L’Ukraine n’est de loin pas la seule région en crise. Le Luxembourg veut continuer à s’engager contre la pauvreté ou les famines. En 2023, plus de 500 millions d’euros seront débloqués.
Il avait évoqué, il y a pile un an, que le monde «entrevoit la lumière au bout du tunnel» après deux années de crise sanitaire. «Nous avions espéré que les revers subis dans la lutte contre la pauvreté, l’alimentation, l’éducation et la sécurité puissent être rapidement surmontés. Ce n’est malheureusement pas le cas. Depuis le 24 février dernier, le monde est tout autre», constate amèrement le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Franz Fayot.
Mardi après-midi, il a livré devant la Chambre des députés sa déclaration politique de coopération au développement. Ce rendez-vous annuel a été l’occasion pour le ministre socialiste de souligner que si «l’inacceptable guerre d’agression» contre l’Ukraine «a accentué les problèmes dans le monde», l’invasion russe «ne les a pas tous provoqués». «Pour citer David Beasley, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, nous nous trouvons dans une « tempête parfaite à l’intérieur même d’une tempête parfaite« , provoquées par le covid, les conflits géopolitiques et les chocs climatiques. Le monde brûle», développe Franz Fayot.
Le monde est engagé dans un cercle vicieux, qui débute par l’insécurité alimentaire, provoquée par le changement climatique, avec à la clé les sécheresses et inondations extrêmes. En découlerait l’insécurité et des conflits, qui amènent, en fin de compte, d’importants flux migratoires. «La question de la sécurité alimentaire joue, donc, un rôle primordial dans la lutte contre les famines et la pauvreté», fait remarquer le ministre en charge de la Coopération.
Loin de l’Ukraine, la liste des pays et régions en crise est très longue. «Rien qu’en Afghanistan, Éthiopie, Somalie, Soudan du Sud et Yémen, quelque 50 millions de personnes souffrent d’une famine aiguë. S’y ajoutent les 828 millions de personnes qui tous les soirs se couchent en ayant faim. Ce chiffre a triplé en trois ans», énumère Franz Fayot. D’autres pays en crise sont le Mali, le Niger, le Burkina Faso, Haïti, la Palestine, la Libye, la RD Congo ou encore le Myanmar. «Selon l’ONU, quelque 274 millions de personnes dans 63 pays nécessitent une aide humanitaire. Ces 274 millions de personnes fuient la guerre, la persécution, le changement climatique et les sécheresses. Elles n’ont aucune perspective», complète-t-il.
«Il est évident de continue à lutter»
Le Luxembourg débloque 20 millions d’euros supplémentaires pour lutter contre la faim dans le monde. Une enveloppe supplémentaire de 2,2 millions d’euros est attribuée à 19 ONG, actives dans les pays les plus touchés. Le budget global pour l’aide humanitaire va passer de 65 millions d’euros en 2022 à plus de 80 millions d’euros l’an prochain. «Malgré la guerre en Ukraine, nous ne voulons pas oublier cette souffrance humaine à travers la planète», insiste Franz Fayot.
Une nouvelle plateforme de coordination pour réagir aux crises et catastrophes naturelles survenues à l’étranger sera mise en place courant 2023. Il est aussi envisagé de lancer, avec le Programme alimentaire mondial, une nouvelle plateforme de coopération internationale pour améliorer la réponse humanitaire.
En dépit des répercussions de la guerre en Ukraine, le gouvernement ne va pas remettre en cause l’objectif d’investir tous les ans 1 % du Revenu national brut dans l’aide publique au développement (APD). «Nous allons dépasser cette année pour la première fois le seuil des 500 millions d’euros», annonce le ministre de la Coopération. Car, «la misère sur Terre ne diminue pas. Il est dès lors évident de continuer à tout faire pour lutter contre cette détresse».
Une aide humanitaire de
8 millions d’euros pour l’Ukraine
Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, avait annoncé, la semaine dernière, que le Luxembourg avait jusqu’à présent livré à l’Ukraine des armes et du matériel militaire pour un montant total de 72 millions d’euros. Mardi, le ministre en charge de la ministre de la Coopération, Franz Fayot, a dressé le point sur l’aide humanitaire que le Grand-Duché apporte à Kiev.
Depuis le début de l’agression russe, le 24 février, une enveloppe de plus de 4 millions d’euros en aide humanitaire a été mobilisée. S’y ajoutent des dons matériels, dont 700 000 tests covid, 50 tonnes d’équipements pour pompiers et des médicaments. Avec l’hiver qui approche, le gouvernement luxembourgeois a décidé de débloquer une aide supplémentaire de 4 millions d’euros.
Pour l’instant, les estimations chiffrent à 349 milliards de dollars le budget pour reconstruire l’Ukraine, une fois la guerre terminée.
Certes, il y a toujours autant de miséreux, mais la proportion d’iceux diminue.