Le hasard du calendrier a voulu que la démographie du Luxembourg soit thématisée lors de trois rendez-vous distincts, mardi, au cours d’une seule matinée. L’annonce des premiers résultats du recensement de la population de 2021 s’est ajoutée aux présentations successives des revendications de l’ASTI sur le vivre-ensemble au niveau communal et du futur cadre légal pour le vivre-ensemble interculturel sur les plans national et local.
Quel constat peut-on dresser ? Si le Grand-Duché est champion d’Europe en termes de croissance de sa population (+25 % en dix ans, contre 1,7 % pour l’UE), le pays connaît toujours des lacunes en ce qui concerne le vivre-ensemble entre les Luxembourgeois de souche et les Luxembourgeois d’adoption. «L’ouverture prônée dans les discours est, dans les faits, encore accompagnée de messages contradictoires», est venu pointer Sergio Ferreira. Le porte-parole de l’ASTI cite en guise d’exemple la loi accordant le droit de vote aux étrangers aux élections locales, adoptée en juillet. «Six mois plus tard, les députés révisaient la Constitution en ces termes : les Luxembourgeois sont égaux devant la loi, excluant de nouveau les étrangers», déplore-t-il.
Quasiment au même moment, la ministre de la Famille, Corinne Cahen, dévoile les contours du nouveau concept censé remplacer l’approche actuelle de l’«intégration» par «une approche plus large et ouverte du vivre-ensemble interculturel». Le discours de la ministre libérale ne diffère pas trop de celui tenu par le porte-parole de l’ASTI : «Les étrangers ne sont pas à part : ils sont des citoyens comme les autres.» Mais comme le démontre la contradiction dénoncée ci-dessus, le gouffre qui existe entre théorie politique et réalité sociétale reste important. Il est d’ailleurs frappant de constater que le vivre-ensemble doit en quelque sorte être décrété par la loi…
Il serait néanmoins exagéré de qualifier d’échec l’intégration au fil des décennies des étrangers arrivés au Luxembourg. Mais un peu à l’image des infrastructures défaillantes quand il s’agit de faire face à la croissance démographique, le Grand-Duché semble avoir été un peu dépassé par l’afflux continu de nouveaux habitants d’horizons différents. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.