Alexandre Arenate, 27 ans, l’une des deux recrues de la Jeunesse, cet hiver, a fréquenté énormément de vice-champions du monde.
Votre arrivée à la Jeunesse Esch a été quelque peu perturbée par ce fait divers assez sanglant, qui a vu un homme décéder à la Hiehl après avoir voulu agresser un membre du staff.
Alexandre Arenate : Oui, c’était très particulier! Je suis arrivé le… jeudi 19. On m’installe à l’hôtel. Tout était d’accord, mais cela a pris un peu de retard et le jour du match amical (NDLR : contre Schifflange), je voulais monter au terrain d’entraînement pour voir ça quand je reçois un coup de téléphone de mon agent, qui me dit « Ne sors pas de l’hôtel, il y a eu un problème. Un meurtre.« Moi, j’ai eu un rire nerveux. C’était tellement gros comme information. Il a appelé la police, on lui a confirmé qu’il ne fallait pas se déplacer à la Hiehl. Cela a retardé ma signature de quelques jours. Quand je leur ai raconté, mes parents n’y croyaient pas. Le Luxembourg n’est pas réputé pour ça… Je m’en souviendrai!
Curieux retour aux affaires pour quelqu’un qui était un peu nulle part, ces six derniers mois…
Je n’étais pas sans club mais en juin, je m’étais en effet retrouvé en fin de contrat au Patro Eisden. J’avais alors des contacts avec plusieurs clubs de D2 belge, sauf que cela ne s’est pas fait et que je me suis retrouvé dans l’embarras. Et puis le club de Solières, qui évolue au quatrième échelon, m’a appelé pour savoir si je voulais venir jouer. J’ai dit non, que je ne voulais pas me retrouver à ce niveau. On s’est entendus sur le fait que je viendrai juste m’entraîner. Et puis finalement, j’ai joué…
Ne sors pas de l’hôtel, il y a eu un problème. Un meurtre
Vous avez dû vous faire plaisir à ce niveau?
(il rit) Non, pas vraiment : j’ai marqué zéro but et on n’a remporté qu’un seul match. L’équipe n’allait vraiment pas, tout était désorganisé, mais au moins ai-je gardé mes jambes.
Quel profil les supporters de la Jeunesse vont-ils donc découvrir?
Un joueur qui met beaucoup de rythme. J’aime percuter, mais sans en faire trop non plus. D’ailleurs, on ne peut pas dire que je sois un joueur de percussion. J’ai été formé à Rennes et à Clairefontaine à un poste de 6 ou de 8. L’idée, c’était de jouer simple et juste, de ne pas perdre le ballon et de ne pas tout le temps chercher à dribbler. Mais il faut quand même être présent devant le but et d’ailleurs, je peux aussi jouer ailier gauche.
Parlons de votre formation justement : vous y avez côtoyé de très près un certain Ousmane Dembélé?
Alors j’ai joué au Paris Saint-Germain quand j’étais à Clairefontaine, avec Mike Maignan, Presnel Kimpembe, Kingsley Coman et Ferland Mendy. J’ai encore des contacts avec certains. Mais c’est vrai que j’ai vu débarquer Ousmane Dembélé chez les adultes, à Rennes. Lui et moi, nous étions les deux seuls jeunes à nous entraîner avec l’effectif pro à un moment. C’est sous mes yeux qu’« Ous« s’est révélé être… un monstre. Il était le plus jeune, mais a fini avec un nombre de buts fou dont je ne me rappelle plus, et en tant que meilleur joueur du championnat. Je me dis souvent que c’est une fierté d’avoir commencé avec tous ces garçons, mais je me dis souvent que j’ai raté le train. Ça, je l’ai souvent loupé… Sans ôter au talent de tous ces garçons, on se dit parfois que quand on part du même endroit qu’eux, on a le droit de penser qu’on peut aussi finir au même endroit.
J’ai joué avec Maignan, Kimpembe, Coman, Mendy et Dembélé
Vous avez pourtant eu l’occasion de vous imposer en Ligue 2, au Red Star, en 2015…
Oui, j’en avais les moyens. Mais une blessure avant le début de la saison ne m’a pas placé dans de bonnes conditions. Ce sont ces petits hasards qui font qu’une carrière… Mais je veux encore y croire et prouver que je suis un joueur spécial. Qu’il y a quelque chose de spécial en moi. Peut-être pas comme Ousmane Dembélé, mais…
L’avantage, c’est que vous connaissez pas mal de monde dans cette BGL Ligue.
À Virton, j’ai joué avec Dupire, Vaccaro, Muratovic… Oui, j’en connais pas mal. Mais j’avais eu pas mal de contacts avec des clubs luxembourgeois dont le Fola. J’avais préféré rester à Virton où je marque notamment le but du maintien (NDLR : en avril 2018). La plus belle soirée de ma vie. La saison d’après, le club a commencé à redécoller. J’aurais bien souhaité pouvoir m’épanouir un peu plus en Belgique…
Et à quoi votre carrière luxembourgeoise ressemblera-t-elle?
J’ai un contrat de six mois avec une option d’un an. L’idée pour moi, c’est qu’elle soit levée. Et pour l’équipe, de lancer la machine et de gratter quelques places. On jouera plus haut la saison prochaine.