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BGL Ligue – C’est grave docteur ?


(Photo : Archive LQ)

Sanel Ibrahimovic, le buteur du F91, traverse sa pire période de vache maigre des trois dernières années.

Le Bosniaque, meilleur réalisateur de DN des deux dernières saisons, n’a plus marqué depuis cinq rencontres, chose qui ne lui était plus arrivé depuis l’automne 2012 avec la Jeunesse, quand il était resté six matches sans inscrire le moindre but.

Si ce n’était pas lui, si ce n’était pas Dudelange, il faut être franc, qui s’en soucierait? Le long silence de Sanel Ibrahimovic, recrue star du mercato estival, passé de la Vieille Dame eschoise vers le F91 pour quelques dizaines de milliers d’euros et flanqué du titre de meilleur buteur des deux dernières saisons (21 et 22 réalisations), dure depuis le 9 août. Il n’a plus marqué depuis la 71e minute d’une démonstration de force contre Rosport (7-1), qui avait déjà convaincu tout le monde de ce que le grand F91 conquérant était de retour.

Depuis, c’est le grand vide. Pour lui et un peu pour son club qui, s’il a fait un très honnête onze sur quinze au niveau des points, s’est remis à patiner dans les grandes largeurs offensivement : six buts inscrits en cinq journées, dont deux miraculeux (des frappes de plus de 25 mètres aux trajectoires improbables de Nakache et Pedro). Son rythme de vie, qui s’était singulièrement monacalisé ces deux dernières saisons, reprend son rythme d’ascète, à 1,2 but en moyenne par rencontre depuis la 3e journée.

Il est à jeun depuis 355 minutes

Mais revenons au Bosniaque, puisqu’il a acquis dans ce championnat l’aura nécessaire pour être érigé en symbole d’un certain dysfonctionnement de l’attaque dudelangeoise. Sanel Ibrahimovic est très en retard sur ses temps de passage des deux précédentes saisons. Après sept journées avec la Jeunesse, en 2013, il affichait dix buts à son compteur personnel. C’était huit en 2014, toujours avec le club eschois. Aujourd’hui, il n’en est qu’à quatre et, surtout, il traverse une crise de foi relativement rare chez lui : il est resté muet lors des cinq dernières journées de championnat.

La dernière fois qu’une telle hérésie était survenue date de l’automne 2012, il y a trois longues années. «Ibra», qui entre ces deux périodes de vaches maigres n’est resté qu’à deux reprises plus de deux rencontres de DN sans marquer, avait alors traversé un long et pénible jeûne de 495 minutes. Il n’en est aujourd’hui qu’à 355 minutes. Il n’y a donc pas le feu au lac. Sauf si l’on se pique d’établir un lien direct entre son manque de réussite devant le but et le rendement faiblard des offensives dudelangeoises. Dans ce cas-là, si, c’est préoccupant.

Pour l’heure, son association avec l’autre recrue de l’été, un Frédéric Marques arrivé très tard, n’a accouché de rien de probant. Et encore moins de quelque chose qui se sente au niveau statistique : en dix minutes à Hamm, 70 minutes contre le Progrès et 67 minutes à Grevenmacher, aucun des deux n’a fait avancer d’une virgule ses statistiques personnelles. Marques, lui, découvre tout. Une équipe, des stades, des adversaires, un championnat. Mais Ibrahimovic? C’est quoi le hic?

«Il ne fait pas du tout le même boulot»

«C’est parce qu’il ne fait pas du tout le même boulot qu’à la Jeunesse», assure un Yassine Benajiba qui l’a connu aussi dans son ancienne équipe de la Jeunesse et était déjà à ses côtés lors de sa précédente période de doutes. «Aujourd’hui, avec Dudelange, il court pendant 90 minutes derrière les défenseurs et il amène beaucoup à l’équipe comme ça.» Le microcosme du football aurait-il oublié que l’influence d’un Ibrahimovic ne se mesurait pas qu’à ses buts? C’est peut-être parce qu’il en a rarement, si ce n’est jamais, été autrement. «Mais au F91, ajoute Benajiba, il y a beaucoup d’individualités. Lui bosse plus défensivement et cela lui coûte en lucidité devant le but. Mais ce n’est pas un souci pour lui, cela ne l’obnubile pas. Il n’en parle même pas et puisque vous en parlez et que vous allez l’écrire, je suis sûr que sous peu, il va vous mettre un doublé, voire un triplé.» Histoire de faire cesser séance tenante tout discours qui relèverait du crime de lèse-majesté.

On a le droit de croire Benajiba sur parole. Ces trois dernières années, «Ibra» a planté, rien qu’en DN, la bagatelle de douze doublés et quatre triplés. Toujours est-il qu’aujourd’hui, il pointe à cinq longueurs d’un Jahier au classement des meilleurs artilleurs du championnat. Bensi et Er Rafik sont, eux, à trois unités. Et tous trois sont à même de le priver d’un troisième titre de meilleur buteur de DN consécutif, chose qui n’a plus été réalisée depuis Mihkhail Zaritski entre 1996 et 1998…

Julien Mollereau