À 38 ans, Nikola Karabatic a vécu son dixième et dernier Mondial de hand à moitié blessé : la faute à ce pied gauche qui l’a diminué pendant toute la phase finale, jusqu’à l’ultime match dimanche à Stockholm face au Danemark, où les Bleus ont laissé filer l’or (29-34).
Il rêvait sans doute d’un autre métal que cet argent pour son dernier Mondial, dont il relativisait cependant cette semaine l’importance : « Ce n’est pas vraiment quelque chose d’exceptionnel, car, derrière, j’aurai la possibilité de participer à un Euro et, peut-être, aux JO. Donc ce ne sera pas mon dernier match en équipe de France. »
Après avoir tout gagné, en club (trois Ligues des champions) et en sélection (trois titres olympiques, quatre Mondiaux, trois Euros), Nikola Karabatic a « encore faim », puisqu’il a annoncé, fin décembre à l’AFP, sa volonté de continuer au moins jusqu’à la fin de la saison 2023-2024, au PSG et en Bleu.
Ce qui ouvrirait la voie à un départ en beauté, lors des Jeux de Paris, à l’été 2024. « Je ne sais pas encore (pour Paris-2024), je n’ai pas de boule magique » a-t-il botté en touche dimanche.
En attendant, il a accroché une nouvelle médaille à son cou déjà bien alourdi par toutes les breloques amassées au fil de 20 ans de carrière en Bleu – il a débuté à 18 ans, en novembre 2002.
Après avoir disputé les deux-tiers des matches officiellement en raison de cette blessure au pied gauche qui l’a cependant contraint à quitter précocement ses partenaires en quarts et donc, en finale. Il avait vécu l’ensemble de la demi-finale sur le banc.
Quinze minutes
Dimanche, il a tenu un bon quart d’heure (0/1 au tir) avant de céder sa place à Elohim Prandi.
« Je me sentais bien depuis le début de saison, c’est frustrant, car je retombe sur un pied adverse contre le Monténégro et n’ai ensuite pas le temps de récupérer avec ce format de compétition. Ca ne m’était jamais arrivé » a souligné Karabatic.
Même sur le banc, même moins buteur, il conserve un rôle moteur dans cette équipe de France par l’exemple qu’il représente pour les plus jeunes, vu « tout l’investissement qu’il met encore (au quotidien) après avoir tout gagné et à maintes reprises », affirmait avant la compétition son frère, Luka.
« Il encadre les plus jeunes, il leur montre la bonne direction », appuie le sélectionneur Guillaume Gille.
Et pendant les matches, en tribunes ou sur le banc, il est aussi un précieux relais par ses conseils avisés, nourris de son immense expérience.
« Il apporte sa sérénité. Il aura toujours un bon mot pendant un moment critique. Il est arrivé plusieurs fois qu’il nous donne un conseil (en match) qui a porté ses fruits », raconte le demi-centre Kentin Mahé.
« J’essaie d’être le plus utile possible, d’encourager, de donner confiance, de dire tactiquement ce que je vois », explique Karabatic, surnommé « Rafiki » par l’ailier Valentin Porte, ce vieux singe qui, dans le Roi Lion, guide les autres animaux.
« Il fait attention à tout le monde, c’est le vieux sage. Il a vraiment ce rôle-là », développe Nedim Remili qui, pour évoluer aux mêmes postes que lui (arrière et demi-centre), bénéficie souvent de ses conseils.
« Grâce à sa vision du jeu, quand je perds en lucidité il m’aide beaucoup à choisir les différentes options », ajoute celui qui fut le coéquipier de Karabatic pendant six ans au PSG (2016-2022).
Toujours dix titres
Dès lors, Remili disait samedi vouloir « rendre la pareille » à son aîné, qui l’a « soutenu dans les moments difficiles », en lui offrant un ultime or mondial.
L’enjeu, poursuivait-il, était aussi de faire en sorte « qu’il marque encore plus notre sport: onze titres avec l’équipe de France, je pense qu’il n’y aura plus de débats sur le meilleur joueur de tous les temps, même si, pour moi, il n’y en a déjà plus ».
Remili a eu beau se démener (6 buts), les Bleus ont cédé face aux Danois.
Et Karabatic reste bloqué à dix titres, en compagnie de Thierry Omeyer et Mickaël Guigou, au panthéon des handballeurs les plus titrés en sélection, tous pays confondus.