L’accès au logement est devenu ces dernières années la première cause d’émigration des Luxembourgeois. Le nombre de frontaliers travaillant dans leur propre pays, de Hecke-Lëtzebuerger, croît depuis des années. Chaque jour, en train, en bus ou en voiture, ils entrent dans le pays où ils ont grandi et le quittent le soir parce qu’y vivre est devenu un luxe qu’ils ne peuvent pas se permettre.
Non, les routes du Grand-Duché ne sont pas toutes pavées d’or comme on semble souvent nous l’envier depuis l’étranger, sinon il suffirait de se baisser pour en ramasser et tous les problèmes seraient résolus. Chacun pourrait se payer son chez-soi sans rogner sur sa qualité de vie et celle de sa famille. Or tout le monde ne roule pas sur l’or au Luxembourg. Un appartement de taille moyenne au centre-ville de la capitale, dont le prix a triplé en quinze ans, vaut autant qu’un studio neuf à Gasperich. Autant tout de suite arrêter de rêver d’une maison à moins d’aimer les châteaux en Espagne. Et quelle idée de penser qu’un travailleur, même pas forcément pauvre, n’a d’autre choix que de s’installer dans un logement social ou un habitat à bon marché? Que de réjouissantes perspectives!
Ne reste plus qu’à devenir luxembourgeois à l’étranger et étranger au Luxembourg, le cul entre deux chaises, entre deux cultures, entre deux langues. Jusqu’à présent, dans l’histoire du pays, les Luxembourgeois n’ont dû émigrer que dans de rares occasions, dans l’espoir d’une vie meilleure. Actuellement, c’est uniquement pour avoir un endroit à appeler son «chez- soi». Un endroit à transmettre, un patrimoine, des souvenirs, une identité plutôt qu’un bail. La Grande Région regorge d’expatriés. C’est le monde à l’envers, on marche sur la tête. Les spéculateurs s’en moquent. Pour la plupart, ils ne vivent pas ici. Ils ne voient pas partir leurs enfants, leurs amis, leurs voisins. Ils se donnent rendez-vous aux Émirats, en Floride ou ailleurs pour parler business et dernières acquisitions. La cohésion sociale et la vie des autres n’ont que peu de valeur en haut de leurs tours de verre.
bonjour,
Membre du CNE et aussi sensible à la cause des frontaliers (Commission Migrants et Frontaliers), nous nous posons depuis longtemps la question du nombres de luxembourgeois obligés de vivre de l’autre côté des frontières ? Avez-vous quelques chiffres ? Merci d’avance