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Sanem : «L’inauguration de la nouvelle prison ne doit pas se passer sans résistance»


Conçue pour être en régime semi-ouvert, la prison de Sanem peut accueillir jusqu’à 400 personnes. (Projection : cba architectes)

L’inauguration du centre pénitentiaire d’Uerschterhaff, prévu pour le 30 novembre, provoque déjà des remous. Quatre associations tiendront un piquet de protestation pour dénoncer ce «fantasme de répression».

Près de cinq ans après le début des travaux, le centre pénitentiaire d’Uerschterhaff, situé dans la commune de Sanem, est en passe d’accueillir ses premiers détenus préventifs. Avec une capacité de 400 personnes, la structure entend répondre aux problématiques qui plombent l’administration pénitentiaire depuis plusieurs mois.

En proie à une surpopulation carcérale, la prison de Schrassig a connu de nombreux heurts tout au long de l’année, exposant ainsi les dysfonctionnements liés à la prise en charge des détenus.

Si le centre pénitentiaire d’Uerschterhaff a opté pour un régime semi-ouvert, avec la possibilité de participer à des cours et des activités socio-éducatives, l’établissement s’attire tout de même les foudres de plusieurs associations, qui s’opposent à l’édification d’une nouvelle prison.

Un piquet de protestation le 30 novembre

Quatre d’entre elles se sont regroupées en un seul et même collectif pour dénoncer les conséquences de l’emprisonnement sur les individus, le maintien d’une forme de conservatisme du régime carcéral et le manque de dispositifs visant à la réinsertion sociale : «Le Luxembourg a encore le réflexe de cacher ce problème à l’abri des regards au lieu de le traiter profondément», fustigent Eran, Eraus an Elo, Richtung 22, RISE et Second Chance dans un communiqué de presse.

En signe de contestation, les associations organiseront donc un piquet de protestation le 30 novembre, où happenings, discours et représentations satiriques se dérouleront en parallèle de l’inauguration de l’établissement : «L’inauguration de la nouvelle prison ne doit pas se passer sans résistance», pose le collectif.

Briser «le cycle carcéral»

Si elles ne tiennent pas foncièrement les mêmes positions sur le sujet, les quatre associations tirent un bilan similaire sur la situation carcérale actuelle : «On avait fait une table ronde autour de l’abolition de la prison. Tout le monde n’était pas d’accord sur cette idée, mais nous pensons tous que ce système n’aide pas à faire une société plus juste et moins violente, ce qui est scientifiquement prouvé», détaille Gabrielle, membre du collectif artistique et satirique Richtung22.

Ce constat s’accompagne d’une analyse sociale et économique des conséquences de l’enfermement, tant pour les condamnés que pour les prévenus en attente d’un jugement : «Il y a un manquement social certain vis-à-vis de cette population. Quand les gens entrent en prison, il faut avoir une feuille de route, mais ça ne se pratique pas, relate Guy Peiffer, le président de Second Chance, dont les actions s’articulent autour de la dissuasion de récidiver et de l’aide à la réinsertion sociale. On écarte les gens pendant des années, sans travail ni logement. Ils se déshumanisent et méprisent les détenus et tentent de les réinsérer par la suite.»

Entre isolement et précarité, ces pratiques participent à la continuité d’un «cycle carcéral», qui pousse automatiquement à la récidive et dont seulement une minorité parvient à s’échapper.

À partir de ce postulat, les associations mettent en vue les aménagements de peine ou les alternatives à la peine carcérale : la prison semi-ouverte de «Givenich est à moitié vide alors que les peines alternatives semblent être politiquement voulues au regard de la loi.

Pourtant, elles demeurent sous-utilisées», déplore Grégory Fonseca, porte-parole de l’association Eran, Eraus an Elo, une plateforme d’assistance aux détenus, qui milite également pour des conditions d’incarcération décentes.

«Améliorer le rythme juridique»

Bien plus que de l’appréhension, le centre pénitentiaire d’Uerschterhaff, «fantasme de répression sur 10 hectares», polarise les inquiétudes quant au respect de l’État droit. Rappelons-le, le Luxembourg ne disposait pas d’un établissement dédié aux personnes en attente de leur procès avant la construction de Sanem.

Or le Grand-Duché affiche le taux le plus élevé d’incarcération de prévenus, qui sont parfois amenés à séjourner en prison durant de longs mois : «La détention préventive est utilisée comme une punition avant la punition. Selon les principes démocratiques, la liberté individuelle prévaut sur tout. Retenir enfermés les gens qui sont présumés innocents est contraire à l’État de droit et aux droits de l’Homme», explique Grégory Fonseca.

Sur le front de la justice, les quatre associations demandent donc l’instauration d’un délai au-delà duquel le prévenu doit être impérativement jugé. Une préconisation qui va de pair avec «une amélioration du rythme juridique», jugé bien trop «lent» par Richtung22 : «Trois ans en taule alors qu’on ne sait pas s’ils sont coupables ou pas, ce n’est pas normal», conclut Gabrielle.

2 plusieurs commentaires

  1. michel paparusso michel

    et ben la ils vont se lacher les lupins

  2. J’imagine que tous les opposants à cette nouvelle prison préfèrent laisser les délinquants et criminels en liberté pour qu’ils puissent continuer leurs exploits, pendant que les problèmes à Schrassig continuent de plus belle.