Les « niveaux alarmants » de consommation d’alcool, de tabagisme et d’obésité en Europe menacent la prochaine génération, qui pourrait vivre moins longtemps que celle actuelle, a prévenu l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un rapport publié mercredi.
Ce rapport sur la santé en Europe, réalisé tous les trois ans, couvre 39 pays dont les membres de l’Union européenne et d’anciennes Républiques soviétiques. « La région européenne enregistre les taux les plus élevés au monde en termes de consommation d’alcool et de tabagisme et, en ce qui concerne les taux de surpoids et d’obésité, elle se classe juste derrière la région des Amériques », souligne l’étude.
Ainsi 59% de la population est en surpoids ou obèse tandis que 30% de la population fume. Quant à la consommation d’alccol pur, selon des chiffres datant de 2010, elle est de onze litres d’alcool pur par an et par personne en moyenne dans la région. Certes, « les taux de tabagisme baissent partout -sauf à de très rares exceptions- mais l’obésité augmente », a expliqué Claudia Stein, directrice de la recherche du bureau européen de l’OMS.
« Nous ne voulons pas gagner la guerre contre l’alcool et perdre celle contre l’obésité, ou bien nous pourrions simplement effacer les progrès relevés dans ce rapport », a-t-elle ajouté. Selon elle, si ces taux ne baissent pas, « nous risquons de remettre en cause les progrès réalisés en matière d’espérance de vie, ce qui pourrait signifier que la prochaine génération pourrait vivre moins longtemps que nous ».
Différences d’espérance de vie « inacceptablement élevées »
Ces niveaux « alarmants » menacent également les progrès qui ont été accomplis en matière de baisse de la mortalité prématurée, ajoute le rapport de l’OMS, alors que ces décès liés à des maladies non transmissibles (NMT) -dont des cancers, des maladies cardio-vasculaires, le diabète ou les maladies respiratoires chroniques- sont en recul. « Nous sommes en bonne voie, ce qui est une excellente nouvelle mais nous ne devons pas quitter l’objectif des yeux, nous devons faire plus en matière de facteurs de risque si nous voulons vraiment atteindre les objectifs en 2020 », qui est une réduction de la mortalité prématurée de 1,5% par an d’ici 2020, souligne Claudia Stein.
L’OMS souligne par ailleurs que les différences en termes d’espérance de vie à la naissance et de mortalité infantile ont diminué entre les pays de la région mais qu’elles restent « inacceptablement élevées ».
Selon des chiffres datant de 2010 cités dans le rapport, l’écart d’espérance de vie est de 11 ans entre le haut et le bas du classement. En France, Italie et Espagne, l’espérance de vie moyenne est ainsi de 82 ans, contre 71 ans en Russie ou en Moldavie. L’OMS a précisé avoir eu des difficultés à obtenir les données statistiques auprès de certains pays, ce qui peut nuire à la « fiabilité » et l’exactitude » des taux présentés dans le rapport.
AFP / S.A.