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Nordstrooss : une inauguration historique!


Le ruban a été coupé ce mercredi après-midi. (photo Hervé Montaigu)

L’inauguration officielle de la Nordstrooss a eu lieu ce mercredi après-midi en présence du Grand-Duc et de nombreuses personnalités. L’ouverture aux véhicules a lieu à 19h30. Elle marque la fin de décennies de palabres et d’un chantier titanesque de près de vingt ans.

Les photos de l’inauguration, ce mercredi après-midi :

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Comme Rome, la route du Nord ne s’est pas faite en un jour, loin de là. Il a fallu des dizaines d’années de discussions et de travaux avant de parvenir à l’inauguration de ce mercredi. Retour sur un long périple commencé avant-guerre.

ANNÉES 1930

Les premières discussions sur l’opportunité de construire une grande route reliant le sud et le nord du pays ont commencé dans les années 1930. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce projet n’était plus d’actualité, les investissements allant alors vers d’autres priorités.

1950

Les Européens fixent, à Genève, les grandes lignes du réseau autoroutier européen. Trois de ces axes passent par le Luxembourg, assurant notamment les liaisons entre la France et l’Allemagne.

Vue aérienne des travaux près de Roost.

Vue aérienne des travaux près de Roost.

ANNÉES 1960

L’idée d’une route reliant Luxembourg au nord du pays trouve un écho grandissant au sein de la population.

1967

Les députés votent la création d’une grande voirie de communication et un fonds des routes.

1972

De nouvelles loi affinent celle de 1967, définissant notamment le programme de la grande voirie, le mode d’exécution ou encore la procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique. Ce programme comprenait déjà la route du Nord, mais le projet n’est pas considéré comme prioritaire pour le gouvernement de l’époque.

ANNÉES 1970

La priorité va à la liaison autoroutière entre la France et la Belgique, dont la construction s’achève au début des années 1980.

ANNÉES 1980

Les habitants du Nord sont en colère car ils estiment être mis à l’écart du développement du pays. Le gouvernement réagit en décidant la construction des contournements d’Ettelbruck et de Schieren.

1989

Ouverture du contournement d’Ettelbruck.

L'achèvement de la route du Nord marque la fin d'un très long processus. (photo Hervé Montaigu)

L’achèvement de la route du Nord marque la fin d’un très long processus. (photo Hervé Montaigu)

DÉBUT DES ANNÉES 1990

Avec l’achèvement de l’autoroute de Trèves en 1992, le projet de route du Nord entre dans une phase décisive. Marcel Schlechter, alors ministre des Travaux publics, propose une variante «écologique» de la route, prévoyant des viaducs et des tunnels tout au long de la vallée de l’Alzette. Mais face à l’opposition des habitants, de l’urbanisation très dense de cette partie du pays et des risques accrus d’inondation, ce tracé est abandonné. Robert Goebbels, qui succède à Marcel Schlechter aux Travaux publics, propose la variante «Est» reliant le Nord au Findel et à l’autoroute de Trèves. Les verts et les associations écologistes, déjà opposés à la route du Nord, sont vents debout contre cette variante en raison des dégâts qu’elle occasionnerait au «Gréngewald».

1992

Malgré la très vive opposition des défenseurs de l’environnement, les députés votent à 74,5  % en faveur de la variante «Est». Les débats, aussi bien politiques que techniques, se poursuivent cependant pour fixer un tracé définitif, le plus respectueux de l’environnement. Des études sont publiées dont la fameuse étude «Basler» préconisant le creusement d’un tunnel de plus de 8 kilomètres sous le «Gréngewald», projet abandonné en raison de son coût mais aussi des risques inhérents à ce type d’ouvrage.

En 1995, le ministre des Travaux publics de l'époque, Robert Goebbels, présente le tracé presque définitif de la route du Nord.

En 1995, le ministre des Travaux publics de l’époque, Robert Goebbels, présente le tracé presque définitif de la route du Nord.

1993

Ouverture du contournement de Schieren. Les deux contournements débouchent cependant sur une voie rapide à 3 voies et non à une 2  x  2 voies comme initialement prévu, projet abandonné pour des raisons budgétaires alors que le pays continue à encaisser les conséquences de la crise sidérurgique.

1995

En février, Robert Goebbels présente le tracé quasiment définitif de la route. Comme prévu, elle sera raccordée à l’autoroute de Trèves à hauteur du Kirchberg, traversera le «Gréngewald», passera en dessous du «Stafelter» et du «Grouft», franchira la vallée de l’Alzette pour rejoindre le contournement de Mersch. Le projet est adopté par le Parlement en 1996.

1996

Les premiers 8,6 kilomètres de la route du Nord sont inaugurés en juillet. Il s’agit du tronçon de l’échangeur Fridhaff jusqu’au contournement de Schieren.

«Route du Nord, non merci», proclame ce panneau en 1997. Les mouvements écologistes se sont fortement opposés à la construction.

«Route du Nord, non merci», proclame ce panneau en 1997. Les mouvements écologistes se sont fortement opposés à la construction.

2001

Le deuxième tronçon de la route est inauguré le 16 novembre. Cette véritable autoroute relie Mersch à Colmar-Berg. Plusieurs échangeurs sont mis en service les années suivantes.

2015

Inauguration du dernier tronçon, ce mercredi 23 septembre, en présence du ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, qui fut un opposant historique à la construction de la route du Nord.

Le ministre François Bausch lors de l'inauguration. Derrière, l'opposant d'alors.

Le ministre François Bausch lors de l’inauguration, ce mercredi. Derrière, le même François Bausch, alors farouchement opposé au projet.

François Bausch choisit l’humour

Il a accordé l’accès au lieu très surveillé de l’inauguration de l’A7 au Mouvement écologique qui est venu protester à l’inauguration. Un dernier baroud d’honneur auquel François Bausch se serait bien rallié s’il n’avait pas eu cette délicate mission de couper le ruban de cette autoroute qu’il a si farouchement combattue. « C’est vraiment moche que ce soit moi. Mais des fois, l’histoire nous joue des tours! » L’actuel ministre écolo du Développement durable manifestait, il y a 20 ans, contre ce projet et ce mercredi après-midi, il n’a pas manqué de piquer son discours de doses d’humour plus que jamais de rigueur en cette circonstance.

« J’ai prévu de passer une petite vidéo (ndlr : photo ci-dessus), ce sera très drôle je pense », riait le ministre avant la cérémonie. Plus sérieusement, il se dit « content » que cette autoroute soit enfin livrée aux automobilistes, car « aucun autre chantier n’aura déchaîné autant de passion que celui-là », pose-t-il en grand témoin de l’histoire. Il compte bien être un peu critique aussi dans son discours, pas seulement drôle, pour rappeler « que les variantes n’ont finalement pas été discutées de manière sereine, mais émotionnelle ›. Il estime « normal », pour un écolo, de défendre le Gréngewald, « un des plus importants massifs forestiers du pays, un site Natura 2000 », et toucher à sa faune et sa flore c’est toucher « le cœur de l’écologie », estime le ministre.

G. M.

Lire aussi Route du Nord : le bout du tunnel (avec des photos de l’actuelle route)

Le Quotidien