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Enjeu sociétal

Non, il n’y aura pas de révolution. On ne pouvait d’ailleurs pas s’y attendre, même si la Chambre des députés a débattu, hier, de la proposition de transformer le Grand-Duché en République. Sans aucune surprise, l’initiative du parti déi Lénk a été largement rejetée par 51 députés sur les 53 ayant participé au vote. La tête du Grand-Duc est donc sauve.

Il faut néanmoins souligner que la proposition de nouvelle loi suprême, portée par le petit parti de gauche, va bien au-delà de la revendication d’abolir la monarchie. La Constitution défendue par déi Lénk devait servir de base à un nouveau projet sociétal avec à la clé une citoyenneté qui n’est plus exclusivement basée sur la nationalité, un catalogue de droits fondamentaux (logement, travail digne, éducation, etc.) recouvrables en justice ou encore une participation citoyenne plus appuyée.

Au centre figurait une réduction des inégalités sociales, avec quand même un brin de révolution. «Notre système sociétal actuel, qui est au profit du bien-être d’une minorité, est devenu insupportable», clame ainsi la députée Nathalie Oberweis, qui réclame une «remise en question des privilèges». Sans changement fondamental, les crises à répétition vont continuer à s’enchaîner, estime encore déi Lénk.

Est-ce que le Luxembourg doit devenir une République pour se remettre en question? En tout état de cause, les enjeux en prévision de l’année électorale 2023 sont énormes. Les partis sont amenés à proposer des concepts ambitieux pour enfin réduire les inégalités sociales qui se creusent, en dépit de la richesse du pays, ou pour rendre plus équitable le système fiscal et, donc, la redistribution de cette même richesse.

S’y ajoute, notamment, l’incontournable transition écologique. Et puis, il ne faut pas perdre de vue le déficit démocratique, qui devient aussi d’année en année plus important. Dans un avenir plus si lointain, une minorité de nationaux élira un Parlement prenant des décisions pour une majorité de résidents non luxembourgeois.

La Constitution révisée, qui sera en fin de compte adoptée demain soir, va poser un cadre qui nécessitera toutefois une action politique décidée du prochain gouvernement, avec le soutien de la Chambre et de toutes les forces vives de la nation.