Plusieurs responsables allemands ont appelé dimanche, au lendemain d’un sabotage ferroviaire de grande ampleur, à renforcer la protection des grandes infrastructures nationales dans le contexte de la guerre en Ukraine, et évoqué la possibilité d’une responsabilité russe.
« Nous ne pouvons exclure que la Russie soit également derrière l’attaque contre la compagnie ferroviaire », a déclaré un responsable du parti écologiste allemand, membre de la coalition gouvernementale, Anton Hofreiter, en estimant que les récentes fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique portaient déjà « la trace du Kremlin ».
« Peut-être que dans les deux cas, il s’est agi d’avertissements car nous soutenons l’Ukraine », a ajouté le président de la commission de la Chambre des députés pour les affaires européennes, dans une interview au groupe de presse Funke. Il a appelé à débloquer 20 milliards d’euros pour mieux protéger les infrastructures critiques, renforcer la police et la sécurité informatique.
La police allemande n’a jusqu’ici mentionné aucune piste particulière après le « sabotage » la veille de câbles de liaison radio en deux endroits qui a entraîné l’interruption du trafic ferroviaire dans le nord de l’Allemagne pendant près de trois heures.
Mais le gouvernement a rapidement dénoncé un sabotage. « Il est clair qu’il s’agit d’une action ciblée et délibérée », a dit le ministre des Transports, Volker Wissing.
Guerres hybrides
Un haut responsable de l’armée allemande a également lancé une mise en garde ce dimanche. « Chaque transformateur électrique, chaque centrale électrique, chaque tuyau de transport d’énergie constitue une cible potentielle », a averti le général Carsten Breuer dans le quotidien Bild, en parlant de « menaces hybrides » croissantes.
L’opposition conservatrice a aussi jugé qu’«indépendamment de ce cas, nous devons repenser l’architecture de sécurité de l’Allemagne et de l’Union européenne».
« L’époque moderne marquée par la conduite de guerres hybrides exige que nous adaptions nos concepts », a dit un responsable du parti de l’ex-chancelière Angela Merkel, Thorsten Frei, au groupe de presse RND.
Selon les médias allemands, les enquêteurs allemands sont persuadés que le sabotage ferroviaire samedi a été l’œuvre de professionnels qui disposaient d’informations internes à la compagnie nationale des chemins de fers.
Selon Der Spiegel, c’est la section de la police berlinoise chargée d’enquêter sur les actes menaçant l’État, tels que des attentats ou des affaires d’espionnage, qui s’est saisie des investigations.