L’Arantia aborde la phase retour, lors de la 12e journée de LBBL, par un match très compliqué à Esch. Mais avec une arme secrète – enfin de moins en moins : Mykolas Maindron.
Au moment d’aborder la seconde partie de la saison régulière, l’Arantia est dans les clous. Actuelle sixième (5-6) derrière l’intouchable top 5, la formation de Larochette est, pour l’heure, en position de jouer les play-offs malgré une série de six défaites d’affilée en cours de route. Et si son capitaine DJ Wilson est l’attaquant le plus prolifique de son équipe chez les joueurs JICL, derrière lui, on retrouve un nom qui ne dit pas grand-chose au grand public : Mykolas Maindron.
Une dizaine de points de moyenne mais des poussées de fièvre à 25 unités contre la Résidence, 22 contre Gréngewald ou encore 18 la semaine dernière face à Soleuvre. Plutôt pas mal pour un joueur de 18 ans. Qui effectue ses vrais grands débuts en LBBL.
Mais qui est donc ce jeune homme de 1,82 m qui affole régulièrement les compteurs ? Né en France à La Roche-sur-Yon d’un père français et d’une mère lituanienne qui travaillent à la Cour de justice, Mykolas (bien prononcer le «s») est arrivé bébé au Luxembourg.
Et c’est en Lituanie, en 2011, que son destin va basculer : «Tout le monde faisait du foot. Mais on est allés à Kaunas pour assister au championnat d’Europe de basket. Mon premier match, c’était Lituanie – Espagne. Et en quarts de finale, je me souviens qu’on avait perdu contre la Macédoine. J’avais tellement pleuré ! À partir de ce moment, je me suis dit que j’allais faire du basket pour les aider», explique ce grand fan de Mantas Kalnietis, joueur majeur du Zalgiris Kaunas. De retour à la maison, du côté d’Oberanven, il commence donc le basket avec Gréngewald. Et quand il déménage près de Lorentzweiler, quelques années après, c’est à Steinsel qu’il va continuer de se développer.
C’est là que Christophe Ney viendra le chercher : «Il jouait en cadets et était parfois sur la feuille de match en seniors. J’ai entendu du bien de lui. Je suis allé le voir à un match, j’ai bien aimé ce que j’ai vu. Je suis retourné le voir en finale de la Coupe des cadets. On a discuté avec lui et son entourage, on lui a présenté le projet et il nous a rejoints», résume le technicien de l’Arantia.
De passeur à shooteur
Un choix qu’il n’a pas regretté : «Dès le premier entraînement, on voyait qu’il avait largement le niveau. Pendant la préparation, il a joué énormément car Malik (Wilson) était en vacances. C’est un excellent shooteur à trois points, qui n’a pas peur et joue bien les pick and roll. C’était un joueur majeur en cadets, il scorait une trentaine de points par match dans une des deux meilleures équipes. On cherchait quelqu’un qui a un bon shoot et qui peut scorer.»
S’il évolue naturellement en position 1, il peut se décaler également au poste 2 et jouer en même temps que Malik Wilson : «Mykolas est un joueur très important pour nous. Il est très motivé et vient tout le temps dans la salle pour s’améliorer. Il a un peu souffert en début de saison. Mais on a confiance en lui, on lui dit tout le temps de shooter car il est l’un des meilleurs shooteurs de la ligue. Et avec Malik, c’est une bonne combinaison. D’un côté, Malik plus fort physiquement et plus défenseur et de l’autre, Myko qui peut créer son tir, le faire pour les autres, dribbler et jouer en pick and roll. Et on a vu contre Gréngewald, où il met les quatre lancers dans la dernière minute et termine meilleur marqueur, qu’il n’a pas peur», se réjouit son capitaine.
Ce talent offensif inné, Mykolas l’a travaillé : «Au départ, j’étais plutôt bon pour faire des passes. Mais j’ai joué beaucoup de un contre un contre un pote qui était super athlétique et qui était certainement le meilleur défenseur à qui j’ai eu affaire. Si bien que je devais à chaque fois trouver des solutions pour marquer. Et quand je n’y arrivais pas, j’étais énervé et j’allais jouer tout seul pour trouver des trucs.»
À Steinsel, il joue donc les premiers rôles chez les cadets. Et l’année du corona, il commence à s’entraîner avec l’équipe première. L’an passé, il continue de s’entraîner et joue chez les cadets et en seniors B. Une situation qui ne lui convient pas : «Je voulais jouer. Je savais qu’avec Bobby (Melcher) et Noah (Médéot) la porte était fermée. En plus l’équipe devait se qualifier pour les play-offs et le coach fait confiance à ses meilleurs joueurs, c’est compréhensible. Quand j’ai compris qu’il serait compliqué pour moi d’avoir du temps de jeu, je me suis dit que je pouvais apporter des choses à l’Arantia.»
Une décision qui a du mal à passer pour Étienne Louvrier, le coach de l’Amicale : «Mykolas est un marqueur naturel, mais pas encore un joueur de basket complet. Il doit progresser dans sa lecture de jeu, sa qualité de passe, ses déplacements, ses décisions défensives et sa sélection de shoots. On l’avait placé dans un cocon pour qu’il puisse continuer de s’améliorer. En plus avec le décalage de Noah en poste 2 et la blessure de Tom Konen, la porte était grande ouverte pour lui avec nous. Je suis déçu de la manière dont il a quitté le club», indique le technicien, toujours aussi cash.
Bien, mais veut mieux faire
Désormais joueur de l’Arantia, Mykolas Maindron apporte beaucoup à sa nouvelle formation. Même s’il en attend toujours plus : «Je pensais jouer 15-16 minutes mais pas 23. J’ai des stats assez solides mais je ne m’attendais pas à moins, voire à plus. Je suis à 33 % à trois points, j’aimerais bien augmenter cela. J’ai très mal démarré avec un 5/30. Et puis à Walfer, tout est rentré. Si je peux atteindre les 38-40 % vers la fin de la saison, ce serait très bien. Mais je suis satisfait de ma progression entre mes six premiers matches et les six derniers.»
Complètement inconnu en début de saison, le joueur a désormais droit à une attention toute particulière : «J’ai dit aux joueurs de se méfier de leur n° 4. Un bon petit joueur qui met dedans et qui leur fait du bien», explique Franck Mériguet, l’entraîneur du Basket Esch que l’Arantia avait battu lors du premier match de la saison avant de prendre sa revanche en Coupe avec une équipe de Larochette décimée. Samedi, c’est donc la belle : «Si on ne les laisse pas marquer 75-80 pts, on aura une chance», résume Mykolas Maindron. Qui sait qu’il ne peut pas tout miser sur son physique : «En cadets, je marquais de partout. Mais là, les gabarits sont tout de même plus imposants donc pour le moment, je me concentre surtout sur le tir de loin.»
Quid de son avenir ? Lui-même ne le sait pas exactement : «J’ai eu mon bac. Cette année, je me concentre uniquement sur le basket. J’aimerais atteindre le plus haut niveau possible. L’année prochaine, soit je reste au Luxembourg, soit je tente d’aller aux États-Unis ou bien en université à Kaunas avec la possibilité de jouer avec une équipe universitaire et en deuxième ou troisième division. On verra bien.» En attendant, il travaille son physique et son tir grâce à des vidéos de pontes en la matière. On le voit, le jeune homme ne laisse rien au hasard. Déjà redoutable, il a bien l’intention de devenir encore plus fort. Ses adversaires sont prévenus.