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Bonnes résolutions

Les débats, jeudi, à la Chambre sur la hausse du salaire social minimum (SSM) ont été par moments désolants. Un exemple : la querelle juridique sur l’automatisme ou non de l’adaptation biennale de la rémunération minimale qu’un travailleur doit toucher au Luxembourg. Il n’est pas faux d’affirmer que le gouvernement a fanfaronné à la sortie de la tripartite sur une augmentation du SSM de 3,4 % en 2023. Une telle progression est pourtant acquise dès que le revenu moyen est en hausse. Sans surprise, les députés ont validé ce montant à l’unanimité. Au moins, un signal a été envoyé au patronat, sommé de faire preuve d’une solidarité que la Chambre des métiers et la Chambre de commerce ne cautionnent pas.

Toute cette discussion ne change néanmoins rien au fait que le salaire minimum, qui passera à quelque 2 390 euros (non qualifié) et 2 865 euros (qualifié) à partir de janvier, n’est pas suffisant pour vivre dignement au Grand-Duché. Selon le Statec, 16,2 % des ménages ont un niveau de vie inférieur à 2 000 euros. En 2021, 22,6 % des ménages déclaraient avoir des difficultés à joindre les deux bouts. Le risque de pauvreté guette toujours plus de 18 % de la population.

Si le filet de protection sociale du Grand-Duché est solide, les failles restent importantes. Lors de la présentation de son rapport sur le budget de l’État, Max Hahn (DP) a plaidé pour un accès facilité des plus vulnérables à la large panoplie d’aides qui existe pour les soutenir. Un pas important, mais insuffisant sur la durée. «Connaissant l’ampleur de la crise sociale, il est trop simpliste de botter en touche», plaide dans nos colonnes Djuna Bernard (déi gréng). Au DP, une petite porte est ouverte pour agir encore avant les élections. Convaincre le LSAP, le troisième parti de la coalition, n’est pas nécessaire.

En cette fin d’année 2022, il est acté que la hausse de près de 500 euros du SSM sur les dix dernières années est insuffisante. La clé ne sera pas forcément d’augmenter encore davantage ce seuil minimal, mais d’enfin tacler les prix du logement. Pour rendre plus équitable la redistribution de la richesse créée, une réforme du système fiscal est également indispensable. Il est temps de prendre de bonnes résolutions.