BOL D’OR Chris Leesch et son Team RAC41 Chromeburner ont décroché la victoire en SST, hier sur le mythique circuit du Castellet. Une grande première pour le motard luxembourgeois.
Vous décrochez votre toute première victoire en championnat du monde. Qu’est-ce que ça fait?
Chris Leesch : Forcément, c’est beaucoup, beaucoup d’émotions. Et il y en aura les prochains jours quand on réalisera vraiment qu’on vient de gagner un des plus grands événements, une des plus grandes courses dans le monde de la moto. Pour le moment, c’est dur de réaliser.
Cette saison, vous aviez joué de malchance alors que, de vos propres dires, vous pouviez vous battre avec les meilleurs. Cette fois, tout s’est bien passé?
En effet. Sur cette course, on a vu beaucoup de motos officielles abandonner, ce qui n’a de toute façon pas eu d’impact direct nous concernant. De notre côté, tout s’est à peu près bien déroulé. Il y a seulement eu un arrêt aux stands où on a perdu une dizaine de minutes à cause d’une ligne d’échappement cassée, mais l’équipe a très bien bossé. Et de toute façon, sur une course de 24 h, il y a toujours un moment où tu concèdes une petite perte de temps et pour nous c’était juste ça. Sinon, tout s’est passé presque parfaitement. Pour une fois, les éléments étaient de notre côté.
Une première place remportée de haute lutte?
Toute la course, c’était vraiment hyper serré. Pendant les douze premières heures, je crois que toutes les motos principales de la catégorie Stock étaient dans le même tour. Et à la fin, il y avait encore la 24 et nous. On a bataillé jusqu’à la dernière heure. Quand je donne le dernier relais à Jonathan Hardt, je crois qu’on avait seulement 35 secondes d’avance. On ne pouvait pas se relâcher. Et on était contents d’avoir une moto qui nous permettait d’attaquer même à la fin.
C’est vous qui avez eu l’honneur de prendre le départ. C’est toujours une émotion particulière?
Oui, c’est toujours un moment spécial. Toute la foule est réunie dans les tribunes. On entend La Marseillaise juste avant le départ. Et ensuite, il y a un grand calme avant que les 45 motos s’élancent sur le circuit. C’est toujours un beau moment. Quelque chose qui n’existe qu’en endurance et, personnellement, j’adore! Maintenant, il faut rester vigilant, mais tout s’est bien passé.
Celle-là, c’est la plus belle!
Qu’est-ce qui est plus fort? Votre premier podium ici même en 2017 ou ce premier succès?
Je dirais que celle-là, c’est la plus belle! Cela fait maintenant un an et demi que je fais partie de cette équipe. Qu’on a travaillé ensemble à la reconstruction, qu’on a tout réinventé. Et atteindre cette victoire et voir que le travail finit par payer, c’est quelque chose de très spécial.
Vous aviez expliqué que le vent jouerait un rôle. Ça a été le cas?
Ça a été assez compliqué avec le mistral au départ. Les huit premières heures ont été marquées par le vent, ce n’était pas facile à gérer. Heureusement, ça s’est calmé pendant la nuit et ce matin, même si le vent avait repris, c’était plus gérable.
Une fois que vous prenez la tête de la course, est-ce que vous levez un peu le pied, histoire de ne pas risquer la casse?
Non. On était obligé d’être en pleine attaque. Je crois que quand on passe en tête, on est encore 4 équipes dans le même tour. On peut jouer défensif si on a une petite avance, mais là ce n’était pas du tout le cas. Donc, il fallait attaquer tout le temps.
Vous n’avez pas eu trop de mal à gérer les 24 h de course sur le plan physique?
C’est toujours un challenge, surtout qu’à partir du début de la nuit, on a tourné à seulement deux pilotes. Donc le kiné, le fait de devoir manger, de bien s’hydrater et de trouver le temps de se reposer, ce n’est pas évident. Surtout qu’il ne faut pas se réveiller cinq minutes seulement avant de remonter sur la machine. Personnellement, j’ai connu un temps plus faible vers minuit. Après, j’ai fait moins de kiné, j’ai plus dormi et ça m’a permis de me remettre en forme et de bien terminer la course.
Cette victoire, ça peut vous ouvrir des portes?
Tout est sur la table. Forcément, avoir une victoire, c’est toujours un plus. Maintenant, les discussions ont été entamées avant le Bol d’or et on verra bien où cela nous mène. De toute façon, rien ne sera décidé avant le mois d’octobre.
À priori, vous êtes le premier Luxembourgeois vainqueur d’une telle course. Qu’est-ce que cela fait?
Je n’y ai pas encore réfléchi. Mais c’est vrai qu’en tant que Luxembourgeois, on est toujours un peu un alien dans un paddock. Maintenant, cela fait longtemps que je suis dans le circuit et que je fais partie du monde de la moto en France comme en Espagne. Quand les gens m’entendent parler français, ils pensent que je suis français et quand je commence à parler d’autres langues, ils découvrent que je suis luxembourgeois. Ça aide à sortir un peu du lot.