Le Premier ministre grec de gauche, Alexis Tsipras, peaufinait mardi la composition de son gouvernement, qui ne devrait pas différer beaucoup du précédent, pour s’atteler sans perdre une minute au redressement économique et à la gestion de l’afflux de migrants.
Investi lundi soir au lendemain de la victoire électorale qui l’a ramené au pouvoir, Alexis Tsipras, «annoncera très probablement mercredi matin la composition de son gouvernement», a indiqué le porte-parole du gouvernement, Rodolphos Moronis.
Selon l’ex-ministre de l’Intérieur, Nikos Voutsis, qui s’exprimait lundi soir sur la télévision Méga, l’annonce pourrait même intervenir d’ici mardi soir. Dans tous les cas, la nouvelle équipe, dont les postes-clés, notamment des Finances, ne devraient pas changer de titulaire, prêtera serment mercredi matin, a indiqué Alexis Tsipras lui-même.
Un signe de l’urgence qui dicte ses choix pour son nouveau gouvernement, privilégiant, selon un proche de l’équipe dirigeante, continuité, efficacité et coopération avec les partenaires européens.
L’enjeu est de faire passer au plus vite les douloureuses mesures de redressement réclamées par les créanciers UE-FMI, pour accélérer la reprise, et asseoir sa crédibilité à l’extérieur avant l’ouverture des négociations sur une réduction de la dette.
En parallèle, Alexis Tsipras devra donner des gages à son électorat de sa volonté de lutter contre la corruption et le clientélisme gangrenant Etat et économie, et mettre en place une gestion efficace et humaine des flux de réfugiés et migrants qui ont fait de la Grèce leur première porte d’entrée dans l’UE.
Supervision du plan UE-FMI
Le maintien aux Finances d’Euclide Tsakalotos, qui jouit de l’estime de ses pairs de la zone euro après des semaines de négociations du nouveau plan de sauvetage financier, est considéré comme acquis par la presse.
En renfort, Georges Houliarakis, très apprécié lui aussi, et cheville ouvrière de ce plan, qui garantit à Athènes un nouveau prêt de 86 milliards d’euros en échange de réformes et mesures d’économie, se verrait attribuer un ministère où il en superviserait la mise en œuvre. Georges Stathakis resterait aussi à l’Économie.
Panos Kammenos, le paradoxal allié de droite souverainiste de Alexis Tsipras, conserverait lui son cher poste de la Défense, après la reformation de la coalition entre son parti Anel (10 députés) et le parti Syriza de gauche radicale, conférant au nouveau gouvernement une majorité de 155 voix sur 300 au parlement.
Pour présider le Parlement, appelé à voter dès octobre plus de 15 réformes d’envergure, dont de nouvelles coupes dans les retraites et un durcissement fiscal, les noms de Nikos Voutsis, ou de Yannis Dragasakis, numéro deux du premier gouvernement Tsipras, sont aussi avancés.
Le ministre par interim à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, pourrait être reconduit, après une reprise en main très efficace de la prise en charge des flux d’exilés. Dès ce gouvernement investi, AlexisTsipras ralliera Bruxelles pour y participer mercredi au sommet européen convoqué d’urgence sur la crise migratoire, dont il a souligné attendre plus de solidarité.
Ce rendez-vous, qu’il a qualifié de «crucial» sur ce dossier, l’est d’autant plus qu’il doit y renouer le dialogue avec ses partenaires européens.
Premier et seul dirigeant de gauche radicale dans l’UE, il les avait une fois de plus pris par surprise en forçant de nouvelles élections huit mois après son arrivée au pouvoir, pour retrouver l’assise politique perdue en acceptant au final de proroger la tutelle UE-FMI qu’il avait initialement promis de rejeter.
A 41 ans, il a remporté son pari dimanche, recueillant 35,46% des voix, contre 28,10% à l’opposition de droite.
Selon son bureau de presse, M. Tsipras doit avoir à Bruxelles «des rencontres extensives» avec la chancelière allemande, Angela Merkel et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui lui avait rappelé qu’il avait «beaucoup de travail à faire et pas de temps à perdre» en le félicitant lundi.
AFP/M.R.