Voir un député en exercice être cité en justice n’est pas anodin. Lors de la législature en cours, ils sont même deux à s’être retrouvés devant les juges. À l’automne 2021, Félix Eischen était sous la menace d’une peine de prison de 6 mois avec sursis dans l’affaire CSV Frëndeskrees.
Le procès portait notamment sur des faits d’escroquerie et usage de faux. Un an plus tard, ce fut au tour de Roy Reding de se retrouver sur le banc des prévenus. Contrairement à son collègue chrétien-social, l’élu de l’ADR n’a pas été acquitté. La semaine dernière, il a été condamné à un an de prison avec sursis dans une affaire immobilière.
Blanchi par la justice, Félix Eischen n’a pas jugé utile de quitter son siège de député. Le fait que son parti lui ait planté un couteau dans le dos aurait pu ou même dû l’inciter à plier bagage.
La situation est bien plus délicate pour Roy Reding. Son parti a raison de mettre en avant le fait que son élu a interjeté appel du jugement en première instance et que, par conséquent, la présomption d’innocence prévaut toujours. Mais cet argument est-il légitime ?
En tout cas, il est également trop simpliste de faire une différence entre la personne privée Roy Reding, condamnée, et le député Roy Reding, pour lui maintenir la confiance.
Le fait que la Chambre prévoit qu’un député peut être condamné pour un simple délit et continuer d’exercer ses fonctions –au contraire d’une condamnation pour un crime – n’y change pas grand-chose.
Mais encore une fois, l’argumentation purement formelle ne permet pas de passer outre l’obligation morale. Le seul intérêt de ne pas nuire à la crédibilité des mandataires politiques devrait être largement suffisant pour inciter un honorable député à démissionner.
On se souvient aussi des partis de l’opposition réclamant en bloc la démission de la ministre Corinne Cahen, jugée responsable de la multiplication des décès dans les maisons de soins et de repos lors de la pandémie de covid.
Elle aussi aurait eu tout intérêt à se mettre en retrait, au moins pour des raisons de crédibilité. Mais réclamer une démission politique sans assumer les conséquences d’une condamnation en justice ressemble à du deux poids, deux mesures.