En marge de l’inauguration du centre pénitentiaire s’est déroulée une manifestation d’opposition à ce nouveau complexe, jugé comme un «outil de répression» en plus.
Texte : David Weichert / Vidéos : Guillaume Oblet
Ils n’étaient pas nombreux, mais suffisamment visibles et audibles pour être remarqués aux abords de la prison. À l’appel des associations Eran, eraus… an elo, Richtung 22, Second Chance et RISE, quelques dizaines de personnes se sont réunies aux abords du centre pénitentiaire d’Uerschterhaff pour afficher leur opposition à l’ouverture de ce qu’il nomme un «fantasme de répression».
Sous un ciel voilé, discours et saynètes satiriques se sont enchaînés au rythme des voitures officielles qui traversaient la route. Le credo est le même depuis l’annonce de la construction du complexe. À travers cette prison, les associations jugent que le Luxembourg cherche à «masquer» les problèmes liés à son système carcéral, au lieu de les traiter en profondeur.
«Il faut d’abord faire en sorte que les conditions objectives qui créent le crime soient annihilées», proteste Gabrielle, l’une des membres de Richtung 22 qui, pour l’occasion, a monté une courte représentation mettant une scène un conseiller venu «karchérisé» le sud du Luxembourg.
«On joue sur l’insécurité»
Dans les rangs, tous s’accordent sur l’idée que la prison de Sanem a été érigée pour être rapidement remplie. Une «entrave» aux principes démocratiques et à l’État de droit pour les associations, au regard du statut des prévenus, qui sont en attente d’un jugement : «Il s’agit tout de même de personnes présumées innocentes, c’est assez grave de les enfermer», expose Gabrielle.
Pour elle, tout comme pour le porte-parole d’Eran, eraus… an elo, cette situation est le fruit d’une «politique de la peur», qui laisse miroiter un sentiment d’urgence : «On joue sur l’insécurité et cela se traduit par des mesures toujours plus répressives», fait état Grégory Fonseca.
De plus, ce terreau n’est pas favorable à la tenue d’une discussion sur un recours plus systématique à des peines alternatives, à l’instar du bracelet électronique. Pour donner quelques chiffres, depuis la mise en œuvre de cet outil, en janvier 2017, le maximum de personnes l’ayant porté simultanément était de 29.
Une sous-utilisation alarmante pour les associations : «Il faut davantage miser sur ces mesures de réinsertion sociale. Que ça soit par le logement ou une formation qualifiante, qui ouvre par la suite au marché de l’emploi», conclut le porte-parole d’Eran, eraus… an elo.
Dans la mesure où la criminalité de toute nature augmente aussi au Luxembourg, sans doute sous l’influence nocive de notre voisin du sud, il est débile de vouloir refuser la construction d’une nouvelle prison.