Differdange a égalisé sur son seul tir cadré. Décidément, la Jeunesse ne sait plus gagner contre les grands.
Differdange, lui non plus, n’a pas forcément à s’enthousiasmer de ce point. Il avait l’opportunité de revenir à deux points du podium. Il reste modeste 7e de Division nationale, avant de jouer Hamm puis le Progrès.
Pour la Vieille Dame, il y a eu un effet Carlo Weis en début de saison. Il va désormais y avoir un effet Grégory Molnar. Sous l’impulsion de son attaquant, qui a enfin lancé sa saison, hier soir, après que blessure et suspension lui ont pourri tout le mois d’août et une bonne partie de celui de septembre, on a vu la Jeunesse tel que le cerveau de son entraîneur la concevait dès le départ : solide derrière avec une paire Menessou-Zydko tonitruante à la récupération (ça, on l’avait déjà vu), opportuniste devant (ça, on l’attendait encore).
Qu’a Molnar de si extraordinaire? Des petits détails. Une présence déjà. Un jeu de tête sidérant pour sa taille. Du vice pour traîner toujours à l’endroit le plus stressant pour les défenseurs. Un volume de jeu exceptionnel pour ce championnat.
Bon, ce n’est pas le messie, mais c’est déjà bien plus que Momar N’Diaye, Ashot Sardarian et Andrea Deidda, qui l’ont remplacé au poste et possèdent d’admirables qualités mais pas toutes celles-là réunies en un seul garçon. Avec un point d’ancrage comme ça, le plan de jeu est tout tracé et le projet echois retrouve un peu du souffle qu’il a perdu au fil de résultats contraires face aux grosses cylindrées. Illustration en première période avec huit tirs pour la Jeunesse contre… Zéro côté differdangeois.
Er Rafik poursuit sur sa lancée
Molnar a commencé comme dans un rêve en chipant un ballon à un Martin bien maladroit pour s’en aller seul au but. Accroché par un Siebenaler en position de dernier défenseur (ce qui prouve que M. Pires est déjà bien en avance sur les règles en matière de double peine et ce n’est pas plus mal pour le jeu, mais pas forcément raccord avec le fil de ce match qui aurait pu déjà être plié après 120 secondes si « Siebi » s’était retrouvé expulsé), l’ancien Virtonais laisse le soin de convertir le penalty à N’Diaye (1-0, 2e). Son moment de gloire personnelle, il aurait pu (ou dû) le connaître à la 26e, sur une ouverture au poil de Corral. Mais il perd son duel face à Weber à l’entrée de la surface.
C’est là qu’on se doit, intellectuellement parlant, de cesser d’en faire des caisses sur Molnar. Si probant qu’ait été son retour à la compétition, la réalité a fini par rattraper la Vieille Dame par l’élastique du slip et l’attaquant français n’a rien pu faire, en deuxième période, pour contrarier le cours de l’histoire des deux dernières saisons. La Jeunesse ne sait plus battre un grand ou plutôt elle n’y arrive plus. Il faut remonter au début du printemps 2014 pour trouver trace d’un succès sur l’un des Européens de cet été. Elle n’a plus battu Differdange et le Progrès depuis trois rencontres en DN. Pour le Fola et le F91, cela monte à six matches de rang. Dix-sept mois d’attente, qui monteront plus de 22 mois une fois que la trêve hivernale sera passée. Mais d’ici là, aura-t-elle peut-être trouvé la clé…
Pour le classement, ce n’est pas bien grave : la Jeunesse va désormais affronter les «petits» de ce championnat et on va avoir le loisir de voir ce qu’elle vaut en étant favorite.
En attendant, c’est plus gênant parce que la deuxième période a prouvé que quand Differdange a accéléré, tout s’est compliqué trop vite. Il a suffi qu’Er Rafik parvienne à s’intercaler – entre Delgado et Vitali – pour décroiser une belle tête sur un centre de Jänisch (1-1, 54e). Ce renard d’Er Rafik touchera encore l’équerre de la tête sur corner (82e) pour laisser d’énormes regrets au FCD03, qui n’en finit plus de lâcher en cours de route des points qui vont peser dans le décompte final. Si la Jeunesse prend pleine poire une réalité qu’elle connaissait déjà, lui piétine furieusement. Les trois promus sont devant lui, les trois costauds aussi. Prendre autant de retard, c’est dangereux. En deux semaines, il jouera Hamm et le Progrès avec le risque de se retrouver bien largué s’il n’assume pas un peu plus ses ambitions.
Julien Mollereau