Un regard martial, des soldats fraîchement décorés en arrière-plan qui fixent la caméra sans ciller… Les vœux télévisuels du Nouvel An de Vladimir Poutine ont été glaçants et malaisants. Cela en dit long sur ce qui nous attend pour l’année 2023. Lors de cette allocution, le maître du Kremlin a inversé les rôles en pointant du doigt l’Europe et les États-Unis, coupables selon lui d’avoir préparé «l’agression» dont a été victime la Russie par le biais de l’Ukraine. Ce sont nous les va-t-en-guerre, il n’est qu’une victime qui se défend… en tentant d’envahir un pays. Lui qui avait nié la préparation de l’attaque et juré la main sur le cœur, les yeux dans les yeux avec le monde, que les troupes amassées le long des frontières étaient juste là pour s’entraîner. C’était il y a un an maintenant. Aujourd’hui, cette «opération spéciale» est une guerre qui va encore durer. «Jusqu’à la victoire», a assuré samedi Vladimir Poutine. Vu la situation sur le terrain, reste à savoir dans combien d’années aura lieu cette fameuse victoire. Et surtout dans combien de morts.
Les soubresauts du conflit ukrainien et ses conséquences sur l’économie mondiale vont encore rythmer cette nouvelle année 2023. Actuellement, personne ne semble vouloir gagner la paix, l’objectif, que ce soit à Kiev ou à Moscou, est surtout d’anéantir l’ennemi. Il va être difficile de rassembler les deux parties autour d’une table pour négocier un simple arrêt des hostilités. Trouver un compromis pour arriver à une paix durable semble un doux rêve inaccessible. Moscou s’est caparaçonné dans sa position idéologique, dans son concept du seul contre tous. La Russie est apparue au fil des mois de guerre comme un géant aux pieds d’argile, incapable de gérer un conflit qu’elle a elle-même déclenché à sa porte. Et impossible de revenir en arrière. Le Kremlin ne doit pas se discréditer : le groupe qui tient les rênes du pays ne peut risquer de se retrouver subitement isolé et menacé dans son propre pays. Les canons vont donc continuer à tonner. L’Ukraine va devoir tenir et nous aussi… Moscou s’impatiente également parce que nous ne nous sommes pas encore lassés d’aider les Ukrainiens à sauver leur nation.