement. Par ailleurs, la remontée des taux d’intérêt hypothécaires, et donc du coût des crédits, est susceptible d’avoir pesé sur les autorisations de bâtir au cours de l’année dernière.  

 Les bourses reviennent 

La guerre en Ukraine et le resserrement rapide des politiques monétaires a eu des conséquences importantes sur la bourse, qui a observé une chute de 22 % entre janvier et septembre 2022. Entre la fin de l’année dernière et la mi-février 2023, l’indice boursier européen Euro Stoxx 600 est reparti sur une tendance à la hausse, sans retrouver non plus le niveau de début 2022. «Les secteurs de l’automobile, des voyages et des banques affichent les meilleures performances en bourse sur le début de 2023, fait état le rapport.

Les moins fortes progressions sont observées pour les secteurs de la santé, du pétrole et gaz, et des matières premières.» . Ces deux secteurs étaient, par ailleurs, les seuls à avoir augmenté leurs valorisations en 2022. La remontée des taux directeurs en zone euro et aux Etats-Unis continuera de peser sur les évolutions des bourses cette année, mais devrait encore soutenir les valorisations des banques.

 Chômage stabilisé, sauf chez les jeunes

Sur le front de l’emploi au Luxembourg, le chômage global s’est stabilisé un peu en dessous des 5 %, après une légère remontée sur les mois d’été. Néanmoins, les jeunes sont davantage touchés, puisque le taux est passé de 16,7 % en mai à 18,7 % en décembre. Les moins de 25 ans représentent seulement 8 % des chômeurs inscrits à l’ADEM, alors qu’ils ont contribué à raison d’un quart environ à la hausse du chômage en été.

«Déjà sur le passé, le chômage des jeunes a réagi bien plus fortement aux ralentissements conjoncturels que le chômage global, probablement du fait que les entreprises freinent d’abord les recrutements, ce qui pénalise surtout les jeunes entrants sur le marché du travail, expose le Statec, qui mentionne également les chiffres au niveau européen. Le chômage des moins de 25 ans s’est remis à augmenter en zone euro depuis l’été 2022, passant de 14,1 % de la population active en juin à 14,8 % en décembre, alors que le taux global stagne à 6,6 %.» L’Espagne et la Grèce affichent toujours le chômage des jeunes le plus élevé, à presque 30 % de la population active.  

 Le rebond de l’inflation en 2024 

Sur l’inflation enfin, les mesures étatiques permettant de freiner tant les prix du gaz et du mazout que ceux de l’électricité devraient contenir la hausse des prix globale. Le Statec prévoit tout de même une hausse du prix de ces denrées énergétiques d’environ 40 % et 80 % en raison de la levée des boucliers tarifaires au 1 er janvier 2024. « Néanmoins, il est recommandé de considérer avec prudence les prévisions à l’horizon 2024 dans le contexte actuel marqué par les fortes instabilités géopolitiques et des prix de l’énergie très volatiles», rapporte le Statec.

Le Statec maintient à 3,4 % sa prévision d’inflation pour cette année et anticipe une remontée à 4,8 % pour l’année prochaine. Une tranche indiciaire serait payée au 4e trimestre 2023 (après celles de février et d’avril) puis une autre au 2e trimestre 2024.