L’OCDE accorde au gouvernement une note globalement positive pour sa gestion de l’impact sanitaire et socioéconomique du Covid-19. Il prescrit toutefois des adaptations pour mieux parer à une future crise.
Confinement, couvre-feu, fermeture des commerces non essentiels, rassemblements limités et même le port du masque. Toutes ces restrictions sanitaires semblent très loin en cet automne 2022, deux ans et demi après la détection du tout premier cas de covid au Luxembourg. «J’ai ressorti, non sans émotion, mes carnets de notes personnelles pour me replonger dans l’atmosphère de l’époque», affirme Paulette Lenert.
Mercredi matin, la ministre de la Santé a retrouvé le Premier ministre, Xavier Bettel. Non pas pour annoncer de nouvelles mesures anticovid, mais pour «clôturer une période difficile». En dépit du fait que les chiffres des infections et des hospitalisations repartent à la hausse, le gouvernement se lance dans l’analyse de la gestion de la pandémie de coronavirus. Cet examen s’opère avec le soutien de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), institution indépendante réunissant 38 pays sous son toit. Le rapport intitulé Évaluation des réponses au Covid-19 du Luxembourg est désormais disponible.
«Des opportunités d’amélioration»
L’OCDE délivre une note satisfaisante au Luxembourg pour la gestion de la crise sanitaire dans sa globalité. «Face au défi sans précédent qu’a constitué le Covid-19, le Luxembourg a rapidement mis en œuvre une réponse efficace et agile pour protéger les revenus et la vie des citoyens», atteste Mathias Cormann, le secrétaire général de l’OCDE. Ce dernier s’adressait par visioconférence à l’assemblée réunie pour la présentation du rapport d’évaluation.
Malgré certaines carences, le Grand-Duché a pu s’appuyer sur plusieurs atouts – finances publiques saines, faible niveau de dette publique et confiance élevée dans les institutions – pour aborder la pandémie. «Cela a donné au Luxembourg la marge de manœuvre nécessaire pour soutenir l’économie, mais aussi investir dans la santé et l’éducation», souligne Mathias Cormann.
Parmi les bonnes notes attribuées par l’OCDE figurent la stratégie de dépistage à grande échelle du virus, les importants moyens de maintien dans l’emploi (chômage partiel), la continuité pédagogique – avec des écoles fermées seulement 48 jours dans le fondamental et 34 jours dans le secondaire – et, aussi, la continuité démocratique, grâce à l’implication de la Chambre des députés dans l’adoption de lois de gestion de crise.
«Néanmoins, reprend le secrétaire général de l’OCDE, il existe des opportunités d’amélioration pour être encore davantage préparé aux futures crises.» Les axes de travail englobent l’accompagnement scientifique, le système de santé, la communication, l’implication des citoyens, l’éducation et la sécurité sociale. Cela n’empêche pas que le terme «remarquable» est tombé à maintes reprises, mercredi.
Bettel admet des «erreurs»
«Le travail d’introspection et les suggestions qui ont été dégagées doivent nous permettre d’apprendre afin d’être mieux préparés à affronter une prochaine crise majeure», souligne dans une première réaction le Premier ministre, Xavier Bettel. «Je suis convaincu que si nous apprenons de nos erreurs, nous serons plus forts pour la suite», ajoute le chef du gouvernement. La ministre de la Santé évoque un «exercice valorisant et très utile». «Nous ne disposons pas de la distance nécessaire. Nous sommes encore trop dans l’émotion et dans le feu de l’action pour faire une telle évaluation», admet Paulette Lenert.
Il est à souligner que l’OCDE ne s’est pas penchée sur l’impact sanitaire qu’ont eu les différentes restrictions décidées pour freiner la propagation du coronavirus. L’évaluation ne livre donc pas de réponses sur l’efficacité du couvre-feu ou de la fermeture des cafés et restaurants. «Nous sommes néanmoins en contact avec l’Organisation mondiale de la santé. Une évaluation sanitaire constituera la prochaine étape», met en perspective Paulette Lenert.
En attendant, les plus de 260 pages du rapport seront analysés par le gouvernement et la Chambre des députés, aussi pour définir quelles recommandations vont être retenues pour rendre le pays plus résilient face aux crises sanitaires d’envergure.
Une réaction en un temps record, malgré des carences de préparation
Le 29 février 2020, le Luxembourg enregistre la toute première infection au coronavirus sur son territoire. Dès le lendemain, la cellule de crise interministérielle est activée. «Il s’agit de la réaction la plus précoce parmi les pays membres de l’OCDE», souligne Elsa Pilichowski. Du 24 janvier au 28 février 2020 avait eu lieu la phase de préparation interministérielle pour préparer le pays à faire face au coronavirus.
Cette réaction en un temps record a permis de remédier à une série de «carences en matière de préparation au risque pandémique». Le rapport d’évaluation de l’OCDE révèle ainsi que le Luxembourg n’avait pas connaissance de l’état des stocks d’équipements de protection individuelle. Un système d’information pour assurer le pilotage de la crise faisait aussi défaut.
Les maisons de soins encore ciblées
Le taux de mortalité dans les structures est presque deux fois plus élevé que dans la moyenne des pays de l’OCDE.
La ministre de la Famille, Corinne Cahen, a été lourdement fustigée par l’opposition parlementaire pour sa gestion de la pandémie de covid dans les maisons de soins et de repos. À deux reprises, sa démission a été revendiquée, en vain. Le rapport de l’OCDE sur la gestion de la pandémie au Luxembourg amène une mauvaise nouvelle de plus pour la ministre libérale.
Si le Luxembourg affiche une des surmortalités liées au covid figurant parmi les plus faibles (plus de 60 % inférieure à la moyenne), les chiffres sont tout autres dans les structures pour personnes âgées. Le constat est sans appel : «Le taux de mortalité au sein des populations âgées de 80 ans et plus résidant dans les structures de soins de longue durée est presque deux fois plus élevé que dans la moyenne des pays de l’OCDE.»
Un chiffre qui est à relativiser
Francesca Colombo, cheffe de division de l’OCDE en charge de la Santé, relativise un peu ce bilan. «Dans tous les pays de l’OCDE, les structures de soins de longue durée étaient très touchées par le covid. Elles n’ont pas vraiment été prioritaires en début de pandémie. L’accent a beaucoup été mis sur les hôpitaux», avance-t-elle. Que ce soit pour le Luxembourg ou les autres pays, il serait urgent de doter les structures de plus de personnel, mieux formé, et de penser à un changement de statut des maisons, pour passer d’établissement social à un établissement de santé.
Il existe d’autres éléments qui relativisent la surmortalité dans les structures luxembourgeoises. «Il faut (…) souligner que l’organisation du système de soins de longue durée au Luxembourg favorise le maintien à domicile de manière à ce que seules les personnes âgées et fortement dépendantes à comorbidités multiples se trouvent dans des institutions. Les populations des structures (…) sont donc en moyenne plus vulnérables que dans les autres pays de l’OCDE», précise le rapport.
Lisez d’abord le livre de Laurent Taubiana avant de félicier qui que ce soit.
En réalité, tous les gouvernements du monde, sans exception, sauf en Afrique, ont eu des politiques catastrophiques et sont respponsables de dizaines de milliers de morts.