Emmanuel semble avoir l’alcool mauvais et, quand c’est le cas, ses anciennes compagnes dégustent, selon les parents du jeune homme et l’une d’entre elles.
À la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, le presque trentenaire a évoqué des trous de mémoire dus à son état au moment des faits pour lesquels il comparaissait mardi matin. Il a assuré aux juges ne plus boire d’alcool et avoir repris le contrôle de sa vie. «Je me demande même pourquoi tout cela a commencé», note le prévenu calmement. «Je sais que j’ai brisé une porte-fenêtre.»
Il fait référence à un fait qui remonte au 29 mai dernier. Le jeune homme de 29 ans serait arrivé fortement alcoolisé chez son ancienne compagne et mère d’un de ses enfants «avec une bouteille à la main». Elle aurait refusé de le laisser entrer étant donné son état.
«Il m’a dit de prévenir la police si je voulais qu’il parte», rapporte la jeune femme qui finit par le laisser entrer à son domicile pour qu’il puisse passer du temps avec son fils. Il serait reparti, puis revenu. Son ancienne compagne refuse de le laisser entrer à nouveau.
Cinq à six policiers pour le calmer
«Il y avait des échafaudages contre la façade. Il les a utilisés pour atteindre le balcon», poursuit la jeune femme. «Il s’est mis à frapper des pieds et des poings contre la fenêtre.» Qu’il finit par briser. Les débris blessant légèrement son fils au front.
Le prévenu est en état de rage. Les policiers intervenus sur les lieux ne sont pas parvenus à le calmer. À l’hôpital, où il a été emmené pour être examiné par un médecin avant d’être placé en cellule de dégrisement, «nous avons dû nous mettre à cinq ou six policiers sur lui pour le maîtriser», précise un inspecteur, qui indique avoir déjà dû l’immobiliser lors du transport.
Son avocat, Me Knaff, a imputé cet accès de rage à son état d’ébriété – environ 2,5 grammes d’alcool par litre de sang – et ses mauvaises expériences passées avec la justice et les forces de l’ordre. Emmanuel a, à trois reprises, été accusé des faits et placé en détention préventive avant d’être acquitté. La première inculpation aurait eu un effet dévastateur sur la vie qu’il s’était construite à l’étranger. Les deux suivantes auraient eu un impact certain sur son moral.
«Je ne me souviens plus de tout ce qui s’est passé, mais je n’ai pas voulu blesser mon enfant et les policiers», assure-t-il, reconnaissant son implication dans cette affaire. Appelée à témoigner dans le cadre de faits remontant au 6 octobre 2018 à Esch-sur-Alzette, sa maman avait indiqué : «Quand il a bu, il devient violent et je pense qu’il avait bu ce jour-là.»
Dix-huit mois requis
Le presque trentenaire est également accusé de coups et blessures volontaires sur une autre de ses anciennes compagnes et de l’avoir menacée de mort ainsi que le nouveau compagnon de celle-ci. Les parents du prévenu ont assisté à une partie des faits.
«On s’est disputés, elle m’a tiré par les cheveux et je l’ai poussée contre un fauteuil pour la faire lâcher prise», assure le prévenu qui nie ces faits et argue une mauvaise compréhension de la langue française par ses parents.
La représentante du parquet n’a pas retenu cette explication et a estimé que les infractions étaient données dans les deux affaires. Elle a requis une peine de prison de 18 mois à l’encontre d’Emmanuel et ne s’est pas opposée à un sursis, son casier judiciaire étant vierge.
«Acharnement judiciaire»
«Mon client ne peut nier les faits survenus l’an passé, mais il en va autrement de l’autre affaire», rétorque Me Knaff avançant l’argument du dépassement du délai raisonnable. «Tout n’est pas exact dans le témoignage de la victime présumée. (…) Il faut donc être prudent.» Emmanuel ne lui aurait pas asséné des coups de poing, mais l’aurait repoussée en état de légitime défense.
«L’infraction de coups et blessures volontaires n’est pas établie à suffisance», juge-t-il. Quant aux menaces, «elles n’ont pas impressionné le parquet qui a mis quatre ans à porter l’affaire face au tribunal». L’avocat a demandé que «le prévenu ne soit pas condamné dans cette affaire».
Il a finalement estimé que «l’acharnement judiciaire» dont son client avait été victime valait bien un sursis intégral ou un travail d’intérêt général en lieu et place d’une privation de liberté. Après tout, ajoute-t-il, il n’a pas constaté de circonstances aggravantes.
Le prononcé est fixé au 16 février.