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Tsipras change de dimension

Les électeurs grecs ont réaffirmé, dimanche, leur confiance en Alexis Tsipras, négociateur en chef de la restructuration de la dette hellène face à l’Europe de la rigueur.

Alexis Tsipras l’inflexible, devenu au fil de mois de torture par la troïka un bon élève de l’économie européenne. Si bon élève qu’il n’a plus l’image du dangereux révolutionnaire capable de déstabiliser l’Occident, mais bien celle d’un homme d’État à même de discuter d’égal à égal, à quelques milliards d’euros près, avec les autres décideurs du Vieux Continent.

Les électeurs grecs lui ont accordé leurs votes, mais aussi confié une responsabilité : assumer le plan de réforme de leur économie. Il l’a signé. Il doit tenter cette réforme impossible, ce big bang économique que d’aucuns estiment nécessaire pour sauver le berceau de notre civilisation. Telle est la mission d’un Alexis Tsipras qui s’est policé au fil des mois, qui a su séduire les sceptiques à défaut de convaincre les convaincus. Car tout le paradoxe est là : élu comme révolté, il est réélu comme sage.

Le Tsipras se bonifierait-t-il dans le temps ? La question peut se poser. Tout comme on peut se demander s’il n’est pas un choix par défaut pour les Grecs. Lassés par leur classe politique qui les entraîne par le fond depuis des décennies, ils affirment, par ce vote, leur volonté de changement, quel qu’il soit. Et celui promis par Tsipras et la troïka est pour le moins violent, entre économies drastiques et spectaculaires hausses des taxes.

En quelques mois, Alexis Tsipras a changé et son pays avec lui. Pas suffisant pour redonner de l’espoir à un peuple déconfit, mais qui a trouvé dans ce nouveau Premier ministre le visage de la fermeté. Les autres se seraient peut-être couchés plus vite face à l’Europe. Il a résisté jusqu’au bout de ses forces, avant de céder. Suffisant pour s’installer durablement à la tête de son pays.

En rendant son tablier après avoir signé l’accord sur le mécanisme européen de stabilité, en août, Alexis Tsipras voulait se présenter à nouveau devant les urnes. Le référendum populaire organisé dimanche a dit oui au réformateur Tsipras.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)