Réunis à Metz-Expos ce samedi, les maires de Moselle ont beaucoup évoqué l’augmentation du coût de l’énergie, qui étrangle leurs communes. Mais c’est la problématique de l’accueil des gens du voyage qui est venue électriser ce congrès.
On pensait que l’augmentation du coût des énergies serait au centre du congrès des maires de Moselle, tenu ce samedi matin à Metz-Expo. Le sujet l’a évidemment été, notamment autour de l’intervention de Stéphane Kilbertus, directeur général de l’UEM. Mais c’est une autre problématique, celle des gens du voyage, dont les installations sauvages se multiplient dans le département, qui a fait l’objet d’échanges musclés avec Laurent Touvet, préfet de Moselle. «Peut-on encore avoir confiance en l’État sur ce sujet ?», s’est interrogé Thierry Hory, maire de Marly, qui a mis le débat sur la table. S’en sont ensuivi plusieurs témoignages d’élus exaspérés. «Je vais venir planter ma tente devant la préfecture. On va voir combien de temps je vais rester», a lancé l’un d’eux.
Débarquement surprise de 200 caravanes des gens du voyage sur le site du musée de la mine à Petite-Rosselle près de Forbach ce dimanche soir #Moselle @PoliceNat57 @Prefet57 https://t.co/TFUxM2O4OU pic.twitter.com/yd0kK1sZW4
— Le Républicain Lorrain Forbach (@LeRL_Forbach) July 18, 2021
Une fronde qui a obligé le préfet à une mise au point : «Les intercommunalités sont chargées par la loi de créer des aires, les gens du voyage de s’y installer et les maires de prendre des arrêtés d’interdiction contre les installations sauvages. L’État est là pour faire respecter la loi et nous avons embauché avec le Département un médiateur. En 2022, nous avons procédé à 22 mises en demeure et 37 recours à la force publique ont été ordonnés.»
«Aménageons-leur des aires»
Il a ensuite précisé le cadre : «Si l’intercommunalité est en règle sur ses aires d’accueil, l’État peut procéder à une mise en demeure et à l’évacuation. En revanche, si elle n’est pas encore à jour, c’est au juge de prononcer un ordre d’expulsion et le propriétaire peut alors demander à la préfecture le concours des forces publiques. C’est le cas de Metz Métropole qui sera en règle en novembre», lâche le préfet, suscitant l’ire de François Henrion, maire d’Augny : «Il ne nous manque que huit places sur 200 !» Le débat est alors encore monté d’un ton. «Les gens du voyage sont mille en Moselle. Ils sont là et ne partiront pas. Aménageons-leur des aires, même si je sais les efforts réalisés et que ceux-ci ne sont pas très vendeurs vis-à-vis de la population», a tapé du poing sur la table Laurent Touvet.
«C’est insoluble !»
À Thionville, le maire Pierre Cuny, qui présidait ce congrès en l’absence de François Grosdidier en convalescence, a recensé une douzaine d’installations sur des terrains de sport, nécessitant entre 100 000 et 150 000 euros de remise en état : «Notre population va se révolter un jour», prévient l’élu, estimant que c’est aux parlementaires de changer la loi.
Pour le sénateur PS Jean-Marc Todeschini, «ce problème, qui dure depuis 40 ans, est insoluble. Les associations de maires doivent nous faire remonter leurs propositions». Le député LR Fabien Di Filippo rappelle qu’en 2018, son groupe avait défendu un projet de loi pour alléger les procédures d’expulsion. Là où le député RN Laurent Jacobelli est resté sans surprise dans son registre de fermeté : «Tant que l’ordre sera donné aux forces de l’ordre de fermer les yeux, on n’arrivera à rien.» Pas sûr que le débat ait fait avancer la problématique.
Philippe Marque