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La fin du tout public ?

Le logement sera un des sujets de campagne majeurs en vue des législatives de cet automne. Comme d’habitude, serait-on tenté de dire. Car le Luxembourg et ses gouvernements successifs n’ont jamais réussi à trouver de solution efficace et durable pour créer davantage d’unités d’habitation. Le déficit est particulièrement important dans le domaine des logements à prix abordable. En attendant, la spéculation foncière s’est envolée.

Une triple question se pose aujourd’hui. Est-ce que la «fête» est vraiment terminée sur le marché de l’immobilier ? Le secteur tire en tout cas la sonnette d’alarme en annonçant qu’il risque d’y avoir un millier de logements non construits cette année, faute d’investisseurs. L’autre interrogation clé porte sur la capacité des partis à dénicher et imposer la formule magique. Ou, du moins, un paquet de solutions ayant un impact fort et immédiat.

Ce vendredi matin, le CSV va présenter son offensive pour le logement, certainement non sans fustiger la faillite du gouvernement sortant dans ce dossier. La coalition en place a au moins le mérite d’avoir enfin ficelé un paquet de taxes pour contrer la spéculation. Il faudra encore des années avant que ces mesures produisent leurs effets. Et un vote à court terme de la réforme du bail à loyer, entretemps décriée, s’éloigne.

Finalement, il faut se poser la question de savoir pourquoi le ministère du Logement a attendu que le secteur se trouve au bord du gouffre pour quitter (temporairement ?) le chemin du tout public. Son premier conseiller a confirmé hier sur la radio 100,7 que l’État est bien décidé à acquérir une douzaine de projets de logement réalisés par le privé. Très longtemps, le soin a été laissé aux promoteurs publics de construire des logements abordables. Les quelques petites unités annoncées ou réalisées récemment par le Fonds du logement ne constituent qu’une goutte d’eau dans la mer. Les projets d’envergure sur les friches industrielles à Dudelange, Wiltz et Esch-Schifflange ne seront pas prêts de sitôt. Du coup, l’acquisition de projets privés est une piste à creuser plus sérieusement. La condition est toutefois que les promoteurs privés ne s’enrichissent pas outre mesure sur le dos de citoyens qui connaissent les pires difficultés à se loger dignement.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Dans le logement, on ne peut vraiment pas parler de « tout public ». Bien au contraire, avec 75% de propriétaires et des promoteurs qui construisent ça et là, c’est bien le privé qui gagne et qui pousse les prix vers le haut! De plus, la croissance de la population a été largement sous-estimée ces dernières années.