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Le numéro un de la bière, AB Inbev, veut racheter son concurrent


Au Luxembourg, AB Inbev possède la brasserie de Mousel-Diekirch et son portefeuille inclut les bières internationales comme Leffe, Hoegaarden, Beck's, Jupiler et Franziskaner. (photo archives LQ / Hervé Montaigu)

Le numéro un mondial de la bière Anheuser-Busch InBev (propriétaire de la brasserie de Diekirch au Grand-Duché) a approché son challenger SABMiller en vue d’un possible rachat, qui pourrait donner naissance à un mastodonte du secteur mariant la Stella Artois et la Pilsner Urquell.

L’annonce en a été faite mercredi matin par SABMiller qui a révélé dans un communiqué avoir été approché par AB InBev. Aucune proposition formelle n’a toutefois été faite à ce stade et le conseil d’administration de SABMiller n’a reçu aucun détail sur les termes d’une proposition, a précisé le groupe coté à Londres et Johannesburg. Il a ajouté que son conseil d’administration se pencherait sur une éventuelle proposition dès que celle-ci serait formulée et donnerait alors sa position.

AB InBev, un géant belgo-brésilien basé dans la ville belge de Louvain, a confirmé peu après avoir bel et bien approché SABMiller, prévenant lui aussi qu’il n’y avait « aucune certitude » sur le fait que cette tentative déboucherait « sur une offre ou un accord ».

AB InBev commercialise entre autres les marques de bière américaine Budweiser, mexicaine Corona et belge Stella Artois, tandis que SABMiller écoule notamment les marques tchèque Pilsner Urquell, italienne Peroni, américaine Miller et néerlandaise Grolsch. Ils sont respectivement les numéros un et deux du secteur, devant le néerlandais Heineken et le danois Carlsberg.

En vertu de la réglementation boursière britannique, AB InBev a désormais jusqu’au 14 octobre pour décider de faire une offre ferme ou non, un délai qui peut toutefois être étendu. Les actions des deux brasseurs ont bondi en Bourse après ces annonces. Avant les annonces de mercredi qui ont agité le marché, AB InBev représentait quelque 152 milliards d’euros de capitalisation boursière et sa cible, l’équivalent de 66,5 milliards. Le nouvel ensemble issu d’une éventuelle fusion pèserait la bagatelle de 218 milliards d’euros en Bourse.

Pression des bières artisanales

Leur éventuel rapprochement fait depuis longtemps l’objet de spéculations récurrentes sur les marchés, les analystes soulignant la logique de l’opération pour AB InBev, qui augmenterait ainsi ses volumes et a les moyens de racheter son concurrent. Mais c’est la première fois que les entreprises elles-mêmes officialisent des discussions. « Il semble que ce soit le bon moment pour l’opération » mais « il y a peu de détails donc pour l’instant il est difficile de spéculer sur les très nombreux impondérables », souligne Eamonn Ferry, analyste chez Exane BNP Paribas.

Parmi les inconnues figurent bien sûr le prix mais aussi les marques dont les deux géants devraient se débarrasser pour satisfaire les autorités de la concurrence. Ces manœuvres se font sous la pression des événements, alors que la consommation d’alcool décline et que les consommateurs se tournent de plus en plus vers les bières artisanales plus haut-de-gamme, en Occident notamment mais aussi dans une certaine mesure au sein des pays émergents.

« Au-delà de l’aspect financier, cette proposition de rachat géant ne répond pas aux questions posées par les changements de mode de consommation chez les jeunes générations », avertit Spiros Malandrakis, expert du marché de l’alcool chez Euromonitor International.

Parmi les raisons de l’intérêt des nouveaux consommateurs pour les bières artisanales, il cite « le goût, l’envie de se positionner différemment, une certaine méfiance vis-à-vis des grandes entreprises depuis la récession, la volonté de soutenir l’économie locale et de savoir d’où viennent les ingrédients de la bière ». Un brasseur artisanal est habituellement caractérisé par sa production à petite échelle et par le fait que 25% de son capital, au maximum, appartient à un grand groupe.

Les bières artisanales représentent entre 5 et 9% de la consommation et leurs ventes augmentent de plus de 10% par an dernièrement sur les marchés britannique et américain, considérés par les experts comme à l’avant-garde des évolutions du secteur. M. Malandrakis souligne toutefois que cette évolution pointe désormais aussi en Inde et en Chine.

 

AFP / S.A.

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