À la veille de l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Assemblée générale de l’ONU se prononce ce jeudi sur une résolution réclamant une paix « juste et durable » en Ukraine, texte que Kiev et ses alliés espèrent voir recueillir le soutien le plus large.
« J’en appelle à vous : c’est un moment décisif pour montrer soutien, unité et solidarité », a lancé mercredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba à la tribune, au premier jour des débats consacrés à l’invasion de l’Ukraine par la Russie débutée le 24 février 2022. « Jamais dans l’histoire récente, la ligne entre le bien et le mal n’a été aussi claire. Un pays veut simplement survivre. L’autre veut tuer et détruire », a-t-il ajouté.
L’Ukraine et ses alliés espèrent que le texte, qui sera soumis au vote à l’issue de cette deuxième journée, obtiendra au moins autant de voix qu’en octobre. Au total, 143 pays avaient alors voté pour la résolution condamnant les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie.
Le projet de résolution, non contraignante, « souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies ». Il réaffirme également l' »attachement » à « l’intégrité territoriale de l’Ukraine », « exige » le retrait immédiat des forces russes, et appelle à une « cessation des hostilités ».
Une paix que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé de ses vœux en fustigeant mercredi « l’affront à notre conscience collective » que représente l’invasion de l’Ukraine. « Les possibles conséquences de l’escalade du conflit sont un danger clair et déjà là », a-t-il lancé, évoquant notamment les risques nucléaires.
« Guerre illégale »
Le président russe Vladimir Poutine a juré cette semaine de poursuivre « méthodiquement » son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la guerre froide. Son ambassadeur à l’ONU Vassili Nebenzia s’en est également pris aux Occidentaux mercredi à l’Assemblée générale.
« Dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie de toutes les manières possibles, ce n’est pas seulement l’Ukraine qu’ils peuvent sacrifier, ils sont prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre », a-t-il accusé. Ce conflit n’est pas une question « de l’Occident contre la Russie », a répondu le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « Cette guerre illégale concerne tout le monde : le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest ».
Les trois résolutions liées à l’agression russe votées par l’Assemblée générale depuis un an ont recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec cinq pays votant systématiquement contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée) et moins de 40 s’abstenant. Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l’Homme, avait été moins consensuelle (93 voix pour, 24 contre, 58 abstentions).
De son côté, Pékin, qui s’est abstenue lors des votes à l’ONU sur l’Ukraine, a tenté mercredi de jouer les médiateurs en présentant à Moscou sa vision pour le « règlement politique » du conflit. Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a été reçu au Kremlin, après s’être entretenu avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « Les partenaires chinois nous ont fait part de leurs réflexions sur les causes profondes de la crise ukrainienne, ainsi que sur leurs approches pour son règlement politique », a commenté le ministère russe des Affaires étrangères, à l’issue des entretiens. « Il n’a pas été question d’un ‘plan’ (de paix) séparé », a-t-il toutefois relevé.
« Terrorisme nucléaire »
La veille, Vladimir Poutine avait marqué les esprits en annonçant la suspension du traité de désarmement nucléaire New Start signé en 2010, dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains. Le président américain Joe Biden a qualifié mercredi à deux reprises cette décision de « grave erreur » mais a dit ne « pas voir » d’éléments indiquant « qu’il réfléchit à faire usage d’armes nucléaires ou de quelque chose de ce type ».
Pour l’Ukraine, « le terrorisme nucléaire de la Russie menace le monde entier ». « La Fédération de Russie viole grossièrement les normes du droit international, mine les normes de sécurité nucléaire et de radiation », a déclaré Natalia Kostenko, représentante de l’Ukraine, mercredi à Vienne, devant l’assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Sur le plan militaire, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a lancé un appel inédit, exhortant les Russes à faire pression sur l’armée pour fournir des munitions à ses hommes en première ligne dans la bataille pour la ville de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine.
Cette déclaration illustre l’ampleur des tensions entre les mercenaires et l’état-major russe à la veille de l’anniversaire du déclenchement de l’offensive russe, désormais enlisée face à la résistance d’Ukrainiens renforcés par l’aide militaire occidentale.