Au plus fort de la pandémie, des «illuminés» ont eu une réflexion imbattable : en effectuant moins de tests PCR, on va détecter moins de personnes infectées et il n’y aura plus aucun besoin d’imposer des restrictions sanitaires. Le nouveau gouvernement italien d’extrême droite, emmené par Giorgia Meloni, développe désormais une réflexion similaire, mais dans un tout autre contexte : limiter le nombre d’opérations de sauvetage que les ONG sont autorisées à faire en haute mer pour réduire le nombre de migrants arrivant en Italie.
Ce genre de réflexion est tout simplement odieux. Car, quelle en est la conséquence? Les migrants en détresse qui ne peuvent pas être secourus, sur base d’un simple décret, sont froidement condamnés à la mort. Aux portes d’une Union européenne qui place la dignité humaine tout en haut de ses valeurs, si souvent mises en avant pour justifier le soutien apporté à l’Ukraine face à l’agresseur russe.
Il est aberrant de devoir rappeler que la décision du gouvernement italien est contraire aux lois internationales et conventions maritimes, qui obligent tout navire à porter secours à toute personne en danger de se perdre en mer. Et que font les garde-côtes italiens? Ils ont fait pendant deux jours la sourde oreille à des appels à l’aide d’une cinquantaine de migrants en détresse avant de finir par les secourir.
Tout cela rappelle de manière aberrante les trois singes (apparemment pleins de sagesse), dont le premier se bouche les oreilles, le second se cache les yeux et le troisième se ferme la bouche. Cette critique ne vaut cependant pas seulement pour l’Italie, qui a accueilli plus de 105 000 migrants en 2022. Très peu des 26 autres pays membres de l’UE se sont montrés solidaires pour permettre une répartition équitable de ces personnes. Pire : on a accepté sans trop broncher que les garde-côtes européens de Frontex se rendent coupables de «pushbacks», des refoulements illégaux de bateaux de migrants en pleine mer.
Il est simple de louer la réaction de l’UE à la pandémie, à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique qui en découle. Sans mécanisme de solidarité digne de ce nom, combiné à des couloirs migratoires sûrs, les fameuses valeurs européennes ne resteront, par contre, que des paroles en l’air.