Leur projet semble un peu fou. Le Thionvillois Ghislain Auclair et son épouse Rose-Marie, biologistes de formation, développent des plantes bioluminescentes, des végétaux capables de produire leur propre lumière. Leur objectif ultime : éclairer les villes avec leur innovation respectueuse de l’environnement.
Remplacer les lampadaires par des… arbres. Si, au premier abord, l’idée peut paraître saugrenue, pour Ghislain Auclair, c’est du sérieux. Depuis 2018, ce natif de Thionville développe, avec sa compagne Rose-Marie, un projet de plantes bioluminescentes. Via leur start-up Woodlight, située à Strasbourg, ils essaient de concevoir des végétaux capables d’émettre leur propre lumière sans aucune autre source d’énergie.
Une innovation qui constituerait une alternative à l’éclairage public dans les communes. «C’est un projet écologique avant tout qui répondrait aux problèmes de surconsommation énergétique actuelle, réduirait l’impact carbone, protégerait la biodiversité nocturne et qui, en plus, amènerait davantage de verdure dans nos villes, avance le trentenaire, docteur en biologie tout comme son associée. Leur idée est née lors d’un voyage à New-York. «Là-bas, de jour comme de nuit, les éclairages sont omniprésents, la pollution lumineuse est partout et la verdure manque. Nous nous sommes rendu compte de cette problématique et nous avons voulu trouver une solution grâce à nos connaissances en biologie.»
Une innovation déclinable sur tous les végétaux
Les deux scientifiques se sont ainsi lancés «dans la culture de la lumière». Comment ? En empruntant les propriétés «qu’on trouve dans la nature comme celles de la luciole». «Attention, ce procédé n’a rien à voir avec la fluorescence qui renvoie, la nuit, la lumière captée le jour.» Les biologistes extraient deux molécules productrices de lumière, la luciférase et la luciférine qu’ils transfèrent aux cellules de plantes. Au final, n’importe quel spécimen pourra ainsi rayonner «avec une intensité proche de la bougie».
Selon Ghislain Auclair, la plante bioluminescente aura la même durée de vie qu’un végétal classique et ne nécessitera aucun entretien particulier. Pour éviter une diffusion anarchique dans le milieu naturel, celle-ci sera stérile et dépendante d’un terreau de croissance particulier.
Commercialisation en 2024
En phase de recherches et de tests, le couple espère obtenir son prototype fin 2023 et un début de commercialisation un an plus tard. « Dans un premier temps, nous créerons des plantes de 15 à 20 cm destinées à la décoration. Faire pousser un arbre ou des buissons pour l’éclairage urbain demande nettement plus de temps et de moyens ! » Justement, des moyens matériels et humains manquent pour mener à bien leur projet : 100 000 euros leur sont nécessaires. Pour cela, les entrepreneurs ouvrent, depuis le 15 novembre, une campagne de financement participative sur la plateforme Kriptown. Pour que leur innovation passe enfin de l’ombre à la lumière.
J. V.