À Strassen, Luc Hilger est le cinquième président de DN à limoger son staff. Il y avait trop de déceptions accumulées ces dernières semaines.
Lundi soir, Luc Hilger, président de Strassen, a décidé de se séparer de Christian Lutz et de son adjoint, François Papier. Certain qu’ils retrouveront très vite du boulot en Division nationale, mais aussi qu’il fallait absolument un déclic à cette équipe qu’il voit encore beaucoup plus haut d’ici à la fin de saison. Entretien avec un président qui affiche un petit moral mais qui refuse de voir son club, sensation de la saison passée, se mettre en danger. Il a confié un intérim à l’ancien coach de Hostert et Rosport, Carlos Teixeira, et cherche une solution pour le courant de la semaine internationale.
Le limogeage de Christian Lutz est-il juste lié à une absence de résultats ou le mal que vous avez détecté est-il plus profond?
Christian Lutz : Les deux. Les résultats ne sont pas là, il faut être clair. Il y a trois ou quatre semaines, j’avais dit qu’on ferait un bilan après Hostert et voilà, on y est : on sort d’un match catastrophique. Un gag. On prend un penalty en même temps qu’un rouge sur une action lors de laquelle l’arbitre a dû se croire en Allemagne, avec la VAR. On en rate un, on tape les poteaux… Et puis voilà, on ne marque plus depuis trois matches et avec cet effectif, c’est vraiment très décevant. Et on a l’impression que l’un ou l’autre joueur ne suivent plus. Ceux-là, j’aurais pu leur dire « voilà la porte, vous la prenez« , mais à partir du moment où tu laisses partir trois ou quatre joueurs et que tu n’as droit qu’à deux renforts en hiver…
Remercier un entraîneur, c’est rare pour l’UNA.
Très rare. Ce n’est vraiment pas usuel. C’est même exceptionnel : à moi, cela ne m’est arrivé qu’une fois, avec Patrick Grettnich mais on s’est séparés en très bons termes, après quatre ans. Il avait fini son boulot. Là, on se sépare au bout de 15 mois, alors qu’on avait d’autres ambitions…
Cela a dû vous coûter car vous aviez demandé à Lutz de vous rejoindre en étant certain qu’il pourrait devenir le « nouveau Toppmöller« .
Oui. Oui, c’est dur. Surtout parce que la saison passée, nous avions vécu de super moments. L’an dernier, après dix journées, je crois que nous étions premiers (NDLR : en fait, après 11 journées, la saison passée, Strassen comptait 25 pts, soit 15 de plus qu’aujourd’hui et pointait à la 2e place derrière le F91, 26 pts). Dix points, c’est insuffisant avec cet effectif mis en place par le staff et par moi. On a quand même mené un gros recrutement sans perdre vraiment de titulaire. Sur le papier, cette équipe est plus que valable et nous voilà barragistes?
On a l’équipe la plus chère que Strassen ait jamais eue!
Déçu par le recrutement?
S’est-on trompés sur quelques joueurs? Ça se peut. Parce qu’on ne peut pas culpabiliser les coachs pour tout. J’ai l’impression que certains se cherchent encore. On en a un qui est revenu de vacances en surpoids alors qu’on le prévoyait titulaire… Si je regarde le volet financier, on a là une équipe qui est la plus chère que Strassen ait jamais eue! Alors, il faut être clair et net : quand j’investis de l’argent, je m’attends à un retour sur investissement. Enfin, c’est la logique des grands clubs : ils mettent des millions sur un attaquant et d’office, lui, il va leur marquer des buts. C’est plus complexe que ça à notre échelle. Là, contre le Fola, Käerjeng, Rosport, la Jeunesse… ce n’était vraiment pas bon. Il fallait un déclic, même si cela ne remet pas du tout en cause le travail de Christian Lutz et de François Papier, qui sont deux grands coachs. Si bons qu’à mon avis, ils auront de nouveau du travail dès le début d’année prochaine.
En attendant, il vous faut trouver un successeur. Quel sera le job? Vu l’écart entre les clubs, derrière le duo Swift/F91, espérez-vous encore faire un retour en force sur la première moitié de tableau?
Effectivement, dans ce championnat, on peut gagner contre tout le monde, mais on peut aussi perdre contre tout le monde. Donc ma seule attente, c’est que le nouveau staff nous apporte de la tranquillité et de la stabilité. Strassen, ce n’est pas que la première équipe, c’est aussi de très très bons jeunes qui ont besoin de calme pour arriver en BGL Ligue et commencer à grandir dans la lignée de ce que fait un Cédric Baiverlin. C’est pour ça que je ne veux surtout pas me retrouver à jouer un match de barrage! Vous dites que le podium n’est finalement pas si loin? Moi, je suis peut-être d’un naturel optimiste mais je vois que les places de relégables sont encore plus proches. D’ailleurs, dimanche, après la défaite à Hostert, j’ai dit aux joueurs, très clairement, de regarder le classement avant d’aller se coucher et que j’espérais qu’ils dorment bien! Mais le prochain coach, qui devrait arriver en début de semaine prochaine, n’aura pas d’obligation. Tout simplement parce que je ne fais pas de budget en comptant qu’éventuellement, on sera européens, comme d’autres font en DN.
J’ai dit aux joueurs que j’espère qu’ils dorment bien
Sportivement, il va quand même vous falloir un retour du Nicolas Perez buteur compulsif, pour y arriver?
Tout le monde parle de ça, du fait qu’il ne marque pas. Mais peut-être qu’il n’est pas bien servi? Peut-être que le bloc est trop bas? Mais ce n’est pas que Perez… Moi, mon seul souci, c’est de prendre des points avant l’hiver et de bien négocier la trêve. Si on évite le barrage, ce sera déjà une bonne saison. La dernière, c’était une TRÈS bonne saison.
Vous dites que « ce n’est pas que Perez« ?
Par exemple, personne ne s’en est douté mais j’avais prévenu : le départ de Ramiro Valente n’a pas seulement laissé un vide sur le terrain – parce qu’en deuxième partie de saison, il a couru énormément de kilomètres et beaucoup fait de différences dans l’ombre de Perez – mais aussi dans le vestiaire. Et à Strassen, le vestiaire, ça a toujours été important. Et on a quand même eu beaucoup de blessés, dont Rouffignac, qui lui aussi était un de ceux qui faisait les kilomètres…