La réflexion est lancée : à quoi va ressembler le Grand-Duché en 2050? L’organisme «Luxembourg Stratégie» livre les premières réponses. L’avenir devra s’écrire entre deux extrêmes : le plafond environnemental et le plancher social. L’espace sûr et juste permettant à l’humanité de prospérer doit satisfaire à la fois les besoins en énergie, santé, nourriture, éducation, revenu et équité sociale, sans dépasser les seuils naturels critiques.
L’équation à résoudre est compliquée. Elle l’est encore plus pour le Luxembourg, petit en surface, mais très gourmand en ressources. De plus, le Grand-Duché dépend depuis des décennies d’une très forte croissance démographique et économique. Rien que le financement du système de sécurité sociale nécessite une hausse annuelle du PIB située entre 3 et 4 %. Les crises sanitaire et énergétique commencent à démontrer les limites du modèle luxembourgeois. Une tendance au déficit s’installe à l’échelle de l’assurance maladie (-55,1 millions d’euros pour 2022) alors que les réserves fondent. Les pensions seraient garanties jusqu’en 2041, moment où le déséquilibre financier va s’installer. Sans réformes, l’épuisement des réserves est pronostiqué pour 2047. En parallèle, la dette publique risque d’augmenter à 29,5 % du PIB fin 2026.
Partant de ce constat, il est à saluer que le gouvernement s’attèle à préparer l’avenir à long terme du pays. Au début des années 2000, l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker dressait la perspective d’un Luxembourg à 700 000 habitants en 2050. Il n’a pas été pris au sérieux. Or le Grand-Duché compte, avec 28 ans d’avance, déjà quelque 646 000 habitants. «Luxembourg Stratégie» mise pour 2050 sur une fourchette située entre 770 000 et 1,2 million d’habitants.
Le franchissement de la barre du million d’habitants semble inéluctable. Il serait irresponsable de balayer ce chiffre du revers de la main. Car les scénarios présentés voient non seulement le Luxembourg, mais l’Europe entière, ne pas accomplir ses objectifs climatiques. On retouche ici à l’équation de base. Continuer à croître sans cesse alors qu’en même temps la Terre devient inhabitable est délirant. Une bonne fois pour toutes, la croissance aveugle, chère au Luxembourg, doit être remise en question.
Quand le Grand Duché construit sa croissance avec la moitié de sa population active faite de frontaliers et les trois quart formés à l’étranger, quand il impose à ses voisins de supporter les coûts du chômage et les coûts de la perte d’autonomie, quand il laisse les communes frontalières supporter seules les charges de résidence de ses frontaliers tout en encaissant égoïstement les richesses produites par leur travail…..quelle valeur accorder au premières réponses de « Luxembourg stratégie » qui ignore toujours et encore les impacts de la métropolisation de Luxembourg sur les territoires frontaliers voisins?