Il aurait eu 80 ans en novembre: Jimi Hendrix, guitariste de légende qui mettait littéralement le feu à son instrument sur scène, embrase la BD avec deux ouvrages prévus en septembre et octobre.
L’Américain, disparu en 1970, membre du fameux « club des 27 » (stars décédées à cet âge, Janis Joplin, Jim Morrison, Kurt Cobain, Amy Winehouse etc.) est célébré dans « Jimi Hendrix en BD » (éditions Petit à Petit, sortie le 28 septembre).
Jimi Hendrix et la BD? « Non seulement il était fan de BD, mais il dessinait, certains de ses dessins sont même au Museum of Pop Culture à Seattle », ville natale d’Hendrix, raconte à l’AFP Yazid Manou, Français devenu une référence internationale pour l’histoire du gaucher surdoué.
Cet expert signe d’ailleurs les 42 pages de textes intercalés entre les planches de « Jimi Hendrix en BD ». Yazid Manou y propose un éclairage, parfois savoureux comme les subterfuges de Jimi Hendrix pour écourter son passage sous les drapeaux.
« Dès que je peux rétablir certaines vérités, je le fais, en prenant la parole lors de conférences, là il y a un écrit qui va rester », déroule le spécialiste. En ce qui concerne la mort de l’icône rock, entourée de rumeurs folles, Yazid Manou s’en tient aux faits: Jimi Hendrix fut retrouvé étouffé dans son vomi le 18 septembre 1970 dans un appartement à Londres, partagé avec sa compagne du moment. L’autopsie indique l’absence d’héroïne et conclut à une prise massive de somnifères.
Jeunesse chaotique
« Jimi Hendrix en BD » est grand-public, ludique et didactique. Une trentaine de dessinateurs se passe le relais pour illustrer les chapitres de la vie fulgurante de l’interprète de « Hey Joe » ou « Voodoo Child ». Yazid Manou est également remercié dans les crédits de « Kiss the sky » du tandem Jean-Michel Dupont/Mezzo, déjà responsable de « Love in vain » sur la vie de Robert Johnson, bluesman mythique. Cette BD s’adresse à un public plus mature, à même d’apprécier les références picturales et la présence d’un narrateur dont l’identité ne sera révélée qu’au volume 2.
« La BD, cette forme à la fois contraignante et libre, ça va très bien à Hendrix, il y a déjà eu des BD sur lui, mais là le niveau monte », commente auprès de l’AFP Olivier Nuc, auteur du livre « Jimi Hendrix » en 2003. « Hendrix, grand amateur des illustrés comme on disait à son époque, aurait adoré ça, la BD ça l’aurait fait marrer plus que les bios ultra-sérieuses », poursuit le journaliste.
« Jimi Hendrix en BD » et « Kiss the sky » (paroles de « Purple Haze ») reposent sur une trame chronologique qui permet d’ouvrir sur la jeunesse chaotique du futur musicien.
Versants sombres
« La jeunesse d’Hendrix ça raconte aussi beaucoup de choses: il est d’extraction indienne avec une grand-mère Cherokee et son père est noir, soit le descendant de deux des populations les plus opprimées dans l’histoire des USA, il incarne tout ce bouillonnement », dissèque Olivier Nuc.
La suite du parcours, avant la célébrité, est tout aussi passionnante, notamment la course aux petits cachets ou sa personnalité trop forte pour des groupes conformistes. Les versants sombres ne sont pas éludés, comme les parasites qui l’entourent sur la fin (dealers, prostituées) ou ses coups de sang avec certaines conquêtes. Ces ouvrages montrent aussi comment des contemporains ne s’en remirent jamais. Comme Eric Clapton. Ou Mike Bloomfield, pointure de la guitare, musicien de Bob Dylan, qui ne toucha plus à son instrument pendant un an après l’avoir vu jouer.
Où est Jimi Hendrix aujourd’hui? Partout, tatoué sur l’épaule de Flea, bassiste des Red Hot Chili Peppers, sur le T-shirt de la basketteuse américaine Brittney Griner, condamnée et incarcérée en Russie, en portrait dans les rues d’Essaouira au Maroc ou dans les pages du « Livre des soeurs » d’Amélie Nothomb. Un live d’avril 1969 au Los Angeles Forum s’ajoutera même à sa discographie le 18 novembre.