De Stella McCartney à Victoria Beckham en passant par Jean-Charles de Castelbajac et Claudia Schiffer, le monde de la mode rend hommage à la créatrice britannique engagée Vivienne Westwood, icône punk décédée jeudi à 81 ans.
« L’obsession de Vivienne Westwood était de changer nos habitudes en changeant le monde », a résumé le styliste français, Jean-Charles de Castelbajac, saluant une « femme merveilleuse, courageuse et déterminée dans ses convictions », qui l’a fasciné dès leur première rencontre avec ses « T-shirts en os de poulet ».
« Sa force était qu’elle ne parlait pas seulement de mode, mais de conscience », a-t-il ajouté, rappelant que « son ultime combat et son ultime tristesse ont été les conditions de vie de Julien Assange ». Elle avait d’ailleurs dessiné la robe de mariée de son épouse, Stella Assange, qui lui a rendu hommage sur Twitter.
Ultra-politisée et engagée en faveur de l’environnement, la grande dame de la mode s’est éteinte, entourée de sa famille à Clapham, au sud de Londres.
« Moquée par l’industrie de la mode, elle est indéniablement la reine incontestée de la mode britannique », a tweeté le styliste et musicien britannique Boy George.
« Je suis si triste d’apprendre la mort de la créatrice et militante légendaire, Dame Vivienne Westwood », a pour sa part posté sur Instagram l’ancienne Spice Girl, Victoria Beckham, reconvertie dans la mode.
Pleurant la disparition de « l’une des plus rares icônes britanniques de la mode », sa consœur et compatriote Stella McCartney a salué sur le même réseau celle qui a « inventé le punk » et « inspiré sa carrière avec bravoure ».
Le mannequin Claudia Schiffer a également rendu hommage à son « génie » et « sa voix unique, qui sera irremplaçable et regrettée ».
D’autres célébrités issues du monde du cinéma ont aussi témoigné leur admiration. « Repose en punk », a ainsi écrit l’actrice américaine Jamie Lee Curtis, la star de Sex and the city Kim Cattral saluant également une « légende ».
« Impératrice du punk »
Elle a été à la fois « l’impératrice du punk » et la créatrice star de la mode britannique : connue pour ses créations excentriques, Vivienne Westwood est décédée après avoir fait pendant plus de cinquante ans de la mode une tribune politique.
Née Vivienne Swire – Westwood est le nom de son premier mari avec lequel elle restera quatre ans – le 8 avril 1941 dans un petit village du comté de Derbyshire (centre de l’Angleterre), elle est l’aînée d’une famille modeste de trois enfants.
Elle quitte sa région natale à 17 ans pour Londres où elle étudie la mode. Sa rencontre avec Malcolm McLaren, le futur manager des Sex Pistols, change sa vie.
Animé par le même désir de rompre avec la génération « Peace and Love », le couple se lance dans la confection de vêtements et ouvre une boutique sur King’s Road en 1970.
T-shirts porno, tenues SM, escarpins à talons aiguilles ou collants en vinyle composent les panoplies que Vivienne Westwood porte devant des passants médusés. Le succès est au rendez-vous. Leur proximité avec les « Sex Pistols », dont le tube « God save the Queen » est un succès mondial, ancre le couple dans l’univers punk.
C’est à cette période qu’elle dessine son célèbre T-shirt arborant le visage de la reine Elizabeth. En 1981, elle organise son premier défilé à Londres, qu’elle nomme « Pirates ».
Si elle va, au fil des années, s’éloigner des tenues BDSM (bondage, domination soumission et sado-masochisme), elle ne trahira jamais son esprit punk.
« Ce que je fais aujourd’hui, c’est toujours punk. Il s’agit toujours de crier contre l’injustice et de faire réfléchir les gens même si c’est inconfortable. Je resterai toujours punk dans ce sens », avait-elle confié à Ian Kelly.
Pasionaria écolo
Irrévérencieuse toujours, comme en 1992 où elle est photographiée à la sortie de Buckingham Palace sans sous-vêtements. La créatrice venait d’être fait officier de l’Empire Britannique (OBE) par la reine et avait dévoilé ses parties intimes en faisait tourbillonner sa jupe.
Mais surtout, Vivienne Westwood demeure une créatrice de mode ultra-politisée. Des convictions qu’elle a défendues sur ses podiums.
Au centre de ses combats, son engagement pour l’environnement. Pionnière, elle appelait, dès 2008, l’industrie de la mode à prendre en compte le changement climatique et enjoignait les consommateurs à ne pas constamment acheter des vêtements, même si ses détracteurs pointaient ses contradictions en la matière.
Son autre grand combat a été la défense de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, arrêté en 2019 après avoir passé plus de sept ans réfugié dans l’ambassade d’Equateur à Londres. La même année, elle dénonçait durant l’un de ses défilés « la corruption du gouvernement et la mort de la justice ».
Un an plus tard, elle apparaissait dans une cage géante devant un tribunal londonien pour protester contre son extradition.
WikiLeaks a tweeté la nouvelle de la mort de Westwood avec des photos d’elle et de Julin Assange côte à côte, portant le même T-shirt conçu par Westwood, et ajoutant: « Rest in Power » (« Repose en puissance »).
« Le monde est déjà un endroit moins intéressant » sans Westwood, a tweeté pour sa part Chrissie Hynde, qui avait travaillé pour SEX, le magasin de vêtements de la créatrice, avant de former le groupe Pretenders.