Alors que son Avatar : The Way of Water fait un carton mondial, James Cameron a laissé ses empreintes au célèbre Chinese Theater d’Hollywood. Et fait part de quelques réflexions sur le cinéma post-pandémie.
L’immense succès en salles d’Avatar : The Way of Water, le deuxième volet de la saga de James Cameron dont les recettes approchent les deux milliards de dollars au box-office mondial, prouve que «le cinéma est de retour» après la pandémie, selon le réalisateur canadien. «Nous avons eu un an pour voir que cette résurgence n’est pas un accident, ou juste un film», a expliqué le cinéaste jeudi à Los Angeles, en prenant en exemple d’autres longs métrages qui ont fait revenir les foules en salles aux États-Unis en 2022 : Top Gun : Maverick, Black Panther : Wakanda Forever et Spider Man : No Way Home. Avec ces succès populaires, auxquels s’ajoute le carton du nouvel Avatar, «il y a une tendance», a jugé James Cameron devant l’illustre Chinese Theater, à Hollywood, où il a laissé ses empreintes lors d’une cérémonie honorant sa carrière.
Top Gun Maverick : supersonique !
Treize ans après le premier volet, qui reste à ce jour le plus gros succès de l’histoire du cinéma avec 2,9 milliards de dollars de recettes, Avatar : The Way of Water semble marcher dans les pas de son prédécesseur. Cette fable sous-marine à grand spectacle, tournée en 3D, caracole en tête des billetteries américaines et est déjà le septième meilleur film de l’histoire au box-office mondial. De quoi revigorer un peu l’industrie du cinéma, à laquelle la concurrence du streaming et l’apathie suivant la pandémie avait donné des sueurs froides. Aux États-Unis, environ 500 salles ont fermé depuis la pandémie, selon l’Association nationale des exploitants de salles (NATO). Et Cineworld, le groupe britannique propriétaire de Regal Cinemas, la deuxième chaîne américaine de salles, est en pleine restructuration après avoir déposé le bilan cet automne.
Changement d’habitudes
Dans une industrie convalescente, le réalisateur de Titanic (1998) et Terminator (1984) reste intimement persuadé de la capacité d’adaptation du 7e art. «Je pense que les films ne mourront jamais», insiste-t-il. «Comme culture et comme société, nous avons besoin de nous retrouver dans ces grands espaces, avec des centaines d’inconnus.»
Le cinéaste de 68 ans reconnaît pourtant que les habitudes de sortie ont changé. Le deuxième volet subaquatique de sa saga, où les indigènes Na’vi, ces grands humanoïdes bleus vivant en harmonie avec leur planète, Pandora, doivent lutter contre un nouvel envahisseur venu de l’espace, arrache partout les spectateurs au confort de leur canapé. Mais le goût retrouvé du public pour le grand spectacle et le divertissement ne ruissellent pas pour autant vers le cinéma d’auteur ou indépendant. «Je décerne un certain type de films que les gens veulent aller voir au cinéma, et un autre type pour lesquels ils n’iront pas», résume James Cameron. En ce sens, «le streaming a une place très importante et très riche» à tenir pour la diversité de l’offre cinématographique, selon lui.
Sommet technologique, Avatar : The Way of Water emmène la 3D vers de nouveaux horizons et permet au réalisateur, plongeur averti et végétalien, d’offrir une variation sur les thèmes de la saga : la protection de la nature, menacée par un impérialisme écocide.
Simple et universel
Cette suite ne jouit pourtant pas du même succès d’estime : après un accueil partagé de la critique, le film est reparti bredouille des Golden Globes mardi. Nommé à deux reprises, comme meilleur film et pour son réalisateur, Avatar : The Way of Water n’a pas fait le poids face à Steven Spielberg et son autobiographie romancée The Fabelmans; en 2009, son prédécesseur (quatre nominations) avait raflé la récompense ultime des Golden Globes et valu la statuette de meilleur réalisateur à James Cameron.
Avatar : The Way of Water n’a pas non plus reçu de nomination pour les récompenses remises par ses pairs du syndicat des réalisateurs américains (DGA). «C’est la nature de l’art, on ne peut pas plaire à tout le monde», évacue le Canadien, qui assume le côté simple et universel de sa franchise, dont les deux prochains volets sont déjà en préparation. «Les critiques (…) pensent qu’une certaine forme de sincérité, où l’on met son cœur à nu, n’est pas assez sophistiquée, voire naïve», regrette le cinéaste. «Pour moi, c’est un point de vue pseudo-intellectuel.»
L’univers d’Avatar «parle à toutes les cultures du monde», se réjouit-il, en expliquant que le second volet «approche le statut de film le plus vu de l’histoire en Ukraine», envahie par la Russie, comme peut l’être Pandora dans le film. «Cela veut dire que lorsque les missiles s’arrêtent et que le courant revient, les gens sortent au cinéma», souffle-t-il. «Donner de l’espoir à l’Ukraine, c’est ce qui fait que ce travail en vaut la peine, pas l’argent ou les récompenses.»