Selon Greenpeace et le Méco, le gouvernement luxembourgeois doit faire preuve de cohérence dans sa position antinucléaire, en refusant les allègements fiscaux pour les fonds d’investissement respectant les critères de la taxonomie européenne, qui comprend le gaz et le nucléaire.
Le Mouvement écologiste et Greenpeace ont décidé, pour le bien de leur cause, de s’attaquer à une disposition fiscale récente régissant les investissements dans la Place financière.
Le 6 juillet dernier, le Parlement européen a approuvé la proposition de la Commission européenne et a classé les investissements dans le gaz et dans l’énergie nucléaire comme étant des investissements durables, dans le respect de la taxonomie européenne.
Rappelons que cette taxonomie est une classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement, qui a pour objectif d’encourager l’orientation des investissements vers des activités dites vertes.
Or, selon Greenpeace et le Mouvement écologique, qui ont publié mercredi une lettre ouverte adressée au Premier ministre à ce sujet, ni le nucléaire ni le gaz ne sont écologiques ou neutres pour le climat. Les deux organisations écologistes ne mâchent pas leurs mots : la taxonomie de l’UE «renforce encore l’apparence d’être un pur greenwashing d’investissements de tout genre».
Un avantage fiscal échelonné
Les auteurs de la lettre reconnaissent au gouvernement luxembourgeois le mérite de s’être opposé à l’assimilation du nucléaire et du gaz à des énergies vertueuses et même d’avoir annoncé qu’il allait porter plainte, accompagné dans cette démarche par l’Autriche.
Cependant, affirment les deux organisations écologistes, le gouvernement doit maintenant exprimer clairement cette position dans d’autres domaines, notamment la fiscalité portant sur les fonds d’investissement.
Depuis 2021, les fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg qui investissent tout ou partie de leur capital suivant les critères de la taxonomie européenne bénéficient d’un avantage fiscal échelonné dont le montant dépend de la part des investissements conformes à la taxonomie dans le portefeuille total.
Or, d’après les auteurs de la lettre ouverte, l’intégration du gaz et du nucléaire dans la taxonomie de l’UE change la donne : le maintien de cet avantage fiscal serait «un non-sens du point de vue politique».
Dans leur lettre ouverte, le Mouvement écologique et Greenpeace invitent donc le gouvernement à ne pas prolonger ledit avantage fiscal au-delà de 2022 et à explorer plutôt toutes les possibilités pour ne favoriser que les investissements réellement durables, sans nucléaire et sans gaz.